NOVLANGUE

Ils n’ont pas la chose ils auront le mot

j ‘essaie de comprendre la nouvelle novlangue mais je suis un peu perdu.

Autant j ‘avais compris dans l ‘ancienne que technicien de surface c’était balayeur, que les fonctions supports devaient supporter un peu prés n’importe quoi et qu’un appartement atypique était inhabitable.

La nouvelle est plus complexe.

Je prends le terme Inclusion par exemple. je sens bien que intégration et inclusion ce n’est pas la même chose. Intégration la vertu républicaine qui jusqu’au début des années quatre vingt permettait à un fils d’immigré espagnol d’embrasser la culture française et son histoire , de se sentir grandir socialement est devenue réactionnaire.

ça d’accord.

L ‘inclusion si j ai bien compris c’est rassembler dans un « tout » et de façon égalitaire toutes les différences, les minorités. Mon problème c’est quelle est la nature du « tout » et le produit du « tout « ,car je suis désolé de reconvoquer la dimension culinaire mais ça sent la bouillie. Et puis le tout et le rien , comme le zéro et l ‘infini c’est la même chose il me semble.

Mais bon je me trompe sûrement. Sinon l’ inclusion c’est aussi faire porter sur les plus fragiles les conséquences du pass sanitaire en entravant les sorties culturelles, de loisirs, sportives, les voyages… ; en démultipliant les normes et les contraintes pour rendre plus difficile la vie quotidienne.

L aboutissement de l ‘inclusion s’ est sans doute la campagne-la liberté par le hidjab-du Conseil de l’Europe qui alors m’a bien perdu. Que dire si ce n’est que les frères musulmans sont déjà comme un poisson dans l’eau dans le marais de l’inclusion..

La catégorie du Genre, alors là je maîtrise mieux. Avant on avait bon ou mauvais genre , cela dépendait de votre attitude sociale. Aujourd’hui avoir bon Genre c’est plutôt être LGBT, avoir mauvais Genre c’est plutôt être hétéro. Et encore si je comprends bien c’est encore plus complexe. Hétero c’est un peu réac mais si on est une femme c’est moindre mal car cela est juste une question de temps et de domination avant de trouver la lumière.

Et puis il reste cette ignoble Société patriarcale qu’il faut mettre à bas.

Notre société matriarcale qui fait l’ éloge des vertus du Care, ne parle que de psychologie (je me retourne un ongle j’ai droit à un accompagnement psychologique); il est question de repentance , de commémoration dès qu’un seul soldat meurt au combat, de faire son deuil; toutes gifles, tentatives de drague excommunie sont auteur; Dolto a gagner la bataille, les parents sont des adulescents en mal d’affection, les garçons se féminisent , les filles se virilisent – vive les poils – mais tout le monde aime les chats et regarde « animaux à adopter « ; les émissions de cuisine , fonction maternante, se démultiplient; l’autorité est insupportable; les enfants font des remontrances aux parents; les hommes n’osent plus choquer ces fragiles et farouches objets non identifiés que sont devenus les femmes; oui c’est vrai il faut arrêter avec cette société patriarcale et j ‘ai hâte de voir la suite.

la Philocalie

Grâce et liberté.

L ‘élaboration lente, compliquée et toujours fragile, de ce que l’on peut nommer un projet d’autonomie repose sur l ‘affirmation de la possibilité et du droit des individus et de la collectivité de retrouver en eux ( ou de produire) les principes qui ordonnent leurs vies , comme le mentionne très souvent Cornélius Castoriadis.

Cette mise en question radicale de ce qui est socialement hérité annonce un processus ouvert de critique et d’élucidation . Mais ce projet ne doit pas laisser de côté la dimension spirituelle. La question du pouvoir, de la techné, de l’ hétéronomie, de l ‘expansion illimitée du capitalisme n épuise pas , à mon sens, la dimension non pas religieuse mais spirituelle de l ‘être humain c’est à dire ce qui au sens le plus précis est indépendant de la matière, ou plus largement ce qui concerne la vie de l ‘esprit. Il est question de dimension personnelle, de vie, de principes, de relation à l ‘autre, ce qui se fonde sur « le fort intérieur » , le tribunal de la conscience.

Cet écrit voudrait suggérer une présence, celle d’une tradition trop longtemps masquée, celle aussi d’un cheminement que chacun peut sentir, qu’il soit attiré par la spiritualité ou non, pourvu qu’il ressente que son existence et son être sont irréductibles, qu’il demeure en lui des parcelles de beauté insaisissables. Cette tradition que l on nomme aussi « un océan contemplatif » je veux parler de la philocalie, l ‘étude de la beauté.

Cette beauté, ainsi que le remarquait René Char, existe en « un monde en agonie qui ignore son agonie et se mystifie, car il s’obstine à parer son crépuscule des teintes de l’aube de l’âge d’or »

Laissons ici la parole au romancier :  » il n’y a que les races venues des déserts qui possèdent dans l’œil le pouvoir de fascination. Leurs yeux retiennent sans doute quelque chose de l’infini qu’ils ont contemplé. Après dix huit cents ans de bannissement, l’orient brillait dans les yeux et dans la figure juive d’ Esther » (Balzac — Une fille d’ Eve).

Hegel dit de la philosophie qu’elle vient toujours trop tard : le travail de la raison est un perpétuel recommencement, que l’on ne peut en rien enclore la réalité ;  » les philosophes font subir à la réalité, pour pouvoir l’étudier pure, à peu près les mêmes transformations que le feu ou le pilon font subir au corps : rien d’un être ou d’un fait, tels que nous les avons connus, ne paraît subsister dans ces cristaux ou dans cette cendre » (M. Yourcenar : Mémoires d’Adrien).

Dépassant les habituelles catégories d’un cartésianisme, ayant engendré la vision d’un monde contractuel, régi par un volontarisme rationnel, il faut je crois recontempler le monde, se mettre en chemin. Cette démarche peut paraître iconoclaste au vue de la dimension souvent profondément athée des auteurs qui porte le projet d’autonomie , mais je pense et pas seulement je crois que c’est un a priori qui prive le projet d’autonomie d’une dimension spirituelle alors même que ce dernier n’a généralement aucun mal à intégrer la dimension utopique et imaginaire.

Cette tradition, celle des chrétiens d’orient est un chemin spirituel, un patrimoine de vie qu’il faut tenter de réexprimer en des termes qui puissent avoir, pour des hommes et des femmes de notre condition, une résonnance de vie.

