RESISTANCE
Résistance est un mot magnifique car sa polysémie permet de l’approcher de multiples manières. on peut résister par les armes, mais aussi passivement , en pleine lumière ou dans l anonymat; Mais résister a tort ou a raison c:est exister. Il y a une grandeur tragique ou héroïque dans cette action mais on ne le sait qu’après .Résister c’est aussi tenir par monts et par vaux coûte que coûte. Mais dans nos sociétés occidentales la résistance est souvent une posture, ou un aveuglement. Alors pour remettre l église au centre du village j ai choisi, une fois n’est pas coutume , de présenter à partir de documents d’archives l ‘itinéraire singulier d’un membre de ma famille à travers ses engagements militants et sa capacité à résister.
Ni heroique, ni arbitraire cet ininéraire parmis bien d’autres rend compte de cet enchevetrement entre engagement politique, répression d’état, bureaucratie et barbarie.
Ce témoignage nous invite à suivre le parcours du militant Hilaire Sartorio, père de Georges Sartorio et oncle de ma Mère Yvette SARTORIO

Hilaire Sartorio naît le 2 janvier 1899, à Paris 19ème, de Victoire, Marie, Clotilde Morel, une blanchisseuse âgée de trente-sept ans et Emmanuel Sartorio, un fumiste de quatre ans son aîné. Selon les rapports de police, il occupe en 1940 un emploi de chaudronnier à la Compagnie du Gaz de Paris, usine des goudrons et dépôts de coke, au 15 rue de Cambrai, dans le 19e arrondissement. Il a fait la connaissance dans son entreprise de Corentin Cariou, militant syndicaliste et conseiller municipal communiste du 19e arrondissement, avec lequel il s’est lié d’amitié.
Le 6 décembre 1940, il est arrêté sur son lieu de travail par la police française, avec 8 autres militants et interné au Centre de Séjour Surveillé d’Aincourt. La liste des renseignements généraux informant le directeur du CSS d’Aincourt, sur les activités militantes des communistes arrêtés le 6 décembre 1940, le décrit comme « chaudronnier à la compagnie du gaz de Paris, ami intime de l’ex conseiller municipal Corentin Cariou. Meneur très actif. Principal animateur de la propagande communiste auprès du personnel de la société du gaz. Domicilié, 28 rue de Poitou au Vert-Galant (Seine-et-Oise). »
Roger Langeron, préfet de Police de Paris, décide l’arrestation d’Hilaire Sartorio et de ses camarades, au titre de la Loi du 3 septembre 1940, loi qui prolonge le décret du 18 novembre 1939, autorisant les préfets à décider l’assignation à résidence, dans un centre de séjour surveillé, des « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique. »
Domicilié au 28 rue de Poitou à Tremblay-lès-Gonesse, en Seine-et-Oise, Hilaire Sartorio ne relève pas de l’autorité du préfet de police de Paris, mais de celle du préfet de son département de résidence. Sans doute jaloux de ses prérogatives, celui-ci adresse, à son collègue de la Seine, une lettre datée du 14 février 1941. Il propose au préfet de police un subterfuge administratif plutôt ridicule qui restera sans effet. Évoquant le cas des pensionnaires du CSS d’Incourt domiciliés dans son département, il conteste leur arrestations entachée d’irrégularité : « il me paraît anormal qu’ils fassent l’objet d’arrêtés d’internement pris par vos soins, et c’est la raison pour laquelle je serais désireux de régulariser cette situation. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir prendre des arrêtés d’élargissement, qui resteraient théoriques, n’étant suivis d’aucun effet, et que je complèterais immédiatement à la même date par des arrêtés d’internement signés par moi-même. » Mesure, contre mesure et retour à la situation initiale, Gribouille aurait pu être le signataire de la lettre préfectorale du 14 février. .
Le 6 septembre 1941, Hilaire Sartorio est transféré au CSS de Rouillé, en compagnie de 149 internés d’Aincourt. Situé dans la Vienne, le camp d’internement de Rouillé a été ouvert le 6 septembre 1941, pour recevoir les 150 internés politiques de la région parisienne, syndicalistes ou membres du parti communiste, internés depuis le 5 octobre 1940.