Je m ‘intéresse d’avantage à l’enseignement que transmet la tradition orientale préchrétienne et chrétienne, elle se soucie de cet homme de connaissance, elle est plus sensible à la tradition « gnostique » qui cherche à nous éveiller à notre propre état de conscience, à notre liberté sans limites au cœur même des contingences les plus fortes. La gnose c’est cette double lucidité concernant la condition humaine, double conscience qui contemple dans un regard unique l’absurde et la grâce.

L’absurde c’est que nous somme poussière et que nous retournerons poussière. La grâce c’est que nous sommes lumière et que nous retournerons à la lumière.

Notre réalité c’est que nous sommes les deux.

Il existe une connaissance par les livres, les rencontres, la pensée des autres, elle est vivifiante.

Il existe aussi une connaissance par le « soi-même  » par « le vivant qui est en nous ».

D’autres chemins sont possibles, nous l’avons entrevu, la philosophie en est un, mais je crois que notre beauté lui échappe.

Beaucoup d’occidentaux disent trouver dans le boudhisme une réelle sérénité. Cette recherche d’un peu de paix s’accomplit dans cette sagesse.

Mais en ce qui m’importe, tout n’est pas que douleur.

Pour le boudhisme naître, décliner inexorablement, subir ce que l’on déteste, être séparé de ce que l’on aime correspond à un état ou le monde gît dans le mal et n’est que cela.

La création est consistance et bonne, bonne justement dans sa diversité ; elle n’est pas comme le suggère les boudhistes un agrégat impermanent, qui se transforment sans arrêt et disparaît en donnant naissance à d’autres.

Avec le bouddhisme il n’y a pas d’âme individuelle qui passerait d’un habitacle à un autre. Se réfugier dans la pensée bouddhiste revient à en finir avec la notion du moi.

On le voit, on est bien loin de la vision que se font par exemple les occidentaux du yoga. Cette pratique donne presque toujours l’illusion à l’adepte de découvrir son véritable soi, alors qu’il s’enfonce dans l’hypertrophie et l’exhibitionnisme de l’égo.

Il n’y a personne dit le boudha, il y a la personne dit la tradition chrétienne.

La tradition orientale de la spiritualité chrétienne est donc attentive à la passion, à l’émotion, en un mot aux affects dont sont pétris nos vies.

Toutes choses qui, pour reprendre une notation de D.H. Lawrence, nécessitent « un esprit de respect pour cette chose en lutte et délabrée qu’est une âme humaine » (L’amant de Lady Chatterley).

Pour le dire en d’autres termes, il convient d’élaborer un savoir de philia qui soit au plus proche de nous si nous voulons mener le projet d’autonomie dans nos vies.


Mon propos s’il faut le dire en une phrase est de savoir si l’intelligence théologienne d’orient garde un sens pour l’homme moderne et lequel ?
Notre temps serait celui du plaisir et de la déconvenue. Cet écrit est aussi une tentative pour sortir de ce dilemme.
La raison, la connaissance sensible ne cesse d’arraisonner un homme qui demande grâce. Aufklarung, l’esprit des lumières éclaire l’homme mais il échappe à celles-ci.
L’homme échappe à toute saisie car il s’enracine dans un ailleurs, il est libre. Mais les lumières appartiennent aujourd’hui à son patrimoine, quand il s’en échappe elles le saisissent encore, par le droit, la médecine, la psychanalyse…
La raison, la connaissance sensible ne cesse d’assaillir un homme qui voudrait retrouver un souffle ; il rêve de cet état baudelairien fait de luxe, calme et volupté…
Son quotidien souvent le détrompe, il attend le bonheur là ou il prend du plaisir ; il souhaite vivre l’essentiel et se perd en conjecture sur le sens de toute chose ; il recherche la sagesse et même une vie sans conduite. Ceux qui ont le plus s’accommode malgré tout de cet état :  » il en est parmi et eux qui, tout en négligeant entièrement la pratique, s’imaginent posséder une philosophie rationnelle, parce qu’ils dissertent dans les nuages et interprètent des choses qui ne peuvent être démontrées, prétendant connaître la hauteur du ciel, les dimensions du soleil et les mouvements des astres ». Les autres cherchent à vivre.
Le mal être est partout, parfois il s’éloigne, toujours il revient : « l’oubli n’a par lui-même aucune puissance. Mai il tire sa force de nos négligences « .
Les questions qui occuperont cet écrit demeureront toujours identiques :

Qui suis-je ? Quel sens à ma vie ? Quel est mon prochain ?
Que puis-je faire ?
Ne dis pas : « je ne sais ce que je dois faire. Je ne suis donc pas coupable de ne pas le faire » (Marc l’Ascète).

En un mot à quoi cela rime t-il ? « Quel est donc le combat en cette vie ? L’âme de raison s’unit à un corps vivant, qui a une existence terrestre et penche de tout son poids vers le bas » (Marc l’Ascète).
Rien ne tiendrait à nos yeux, nos efforts salutaires, et nous en faisons, seraient voués à l’échec. Les plus audacieux s’astreignent, mortifères, à une ascèse individuelle guidée par la morale, les vertus ; le temps a souvent vite défait ses cathédrales en airain.
Alors il n’y aurait rien, plus rien. Peut-être, j’insiste, peut-être est-ce juste ; mais un héritage, une tradition, perdus par nous occidentaux, peut nous déciller car il nous dit que  » l’esprit est suspendue par sa racine à l’infini ».
Cette tradition, chrétienne, a pour mon Qumran, Scète, Lalibela, Thomas, Patmos, Nag-Hammadi, Evagre, mais aussi Eros, liberté, la lumière…
Cette tradition, bien vite oubliée, parle de la foi à des hommes de raison. La lumière incréé supporte les lumières. « Ce n’est pas l’âme seule, ni le corps seul qui définit la personne. Ils sont intégrés en elle » (Jean Damascène).
Ce que je vous propose suggère le retournement de toute notre compréhension du réel.
Véritable révolution copernicienne, si j’ose dire, qui remplace le monde du narcissisme par celui de l’altérité. L’ascèse chrétienne a pour but de mortifier en nous la mort et de vivifier la vie. Il n’est pas question de masochisme ou de mortification, mais d’un secret immémorial. Antoine le Grand ajouterait non sans humour : « on ne doit pas dire qu’il n’est pas possible à l’homme de parvenir à une vie intérieure vertueuse, mais que ce n’est pas facile ».
« L’âme est dans le corps. L’intelligence est dans l’âme. Et la raison est dans l’intelligence » (Antoine le Grand). On ne saurait mieux dire, il nous reste à le vivre…
La vie quotidienne est faite d’éparpillement, de non-sens, de nos sens, de la rosée du matin et du journal de 20h00.
Qui pourrait s’y retrouver, se recomposer, s’unifier, ne pas se sentir défaillir sous le poids des attentes que nous créons, du sentiment de manque qui nous assaille ?
Nos maux sont nombreux, qu’ils soient sociaux, affectifs… Chacun peut chercher ses réponses, j’en propose une qui n’est pas la moins exigeant.


L’orient, la tradition pré-chrétienne et chrétienne du soleil levant parlent d’une autre voie(x), d’un autre homme, d’une autre lumière.
Les communautés chrétiennes, ce que l’on nomme parfois la christianisme primitif, se singularisent par la diversité des écrits théologiens qui les fonde.
L’histoire des premiers chrétiens ne se laisse pas reconstruire comme une évolution unitaire et linéaire dans laquelle chaque nouvelle forme de vie religieuse serait engendrée par des formes plus anciennes, en parties révolues.


A la fin des années 40 l’existence d’une église judéo-chrétienne est donc attestée à Rome et celle d’une communauté paganochrétienne l’est à Thessalonique.
Le christianisme occidental est très largement le fruit d’une autre mission que l’on qualifie de paulienne, du nom de l’apôtre Paul.
La rédaction de l’évangile de Thomas témoigne de l’existence d’un autre courant, d’une trajectoire sapientale (sagesse) du christianisme primitif.
Une autre tradition fondamentale, dite johannique, de l’apôtre Jean, n’a pas ses origines en Galilée, mis en Judée ou, plus probablement en Samarie.
Sous le nom des apôtres une vaste diversité d’essais théologiques sont publiés et mis en circulation, Leurs rapports réciproques peuvent parfois impliquer une dépendance littéraire, mais, lorsque c’est le cas, c’est le plus souvent dans le sens d’une controverse directe ou indirecte sur la légitimité de l’héritage apostolique (des apôtres) qu’ils revendiquent.

Il ressort donc de ces communautés un travail théologique d’interprétation autour du lien entre christianisme et société et sur les fondements de la morale chrétienne.

Qui sommes-nous ?

Il ne s’agit pas ici de construire une anthropologie exhaustive. Notre but est de présenter en fonction du sujet des éléments indispensables.

Il n’existe à dire vrai aucun système anthropologique chez les pères de l’église. Toutefois leurs écrits nous dessine les contours de celui-ci.

Les écritures, ce patrimoine de beauté, ne proscrit rien de ce qui nous est donné pour notre usage. Elles reprennent la démesures et elle corrige la déraison. Nul ne peut défendre à l’homme de manger, ni de faire des enfants, ni de posséder des biens et de les gérer comme il faut. Mais elle nous met engarde de ne point devenir gourmand, d’être esclave de ses sens…

Nul ne peut nous empêcher de penser à ces choses car elles ont été faites pour cela. Mais devons-nous y penser avec passion, ne plus vivre que par elles ? Voilà déjà ce que nous dit Maxime le confesseur.

« Parmi les passions, les unes sont corporelles les autres sont psychiques. Les passions corporelles ont leur source dans le corps. Les passions psychiques ont leur source dans les choses extérieures. L’amour et la tempérance éliminent les unes et les autres. L’ amour élimine les passions psychiques. La tempérance élimine les passions corporelles. »

Sommes-nous cet homme là ?

Tout art exige du temps et un long apprentissage ; à l’agriculture nul ne se risquerait sans expérience ; ni sans initiation, à l’exercice de la médecine. Non seulement on ne ferait aucun bien aux malades, mais on aggraverait encore leur maladie ; on rendrait improductif et stérile le meilleur labour.

La connaissance de soi, comme si elle était chose facile on croît pouvoir s’y risquer sans peine, sans doute, et cette chose si dure est jugée innée ou aisée pour la plupart.

Qui sommes nous ?

« Comme il est impossible que la Mer rouge apparaisse dans le firmament au milieu des étoiles, et comme il n’est pas possible à un homme qui marche sur la terre de ne pas respirer cet air, de même il est impossible de purifier notre cœur des pensées passionnées et d’en chasser les ennemis intelligibles, sans l’invocation continuelle du nom de l’enseigneur» (Hesychius de Batos).

Les fruits de l’homme ne brillent qu’à force d’étude, de temps, de persévérance, d’endurance et de patience. De l’obéissance, ajoute J. Climaque, nait l’humilité, « de l’humilité, le discernement du discernement, la clairvoyance » (Calliste etlgnace Xanthopouloi).

Qui sommes nous ?

L’homme possède en lui-même une ouverture vers l’infini.

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance » (Gen. 126).

L’homme est créé Betsalmenu Kidemoutenu, « à l’image et à la ressemblance ;Pour le génie hébraïque, toujours très concret, Tselem, image possède le sens le plus fort.

L’interdiction par la loi de se faire des images taillées s’explique par la signification dynamique et très réaliste de l’image : elle suscite la présence réelle de ce qu’elle représente.

« L’image » en tant que principe de connaissance offre deux possibilités de méthode : l’une ascendante et l’autre descendante. Quand un St Augustin scrute l’âme humaine et, de l’image qui y est gravée, remonte à la conception de Dieu, reconstituant Dieu avec l’humain ; il fait, du point de vue méthodologique, une anthropologie de Dieu. Un St Grégoire de Nysse, fort du principe de conformité, part de Dieu, du Prototype, pour saisir le type et définir l’essence de l’homme en tant qu’image de l’Existant. Avec le divin il « structure » l’homme. Ainsi les Pères orientaux construisent la théologie de l’homme. »

En Orient, très explicitement, c’est l’élément divin de la nature humaine : l’imago Dei, qui se pose en fondement de l’anthropologie.

A « L’homme est semblable à Dieu » répond sa justification « Dieu est semblable à l’homme Ainsi dieu s’encarne dans son icône vivante : Dieu n’est pas dépaysé, l’homme est la face humaine de dieu (fondement de l’iconographie selon les canons du Vllème concile oecuménique denicée en 787).

Demouth, similitude, ressemblance,incite à se considérer comme un autre.