Le 22 juin 1941, l’invasion de l’URSS par la Wehrmacht modifie profondément la position de l’appareil communiste. La prudence commandée par l’existence du pacte germano-soviétique n’est plus de mise et le parti opte résolument pour le sabotage et la lutte armée. L’appui apporté par Winston Churchill à l’Union Soviétique change le discours sur la guerre qui n’est plus présentée comme une guerre impérialiste, mais comme une guerre antifasciste. Désormais, il est possible de travailler avec les gaullistes alliés de l’Angleterre, tout l’appareil du Parti entre dans la lutte contre le nazisme.
À partir de septembre 1941, des otages, communistes dans leur très grande majorité, sont fusillés en nombre grandissant, après chaque nouvel attentat. Les représailles deviennent massives à partir d’octobre 1941. Au début de décembre 1941, le général Otto von Stülpnagel, commandant des troupes d’occupation et chef de l’administration militaire allemande en France, propose à ses supérieurs de remplacer les exécutions massives d’otages par la déportation d’otages communistes et juifs vers l’Est.
Entre août 1941 et la fin de l’année 1942, pour dissuader les groupes armés communistes de poursuivre leurs attaques contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, Hitler ordonne ces déportations dans le cadre de la croisade contre le « judéo-bochevisme », emblème de la guerre contre l’Union soviétique
Le 9 avril 1942, Hitler ordonne de renforcer les premières mesures par la déportation systématique de 500 otages communistes, juifs et « asociaux », pour chaque nouvel attentat.
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp de Rouillé une liste de 187 internés, à transférer au camp allemand de Compiègne, Frontstalg 122. Numéro 166 de la liste, Hilaire Sartorio arrive au camp allemand Royallieu de Compiègne, le 22 mai 1942. Il sera déporté à Auschwitz, le 6 juillet 1942, dans le convoi dit des « 45000 ».
Ce convoi est composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes et syndicalistes CGT et d’une cinquantaine d’otages juifs. Leur déportation a été décidée, dans le cadre des mesures de représailles allemandes, destinées à combattre en France les judéo-bolcheviks, responsables des actions armées organisées par le parti communiste clandestin, contre des officiers et soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
À son arrivée à Auschwitz, le 8 juillet 1942, Hilaire Sartotio subit le rituel d’accueil imposé par le protocole nazi : tonte, désinfection, paquetage, visite médicale.

Le déporté politique Hilaire Sartorio Matricule « 46097 » à Auschwitz
Après l’enregistrement qui le catalogue « athée », il passe la nuit au Blok 13 où les 1170 déportés sont entassés dans deux pièces. Le 9 juillet, ils sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet, il est interrogé sur sa profession. Sur la base de ces interrogatoires, les SS sélectionnent les spécialistes dont ils ont besoin pour leurs ateliers. Les déportés sélectionnés retournent à Auschwitz, les autres restent à Birkenau où ils sont employés à des travaux de terrassement et à la construction des blocks. Les SS ayant ordonné la destruction des archives, avant l’évacuation d’Auschwitz, on ne sait pas dans lequel des deux camps Hilaire Sartorio a été affecté.
En septembre 1942 une épidémie de typhus frappe le camp d’Auschwitz-Birkenau, les SS eux-mêmes en sont touchés. La direction SS du camp sélectionne tous les typhiques pour la chambre à gaz et les élimine par milliers. Diagnostiqué typhique, Hilaire Sartorio connaît la terrible infortune d’être sélectionné pour la chambre à gaz et le four crématoire. Cette sélection est attestée par les témoignages de Mathiaud Henri et Eugène Garnier, certifiés le 27 novembre 1945 par Madeleine Dechavassine, secrétaire générale de l’amicale d’Auschwitz.
L’acte de décès conservé aux archives d’Auschwitz Birkenau porte la date du 2 octobre 1942.

Attestation d’Eugène Garnier en date du 20/03/1946
Le plus étonnant, dans le destin d’Hilaire Sartorio, c’est qu’après son décès son domicile va être le siège de l’activité résistante de sa commune de résidence.