L’image échappe à toute définition mais elle peut être caractérisée comme une capacité à participer à la nature divine. L’eau du baptême est sensée renouveler, elle fait briller les traits de l’âme, c’est à dire l’image de dieu, et elle attend notre concours pour produire un autre bien : c’est la ressemblance.

L’image, c’est une capacité initiale, un germe appelé à se développer par la coopération de notre liberté, fruit de la coopération de la liberté humaine et de la grâce.

Le pneuma, la ruah (l’esprit), le souffle divin » se pose en organe de la communion avec l’essence divine. L’homme destiné à la jouissance des biens divins, a du recevoir dans sa nature même une parenté avec ce à quoi il devait participer » (St Grégoire de Nysse).

St Jean Damascène appelle l’homme microcosme, l’univers en résumé, car il contient en lui tous ses plans. L’être humain synthétise la création graduelle des cinq jours dont il est le sixième jour d’achèvement ; mais il possède en outre un principe propre qui le rend unique : il est à l’image de Dieu, et comme tel, il est microthéos.

L’homme est donc libre de participer aux énergies divines et « de se faire ressemblance » ou de demeurer à l’image de dieu.

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous fera libre » (Jean 8,32).

On ne peut connaître la vérité que librement, mais, en retour, celle-ci apporte un contenu positif à toute forme de liberté, la remplit, l’oriente, et, par cela, libère réellement La liberté encore négative et vide, le — « être libre de » – passe à la liberté positive — « être libre pour ». La liberté est la forme de la vérité, et celle-ci est le contenu de la liberté.

A l’affirmation de Sartre, l’homme est condamné à la liberté, Merleau-Ponty répond admirablement : l’homme est condamné au sens.

La volonté est une fonction de la nature, elle porte ses désirs, c’est pourquoi l’ascétisme cultive avant tout le renoncement à la volonté, l’affranchissement de toute nécessité venant de la nature. Par contre, la liberté relève de la personne et fait de celle-ci le maître de tout esclavage et de toute nécessité naturelle. « Dieu a honoré l’homme en lui conférant la liberté, afin que le bien appartienne en propre à celui qui le choisit dit St Grégoire de Nysse. St Maxime va plus loin : pour lui le besoin même de chosir est une indigence, le parfait est au-delà de l’option, il engendre le bien. Il produit ses propres raisons.

Il faut éviter toute confusion entre le terme psychologique de volonté et le terme métaphysique de liberté. La liberté est le fondement métaphysique de la volonté. La volonté est encore liée à la nature, elle est soumise aux nécessités aux buts immédiats. La liberté relève de l’esprit, de la personne. Tout être humain possède un rudiment de personne, un centre psychologique d’intégration qui fait graviter le tout autour du soi métaphysique et forme la conscience de soi : c’est le prosopon comme une donnée naturelle de la substance. La personne est une catégorie spirituelle. Si l’individu est une partie individualisée du tout de la nature, par contre le tout de la nature est inclus dans la personne.

« Faire, et en faisant, se faire » formule philosophique, que la théologie élève à cette autre formule : « se faire en se dépassant » ; non pas Sum, mais Sursum. C’est la transcendance incessante de soi vers le Toi divin, « chaque commencement engendrant un nouveau commencement ».

La liberté produit ses propres « raisons » au lieu de les subir. Elle proclame : « que ta volonté soit faite » ; Mais nous pouvons aussi bien dire : « que ta volonté ne soit pas faite ». Les deux libertés s’accordent. Elles font écho au jeu de visages de la bible. Le visage joue un rôle important dans la bible.

Il faudrait dire : « les visages » puisqu’en hébreu, le terme Panim est au pluriel. L’homme a toujours deux profils, donc deux « faces ». Faire grace à quelqu’un se dit : « élever sa face ». Au contraire, de celui qui est en défaveur, on dit que : ses faces tombent. De la même manière le mot latin persona, ou le prosopon grec, signifie initialement  » masque « 

Ce terme, à lui seul, contient une profonde philosophie de la personne humaine. L’homme n’a pas de visage tout court, de visage simplement humain. L’homme est aussi un être théandrique, il est homme et dieu.

L’homme est libre, absolument libre. Que voilà une nouvelle que le monde chrétien ignore le plus souvent. L’homme créé à l’image de dieu et participant à la nature spirituelle n’est pas simplement un individu. Il est aussi une personne. La personne se différencie des autres personnes non en s’appropriant quelque chose que les autres ne possèderaient pas, non en se caractérisant par des particularités exprimables, mais en étant Un sujet irréductible à tout autre, qui ne se différencie des autres qu’en possédant selon sa manière propre (tropos) ce que tous sont, et que tous possèdent.

La personne est communion. St Cassien met l’accent sur le fait que l’homme a reçu le libre arbitre pour répondre à la grâce divine. Il est bon de souligner encore le caractère personnel de cette théologie de la grâce et de la liberté.

Il est certain que cette doctrine dépasse tout moralisme. Elle se fonde avant tout sur la connaissance de Dieu, mais aussi sur la connaissance des sens du corps et de l’âme.

Elle sous entend aussi, peut-être, la faculté de rester un peu nomade, pour ne pas dire errant, tout au moins en esprit, cela signifie de laisser une place à la culture et de na pas la sacrifier à la civilisation, à la technique et à l’efficacité.

Cela signifie également de savoir s’abstraire de son cadre de vie, necessairement aliénant, et garder les yeux ouverts sur le vaste monde. Le danger de la sédentarisation c’est la naissance de l’uniformisme et de l’habitude.

Les développements qui vont suivre se proposent de pénétrer dans les implications théologiennes et spirituelles de cette anthropologie.

Qui sommes nous ?

Nous sommes cet homme, libre, aux deux visages, qui peut participer à la connaissance de Dieu et à ses grâces divines. Cette liberté nous ouvre donc à quelque chose…

Mais L’enseigneur dans la tradition philocalique n’est pas venu appeler des justes, mais les pêcheurs au repentir. Alors cet homme que je suis, entravé, éloigné de cette beauté, de quoi est-il fait ? Quelle est la matière de cet animal doué de raison et fait de chair.

Cet homme est pétri de chair, de sang, d’intelligence, d’esprit, et d’une âme peut-être ?

Fait de chair et d’esprit chacun sera d’accord sur ce point. La question du statut du corps, de la chair, est un point sur lequel je souhaite m’arrêter un instant.

Depuis la fin du moyen âge, surtout dans les pays d’Europe occidentale, l’enseignement des auteurs spirituels est devenu largement tributaire d’une psychologie qui a perdu le sens de l’unité profonde de l’homme. En même temps que l’on dissocie le corporel et le spirituel, on considère séparément la sensibilité, l’intelligence et la volonté : dans la sensibilité on s’efforcera de susciter de bons sentiments, en faisant largement appel à l’imagination et à l’émotion ; l’intelligence sera nourrie d’idées claires et distinctes, et appelée à construire de solides raisonnements ; à la volonté, on demandera de produire des décisions et des résolutions, fondées sur les connaissances de la raison et soutenues par les bons sentiments.

Mais ce n’est pas en additionnant des bons sentiments, par nature éphémères, des idées spirituelles assez théoriques, de bonnes résolutions fragiles parce que sans racines véritables que l’on suscitera une vie spirituelle forte, stable, joyeuse, capable d’intégrer toute la vie.

De fait, cette dissociation conçoit l’homme avant tout comme un individu. Nous ne reviendrons pas sur ce processus d’individualisation de l’homme, il est lié à cette conception religieuse de l’homme, à l’émergence de la société civile, de la ville, de la raison…

C’est pourquoi les sociétés modernes oscillent sans cesse entre un modèle totalitaire, où l’individu est contraint de se conformer à l’ensemble par une violence extérieure qui viole la dignité de la personne plus encore que les « droits » de l’homme individuel, et un modèle libéral, ou le libre jeu des intérêts individuels et des volontés propres risque toujours d’instaurer la loi de la jungle. Et de même que le principe personnaliste de la cohésion sociale est perdu ; l’individu apparaît comme éclaté, tiraillé entre des idéaux abstraits et des rêves vite démentis par la réalité, un appétit de puissance et de consommation qui l’aliène, des pulsions agressives qu’il ne maîtrise pas. La modernité risque ainsi de n’être qu’une tragique résurgence du vieux monde et de ses vieux démons, si elle oublie le sens de la philocalie, la conception personnaliste de l’homme.

Je pourrais allez bien au delà de cette réflexion entre raison, grâce et liberté mais chacun peut plonger dans cet « océan contemplatif ».

Je conseille surtout le tome 1  » la Philocalie » chez Desclée de Brouwer présentée par l’immense Olivier Clément.

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La diplomatie française est devenue un art.

Le quai d’ Orsay est très énervé par la décision australienne de rompre un contrat d’armement. Ils ont osé dénoncer un contrat commercial que le gouvernement tenait pour acquis: vengeance…. Mais que faire ? Pour des raisons géopolitiques l’ Australie à fait le choix de se mettre sous la protection du parapluie américain plutôt que sous celui de l’ombrelle française: intolérable.

Pour Macron la perfide Albion doit être chatiée pour avoir été derrière ce revirement. Non seulement la Grande Bretagne sort de l union et en plus elle compte revenir sur la scène internationale.

Et Baden, ce vieux Joe, un Obama bis, plein de sollicitude pour la France. Vous pensez il a des origines de chez nous, serait il pire que Trump ?

Il humilie son allié français mais sans doute le Quai d’Orsay ignorait qu il n y a plus d ambassadeur américain en France mais un chargé d affaires, le terme est délicieux.

La diplomatie française est en froid glacial avec la Russie, éternel allié de la France et de culture commune.

La France ne parle plus à la Pologne( des fachos) , à la Hongrie (des super fachos) ni à la Turquie ( trop désagréable). Quant à l union européenne la France attend qu’elle déclenche la guerre atomique pour obtenir 50 droits de pêche supplémentaires.

Mais la diplomatie française, fine mouche, cherche à envoûter l ami chinois et s ‘allie avec de riches royauté du moyen orient.

En somme la diplomatie française c est l art de se faire des ennemis et de ne plus être crédible.

Tous droits réservés.

La parabole du woke

LA PARABOLE DU WOKE

Je ne veux pas dire du mal du courant Woke ( Éveillé) mais quand même.

Il convient de ne pas confondre le Woke et un wok.

Un Woke peut utiliser un wok pour cuisiner mais rapidement les ennuis commençent.

Il lui faut tout d ‘abord cuire séparément en fonction du genre la pomme de terre, le poireau, et l escargot transgenre. De plus il lui faudra distinguer durant toute la cuisson et cela est capital les légumes vert, jaune, blanc.

Comme si cela ne suffisait pas il ne pourra utiliser aucune épice, ni poivre, ni cumin, au risque de devoir faire un acte de repentance publique pour avoir insulté des ex colonies.

Au bout du compte cette négation des règles culinaires et du savoir vivre le conduit à beaucoup d aigreurs et une vie sans saveur.

Mais le drame du woke continue car il va lui falloir éviter un bichenicide, tuer une biche c est tuer toutes les biches, la Biche.

Le woke présentant souvent, quelque soit son âge, un profil adulescent post pubertaire il s ‘expose à sa pulsion frénétique de classer, écarter, juger, rééduquer ce qui en matière de goût est détestable.

Je termine par la phrase emblématique du woke: comment peut on encore pensé de cette manière en 2021?

Énoncé performatif magnifique et monstrueux, d’un aveuglement paradoxal pour un éveillé, en la croyance d’ un progrès continue au fil du temps en matière de mœurs au même titre que le progrès scientifique.

Enfin ma chronique ne menace personne et comme le disait Maurice Biraud dans un Taxi pour Tobrouk: deux intellectuels assis vont moins loin qu’ une brute qui marche.

MOBILITE DOUCE

MOBILITE DOUCE

Je reviens d’un séjour en Hollande, plus exactement à Haarlem, Amsterdam, la Haye. J’ai pu vivre le charme de la mobilité douce et cela est ennivrant. Des vélos dans tous les sens et dans le désordre le plus total surgissent dans un carillon frénétique de sonnettes. Certes la voiture à disparu mais le passant également puisque le trottoir s’est transformé en un vaste garage à vélo, rejettant sur la route le piéton qui devient immédiatement un gibier pour le cycliste.

Des vélos partout sur la rue, les routes, mais pas que, il faut adjoindre les scoots électriques à cette agitation hystérique. Le chauffard est remplacé par le cyclard.

Des vélos, est ce encore des cycles? ils sont tous transformés avec des appendices en bois usagés pour transporter les enfants des bobos , les chiens, les courses…

Dès lors la mobilité redevient douce quand vous croisez un véhicule terrestre à moteur qui s’excuse de circuler encore et qui s arrête lui au feu rouge.