Témoignage de Jean Blanchot. « Le 28 rue de Poitou, C’était le siège des FTPF. On faisait venir des moutons, des vaches qui étaient abattus dans le sous-sol. On les distribuait après, en morceaux découpés, dans les lieux de Résistance, et même au-delà de la région de Tremblay. Il y avait aussi des armes cachées et c’est là qu’on a caché notre commandant DIVE, quand i1 a été b1essé… C’est le docteur Brumberg qui est venu le soigner. C’était le PC de la l1lème Région Nord. »
Madeleine Lainé-Blanchot confirme ainsi le témoignage de son frère :
« Cette maison du 28, elle n’a jamais été surveillée par les Allemands. Pourtant on avait des voisins qui étaient au courant… Elle a juste été repérée à la Libération quand mon frère et un autre ont tiré des balles. Ils sont montés sur le toit de l’éco1e de la Plaine et ont tiré sur les Allemands qui étaient de l’autre côté du canal. Malheureusement, comme c’étaient encore des novices, ils ont tiré des balles traçantes… alors là, on a été repérés : la rue devant la maison était blanche de poudre.
Heureusement, c’était la débâcle, ça nous a sauvés… Les Allemands s’en allaient. »
À première vue, il semble incroyable que le domicile d’un militant antinazi puisse servir de centre de commandement à un groupement FTPF, sans être inquiété par l’Occupant. Cela tient sans doute aux méthodes bureaucratiques de la machine nazie. Sartorio ayant été étiqueté par la police de Vichy comme militant communiste de Paris, aucune investigation sur son passé n’a été menée en banlieue. Si la lettre du Préfet de la Seine-et-Oise en date du 14 février 1941 avait abouti, il est probable qu’il en eût été autrement.
Hilaire Sartorio est né le 2 janvier 1899 à Paris 19ème. Il habite au 28, rue du Poitou au Vert-Galant, à Tremblay-lès-Gonesse (Seine-et Oise / Val d’Oise) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Victoire, Marie, Clotilde Morel, 37 ans, blanchisseuse et d’Emmanuel
Sartorio, 41 ans, fumiste. Il naît à leur domicile, au 13, rue Riquet.
Son registre militaire nous apprend qu’il mesure 1m 69, a les cheveux bruns, les
yeux noirs, le front large et le nez gros, le visage rond. Au moment de l’établissement de sa fiche, son père est décédé. Il est soutien de famille et habite chez sa mère au 5 rue Riquet à Paris 19ème. Il travaille comme est chaudronnier en fer. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction
primaire développée).
Conscrit de la classe 1919, il est recensé dans le département de la Seine (matricule 1866).
Il est mobilisé par anticipation (en vertu du décret de mobilisation générale)
au début de 1918, comme tous les jeunes hommes de sa classe depuis la
déclaration de guerre.
Il est incorporé le 20 avril 1919 au 10ème Régiment d’infanterie.
Après l’Armistice, il est transféré le 30 juillet 1919 au 16ème Régiment
de chasseurs à cheval. Il est nommé cavalier de 1ère classe en juin
1920. Il est transféré au 85ème Régiment d’artillerie lourde en
juillet 1921. Il est démobilisé le 21 mars 1921, « certificat de bonne
conduite accordé ». Il est néanmoins rappelé « à l’activité »
militaire du 11 mai au 7 juin 1921 (article 33 de la loi de 1905) : en mai
1921, pour hâter l’application du traité de Versailles (versement des dommages
de guerre, en particulier le charbon), le gouvernement français ordonne la première
occupation militaire de la Ruhr par l’armée française. Les effectifs
de l’armée du Rhin d’occupation passent alors de 100.000 à 210.000 hommes. Le
gouvernement rappelle les réservistes, ce qui est le cas d’Hilaire Sartorio ou maintient
les hommes libérables. Il est donc en occupation des pays rhénans du 11 mai au 7
juin 1921.

Le 24 juin 1922, Hilaire Sartorio épouse, à la mairie du 19ème
arrondissement, Sylvie, Françoise, Hortense Thienpont.