M comme MINGEI

MINGEI

« Ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du Mingei ». Cette définition du mouvement artistique japonais est forgée par le théoricien Yanagi Sōetsu en 1933 dans ce qui peut être considéré comme son manifeste, l’idée du Mingei. 

Portrait de Yanagi Sōetsu

Yanagi prône un retour au système des guildes médiévales pour la méthode d’apprentissage et les relations développées entre le maître et ses élèves… Cette conception de l’artisanat fait largement écho à la vie des artisans japonais relatée dans le Shokunin zukushie, qui décrit les habitudes et le code moral strict auxquels sont soumis les artisans : une diligence extrême au travail et un effacement total de l’intérêt personnel !

Pour résumer, une production est dite mingei lorsqu’elle offre une beauté simple accessible à tous, un effacement total de son créateur (anonymat) et une spontanéité naturelle de l’artisan (qui renvoi au concept zen de mushin « pensée sans pensée »).

Le mouvement mingei cherche à rénover le regard porté sur l’art et sa définition. Par ses choix esthétiques, il incarne un parti pris politique à deux niveaux : d’une part la conservation des traditions dans un Japon tourné vers les nouvelles techniques ; d’autre part une reconnaissance de la beauté de l’art coréen dans un contexte de colonisation, de destruction et d’abnégation générale de la culture coréenne.

L’appellation « Mingei » est tout simplement l’assemblage des mots « minshu » (peuple) et « kogei » (artisanat).

Pour résumer, un objet Mingei est esthétique, utile, de qualité, mais aussi et surtout fidèle à sa fonction dans la vie quotidienne.

Pour finir, une citation du fondateur Soetsu Yanagi : “Le Mingei doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile. La malhonnêteté, la perversité, le luxe, voilà ce que les objets mingei doivent au plus haut point éviter : ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du Mingei.

 Le Mingei peut être vu comme une réaction à l’orientation du design et des arts décoratifs japonais de la première moitié du XXème siècle, trop influencé par la découverte des arts occidentaux. Développé par le penseur Soetsu Yanagi et plus tard par son fils Sori Yanagi refusant le luxe, l’apparence et la sophistication technique de l’artisanat aristocratique, le seul alors considéré au Japon.

Ses initiateurs  réagissent  en réinterprétant les arts traditionnels japonais et sauvegardent des savoirs faire menacés de disparition. Sans pour autant tourner le dos à la modernité et ses techniques.En atteste la venue au Japon de Bruno Taut, Charlotte Perriand et Isamu Noguchi alors émigré aux Etats-unis et leur influence sur le développement de la production design dès l’après guerre.

Isamu Noguchi – lampes en papier washi

Selon Soetsu Yanagi, un objet, pour être considéré Mingei cet objet doit rester pure par rapport à  sa fonction et être utilisé immédiatement après sa création. Comme le dit lui même Soetsu Yanagi : « son esthétique doit rester honnête par rapport à sa fonction »


Charlotte Perriand – lit en bambou et matelas tatamis

Le fils de Soetsu, Sori Yanagi -pionnier du design après guerre au Japon- concilie plus tard une approche moderne avec une sensibilité pratique transmise par Charlotte Perriand. Son siège butterfly (1953) est d’ailleurs pensé après avoir assisté Perriand lors de la conception de la chaise « ombre » inspirée de la calligraphie japonaise.

Sori Yanagi – tabouret Butterfly contreplaqué moulé et cintré.
Charlotte Perriand – présentation à Tôkyô en 1941

Pour les Yanagi, la meilleure définition de l’objet Mingei est « la beauté de l’ordinaire » redoutant par dessus tout que la recherche du « beau pour le beau » ne détourne les artistes de l’artisanat en lequel ils voient la source de tout art.

Mais l’esprit Mingei s’est aussi accepter l ‘œuvre du temps, son imperfection qui révèle toute sa beauté. Il est possible de rapprocher la tradition Mingei avec la notion Wabi-Sabi. Le Wabi ( solitude, simplicité, nature ) et le Sabi ( altération par le temps) .

Jizo du dix septième siècle

Leonard Koren, architecte et théoricien de l’esthétique, a étudié durant de nombreuses années le concept de wabi-sabi et en a tiré un ouvrage « wabi-sabi« , à l’usage des artistes, designers, poètes et philosophes, dans lequel il essaie de définir le wabi-sabi.

“Wabi-sabi est la beauté des choses imparfaites, impermanentes et incomplètes. C’est la beauté des choses modestes et humbles. C’est la beauté des choses atypiques.”

Tout en reconnaissant toutefois que, même à l’intérieur des frontières de l’archipel, la définition reste difficile à établir.

C’est une notion difficile à expliquer, et bien que tous les Japonais soient prêts à affirmer qu’ils comprennent le sentiment associé au wabi-sabi, ils sont très peu capables de le formuler.”

Le wabi-sabi est constitué de deux principes entremêlés : wabi, qui fait référence à la plénitude et à la modestie que l’on peut éprouver en observant la nature et le sabi, la sensation que l’on ressent lorsque l’on voit des choses patinées par le temps ou le travail des êtres humains. L’éthique du wabi-sabi prône donc une vie menée par une sobriété maitrisée, où l’on est capable de déceler et d’apprécier l’impermanence, la beauté de toute chose humble et imparfaite.

Ce qui me charme dans l esprit Mingei c’est tout à la fois cette réaction politique par la culture et un retour à l artisanat mais aussi une forme de dénuement, certes esthétique et aristocratique mais qui refuse la différence entre un art populaire et ce qui se fait de nos jours. La création populaire primitive ou plus artistique permet et rend activement possible une variété indéfinie de réalisations, de même qu’elle fait une place à l excellence de l interprète , qui n’est jamais simple interprète mais créatif dans son interprétation: potier, sculpteur…

Un rapport au temps diffèrent se crée, car elle dure souvent bien plus longtemps soit par son usage, soit par sa confection. Sa durabilité fait partie de son mode d’être au monde. Elle porte une création mais aussi un mode d’être de la collectivité qui a vue naitre l objet et celui a qui il va être transmis. Une sorte de transmutation d’une valeur de tradition.

Dernière illustration – mais je reviendrais dans un futur article sur une autre dimension du Mingei , le shintoïsme des villages- il s’agit du texte sur l éloge de l ombre de Tanizaki.

Certes cet essai est très esthétisant et oppose de manière radicale l art d occident et celui du japon , mais à sa manière il ouvre une porte esthétique .

Je vous propose quelques extraits .

L’ombre et la lumière

“ En fait, la beauté d’une pièce d’habitation japonaise, produite uniquement par un jeu sur le degré d’opacité de l’ombre, se passe de tout accessoire. L’Occidental, en voyant cela, est frappé par ce dépouillement et croit n’avoir affaire qu’à des murs gris dépourvus de tout ornement, interprétation parfaitement légitime de son point de vue, mais qui prouve qu’il n’a point percé l’énigme de l’ombre. “

« N’avez-vous jamais, vous qui me lisez, au moment de pénétrer dans une de ces salles, éprouvé le sentiment que la clarté qui flotte, diffuse, dans la pièce, n’est pas une clarté ordinaire, qu’elle possède une qualité rare, une pesanteur particulière ? N’avez-vous jamais éprouvé cette sorte d’appréhension qui est celle que l’on ressent face l’éternité, comme si de séjourner dans cet espace faisait perdre la notion du temps, comme si les ans coulaient sans qu’on s’en aperçoive, à croire qu’à l’instant de le quitter l’on sera devenu soudain un vieillard chenu ?« 

« Aussi n’est-il pas impossible de prétendre que c’est dans la construction des lieux d’aisance que l’architecteur japonaise atteint aux sommets du raffinement. Nos ancêtres qui poétisaient toute chose, avaient réussi paradoxalement à transmuer en un lieu d’ultime bon goût l’endroit qui, de toute la demeure, devait par destination être le plus sordide, et par une étroite association avec la nature, à l estomper dans un réseau de délicates associations d’images. Comparée à l’attitude des Occidentaux qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement.« 

« D’aucuns diront que la fallacieuse beauté créée par la pénombre n’est pas la beauté authentique. Toutefois, ainsi que je le disais plus haut, nous autres Orientaux nous créons de la beauté en faisant naître des ombres dans des endroits par eux-mêmes insignifiants. »

Le beau

 « Je crois que le beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substances diverses. De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre. “

« Car un laque décoré à la poudre d’or n’est pas fait pour être embrassé d’un seul coup d’oeil dans un endroit illuminé, mais pour être deviné dans un lieu obscur, dans une lueur diffuse qui, par instants, en révèle l’un ou l’autre détail, de telle sorte que, la majeure partie de son décor somptueux constamment caché dans l’ombre, il suscite des résonances inexprimables.

De plus, la brillance de sa surface étincelante reflète, quand il est placé dans un lieu obscur, l’agitation de la flamme du luminaire, décelant ainsi le moindre courant d’air qui traverse de temps à autre la pièce la plus calme, et discrètement incite l’homme à la rêverie. N’étaient les objets de laque dans l’espace ombreux, ce monde de rêve à l’incertaine clarté que sécrètent chandelles ou lampes à huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme, perdraient à coup sûr une bonne part de leur fascination. Ainsi que de minces filets d’eau courant sur les nattes pour se rassembler en nappes stagnantes, les rayons de lumière sont captés, l’un ici, l’autre là, puis se propagent ténus, incertains et scintillants, tissant sur la trame de la nuit comme un damas fait de ces dessins à la poudre d’or.

Ce que l’on appelle le beau n’est d’ordinaire qu’une sublimation des réalités de la vie, et c’est ainsi que mes ancêtres, contraints à demeurer bon gré mal gré dans des chambres obscures, découvrirent un jour le beau au sein de l’ombre, et bientôt ils en vinrent à se servir de l’ombre en vue d’obtenir des effets esthétiques.

Le bol de laque au contraire, lorsque vous le découvrez, vous donne, jusqu’à ce que vous le portiez à la bouche, le plaisir de contempler, dans ses profondeurs obscures, un liquide dont la couleur se distingue à peine de celle du contenant et qui stagne, silencieux, dans le fond. Impossible de discerner ce qui se trouve dans les ténèbres du bol, mais votre main perçoit une lente oscillation fluide, une légère exsudation qui recouvre les bords du bol, vous apprend qu’une vapeur s’en dégage, et le parfum que véhicule cette vapeur vous offre un subtil avant-goût de la saveur du liquide, avant-même que vous en emplissiez votre bouche. Quelle jouissance dans cet instant, combien différente de ce que l’on éprouve dans une assiette plate et blanchâtre de style occidental ! Il est à peine exagéré d’affirmer qu’elle est de nature mystique, avec même un petit goût zennique. »

…] à un éclat superficiel et glacé, nous avons toujours préféré les reflets profonds, un peu voilés; soit, dans les pierres naturelles aussi bien que dans les matières artificielles, ce brillant légèrement altéré qui évoque irrésistiblement les effets du temps. « Effets du temps », voilà certes qui sonne bien mais, à vrai dire, c’est le brillant que produit la crasse des mains. Les Chinois ont un mot pour cela, « le lustre de la main »; les Japonais disent l' »usure » : le contact des mains au cours d’un long usage, leur frottement, toujours pratiqué aux mêmes endroits,produit avec le temps une imprégnation grasse; en d’autres termes , ce lustre est donc bien la crasse des mains.

[…] Contrairement aux Occidentaux qui s’efforcent d’éliminer radicalement tout ce qui ressemble à une souillure, les Extrême-Orientaux la conservent précieusement, et telle quelle, pour en faire un ingrédient du beau. »

I comme INCIPIT

INCIPIT

En écho à l ‘article Praxis, il s’agit de proposer des commencements, des mondes à venir à travers la création littéraire , vivre ce moment ou une nouvelle mosaïque nous porte à envisager le même mais radicalement transformé en un magma de significations nouvelles. Voir se dévoiler un monde de significations imaginaires assemblées sous une autre forme , du semblable et portant une connaissance nouvelle nous parvient.

Ces commencements reformulent la question de l ‘origine, du cercle originaire et insurmontable de la création à partir duquel advient le surgissement jamais localisé mais instantané.

Ce surgissement est dés lors temporel et historique ; il marque un avant et un après . Je vous propose certains de ces commencements.