Le couple aura un garçon, Georges . En décembre 1926 et pendant 10 ans, ils habitent au 6, rue de Thionville à Paris 19ème, un petit immeuble de trois étages.
Hilaire Sartorio est chaudronnier à la Société du Gaz de Paris, rue de Courbevoie (19ème) selon son petit-fils Alain Sartorio, et à l’Usine à goudron et de dépôt de Coke
(« Goudrons-Gaz ») au 15 rue de Cambrai (19ème) selon les
rapports de police.

Le 8 août 1927, la CGT unitaire a appelé à la grève générale pour la grâce de
Sacco et Vanzetti , avec l’appui du Parti communiste. Hilaire Sartorio est gréviste et
manifeste : plusieurs manifestations violentes auront lieu ce jour là, sur les
grands boulevards, au Panthéon, rue Monge, et à Vincennes. Non loin du local de l’Union
des Syndicats unitaires, rue de la Grange aux Belles, Hilaire Sartorio est arrêté
vers 11 heures avec cinq autres manifestants après une violente échauffourée
avec les agents. Il est condamné le 10 août 1927 pour « coups et blessures à agents »
à 15 jours de prison avec sursis et 25 francs d’amende, malgré l’intervention
de Georges Maranne, conseiller général (événements relatés par l’Humanité, lePetit Parisien,Le Gaulois,l’Est Républicain).
A Goudron-Gaz il rencontre Corentin Cariou , aide de forge, puis aide-ajusteur à la Sociétédu Gaz de Paris à l’usine des goudrons de la Villette, militant syndical et
candidat du Parti communiste aux élections. En novembre 1938, Hilaire Sartorio est classé « sans affectation » pour la réserve de l’armée au titre de la Société du Gaz de Paris (ce qui signifie qu’il est « affecté spécial (la SGP relevant de la Défense nationale, il sera ainsi mobilisé sur son poste de travail en cas de conflit armé). Le 20 novembre 1939, l’armée indique « n’a pas rejoint son poste ». Une enquête est diligentée. Le 29 janvier 1940 il est indiqué comme résidant 26, rue du Poitou au Vert Galant par Vaujours (Seine-et-Oise).

Le 13 juin 1940, la bataille de l’Ourcq oppose à Tremblay la 1ère Compagnie Gillot du 24e Chasseurs alpins, à la 718e division de l’armée allemande. La Cie Gillot ayant décroché, dans la nuit du 13 au 14 juin, les soldats allemands qui occupent Tremblay fusillent en représailles (onze allemands ont été tués) quinze civils au Vert-Galant dans le Bois Saint-Denis.
Le 14 juin 1940, dans le cadre de la bataille de France, quinze civils ont été fusillés en représailles par des soldats allemands au Vert-Galant dans le Bois Saint-Denis. Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population.
La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. Elles ont occupé une partie de la banlieue-est la veille, puis la totalité de la banlieue les jours suivants.
Selon les renseignements généraux, il est devenu l’ami intime de Corentin Cariou et Hilaire Sartorio est décrit comme distribuant « des tracts à l’usine et des collectes au profit des emprisonnés politiques. Chargé de recueillir les fonds des ex-membres de la cellule desGoudrons ». C’est un « meneur très actif, principal animateur de la propagande communiste auprès du personnel de la société du Gaz » (liste des RG renseignant succinctement le directeur du CSS d’Aincourt sur le CV des communistes arrêtés le 6 décembre 1940).
Selon son petit-fils, Hilaire Sartorio est actif depuis août 1940, au sein du Parti communiste clandestin.
Hilaire Sartorio est arrêté à son travail avec 8 autres militants le 6 décembre 1940
« en vue de leur internement à Aincourt ». Son arrestation est effectuée par l’inspecteur « Cl… du commissariat du Pont de Flandre».
Selon les souvenirs de Georges Sartorio le fils d’Hilaire et père d’Alain,
Hilaire Sartorio aurait été victime d’une dénonciation. Georges Sartorio avait
caché derrière un lampadaire mural une petite coupure de presse qui en aurait
apporté la preuve.
Toutefois, il convient de souligner que les RG connaissent bien les activités d’Hilaire
Sartorio et son amitié avec Corentin Cariou, dirigeant notoire du Pc et que 68 autres
militants communistes, bien connus des Renseignements généraux, sont arrêtés à la
date du 6 décembre. Leur internement administratif étant décidé par arrêté du
Préfet de police de Paris Roger Langeron, en application de la Loi du 3 septembre 1940 (le dossier d’internement d’Hilaire Sartorio porte le numéro 338.456).
Enfin, outre la liste générale qu’ils vont transmettre au directeur du camp d’Aincourt avec les motifs des internements, les RG ont également dressé une « liste des fonctionnaires employés des services publics ou assimilés, internés administrativement le 6 décembre 1940 par application de la Loi du 3 septembre 1940 (5) » où figure le nom d’Hilaire Sartorio. La liste des militants devant être arrêtés « en vue de leur internement à Aincourt » avec en face de leur nom celui des inspecteurs de police qui sont chargés de ces arrestations montre bien qu’il s’agit d’une rafle concertée.
Hilaire Sartorio et ses camarades sont d’abord conduits à la caserne des Tourelles,
boulevard Mortier. Puis ils sont transférés au Centre de séjour surveillé CSS d’Aincourt le jour même.

Pendant son internement, son nom et celui de 5 autres internés fait l’objet d’un épisode
de la bureaucratie préfectorale : habitant la Seine-et-Oise, c’est le préfet de ce département qui aurait du signer son arrêté d’internement. Aussi,
le Préfet de Seine-et-Oise s’adresse-t-il le 14 février 1941 – note classée
secret – au Préfet de police de Paris et aux services des RG en lui communiquant
les noms et adresses de ces 6 internés tous domiciliés en Seine-et-Oise « il me paraît anormal qu’ils fassent l’objet d’arrêtés d’internement pris par vos soins, et c’est la raison pour laquelle je serais désireux de régulariser cette situation. Je vous serais donc
reconnaissant de bien vouloir prendre des arrêtés d’élargissement, qui resteraient théoriques, n’étant suivis d’aucun effet, et que je compléterais immédiatement à la même date par des arrêtés d’internement signés par moi-même ». Les archives de
la Préfecture ne nous apportent pas la réponse à cette demande… Mais quoique il
en soit, Hilaire Sartorio reste interné à Aincourt !
Le 6 septembre 1941, Hilaire Sartorio est transféré au Centre de Séjour
Surveillé de Rouillé, avec 149 autres internés d’Aincourt. Le 14 octobre, le directeur du camp demande au préfet de la Seine les dossiers des internés arrivés à Rouillé 4 mois
auparavant, dont celui d’Hilaire Sartorio. Ces dossiers lui sont envoyés par
les Renseignements généraux le 28 octobre 1941 : la note concernant Sartorio
est identique à celle communiquée au directeur d’Aincourt.
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du
camp de Rouillé une liste de 187 internés qui doivent être transférés au
camp allemand de Compiègne (Frontstallag 122). Le nom d’Hilaire Sartorio (n° 166
de la liste) y figure et c’est au sein d’un groupe de 168 internés qu’il
arrive au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) le 22 mai 1942. La plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet.

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables
politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et
délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes
clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de
quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de
terreur allemandes destinées à combattre, en France,les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste
clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce
matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute
demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Après l’enregistrement – au cours duquel il est inscrit comme athée -, il passe la
nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces).
Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka),
situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks).
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est
affecté à cette date.
Hilaire Sartorio meurt à Auschwitz le 2 octobre 1942 d’après le certificat
de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 1067 et le site internet©Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Son nom est honoré sur une stèle en mairie de Tremblay, ainsi que sur le monument
aux morts du cimetière communal.
Je remercie La société d’études historiques de Tremblay pour ce travail de mémoire.
L’autre entrée du dictionnaire amoureux pour le parcours d’Hilaire et des siens pourrait aussi être Courage.
J’aimeJ’aime