« Depuis que son train avait passé les faubourgs et les fumées de Charleville, il semblait à l’aspirant Grange que la laideur du monde se dissipait : il s’aperçut qu’il n’y avait plus en vue une seule maison. Le train, qui suivait la rivière lente, s’était enfoncé d’abord entre de médiocres épaulements de collines couverts de fougères et d’ajoncs. Puis, à chaque coude de la rivière, la vallée s’était creusée, pendant que le ferraillement du train dans la solitude rebondissait contre les falaises, et qu’un vent cru, déjà coupant dans la fin d’après-midi d’automne, lui lavait le visage quand il passait la tête pas la portière. La voie changeait de rive capricieusement, passait la Meuse sur des ponts faits d’une seule travée de poutrages de fer, s’enfonçait par instants dans un bref tunnel à travers le col d’un méandre. Quand la vallée reparaissait, toute étincelante de trembles sous la lumière dorée, chaque fois la gorge s’était approfondie entre ses deux rideaux de forêt, chaque fois la Meuse semblait plus lente et plus sombre, comme si elle eût coulé sur un lit de feuilles pourries. »

Julien Gracq, Un balcon en forêt.

« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte. Il était sur le dos, un dos aussi dur qu’une carapace, et, en relevant un peu la tête, il vit, bombé, brun, cloisonné par des arceaux plus rigides, son abdomen sur le haut duquel la couverture, prête à glisser tout à fait, ne tenait plus qu’à peine. Ses nombreuses pattes, lamentablement grêles par comparaison avec la corpulence qu’il avait par ailleurs, grouillaient désespérément sous ses yeux.

« Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » pensa-t-il. Ce n’était pas un rêve. Sa chambre, une vraie chambre humaine, juste un peu trop petite, était là tranquille entre les quatre murs qu’il connaissait bien. Au-dessus de la table où était déballée une collection d’échantillons de tissus – Samsa était représentant de commerce – on voyait accrochée l’image qu’il avait récemment découpée dans un magazine et mise dans un joli cadre doré. Elle représentait une dame munie d’une toque et d’un boa tous les deux en fourrure et qui, assise bien droite, tendait vers le spectateur un lourd manchon de fourrure où tout son avant-bras avait disparu.

Le regard de Gregor se tourna ensuite vers la fenêtre, et le temps maussade – on entendait les gouttes de pluie frapper le rebord en zinc – le rendit tout mélancolique. « Et si je me rendormais un peu et oubliais toutes ces sottises ? » se dit-il ; mais c’était absolument irréalisable, car il avait l’habitude de dormir sur le côté droit et, dans l’état où il était à présent, il était incapable de se mettre dans cette position.

Quelque énergie qu’il mît à se jeter sur le côté droit, il tanguait et retombait à chaque fois sur le dos. Il dut bien essayer cent fois, fermant les yeux pour ne pas s’imposer le spectacle de ses pattes en train de gigoter, et il ne renonça que lorsqu’il commença à sentir sur le flanc une petite douleur sourde qu’il n’avait jamais éprouvée. »

Frantz Kafka, La métamorphose.

« D’où, chose remarquable, rien ne s’ensuit.

On signalait une dépression au-dessus de l’Atlantique ; elle se déplaçait d’ouest en est en direction d’un anticyclone situé au-dessus de la Russie, et ne manifestait encore aucune tendance à l’éviter par le nord. Les isothermes et les isothères remplissaient leurs obligations. Le rapport de la température de l’air et de la température annuelle moyenne, celle du mois le plus froid et du mois le plus chaud, et ses variations mensuelles apériodiques, était normal. Le lever, le coucher du soleil et de la lune, les phases de la lune, de Vénus et de l’anneau de Saturne, ainsi que nombre d’autres phénomènes importants, étaient conformes aux prédictions qu’en avaient faites les annuaires astronomiques. La tension de vapeur dans l’air avait atteint son maximum, et l’humidité relative était faible. Autrement dit, si l’on ne craint pas de recourir à une formule démodée, mais parfaitement judicieuse : c’était une belle journée d’août 1913.

Du fond des étroites rues, les autos filaient dans la clarté des places sans profondeur. La masse sombre des piétons se divisait en cordons nébuleux. Aux points où les droites plus puissantes de la vitesse croisaient leur hâte flottante, ils s’épaississaient, puis s’écoulaient plus vite et retrouvaient, après quelques hésitations, leur pouls normal. L’enchevêtrement d’innombrables sons créait un grand vacarme barbelé aux arêtes tantôt tranchantes tantôt émoussées, confuse mare d’où saillait une pointe ici ou là et d’où se détachaient comme des éclats, puis se perdaient, ses notes plus claires. À ce seul bruit, sans qu’on en pût définir pourtant la singularité, un voyageur eût reconnu les yeux fermés qu’il se trouvait à Vienne, capitale et résidence de l’Empire. »

Robert Musil , L’homme sans qualités.

« Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C’était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l’écoute. « Restons pas dehors ! qu’il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu’il commence, c’est pour les œufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, on remarque encore qu’il n’y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n’y a personne dans les rues ; c’est lui, même que je m’en souviens, qui m’avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l’air toujours d’être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c’est que lorsqu’il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit plus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C’est ainsi ! Siècle de vitesse ! qu’ils disent. Où ça ? Grands changements ! qu’ils racontent. Comment ça ? Rien n’est changé en vérité. Ils continuent à s’admirer et c’est tout. Et ça n’est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, par-là, des petits… » Bien fiers alors d’avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les dames du café. Après, la conversation est revenue sur le Président Poincaré qui s’en allait inaugurer, justement ce matin-là, une exposition de petits chiens ; et puis, de fil en aiguille, sur Le Temps où c’était écrit.  » Tiens, voilà un maître journal, Le Temps !  » qu’il me taquine Arthur Ganate, à ce propos.  » Y en a pas deux comme lui pour défendre la race française ! – Elle en a bien besoin la race française, vu qu’elle n’existe pas !  » que j’ai répondu moi pour montrer que j’étais documenté, et du tac au tac. – Si donc ! qu’il y en a une ! Et une belle de race ! qu’il insistait lui, et même que c’est la plus belle race du monde, et bien cocu qui s’en dédit ! Et puis, le voilà parti à m’engueuler. J’ai tenu ferme bien entendu. – C’est pas vrai ! La race, ce que t’appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français. – Bardamu, qu’il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n’en dis pas de mal !… – T’as raison, Arthur, pour ça t’as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d’opinions, ou bien si tard, que ça n’en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C’est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C’est pas une vie… – Il y a l’amour, Bardamu ! – Arthur, l’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches et j’ai ma dignité moi ! que je lui réponds

– Parlons-en de toi ! T’es un anarchiste et puis voilà tout ! »

L-F Céline, Voyage au bout de la nuit

CO-OPERARE

CO-OPERARE, TRAVAILLER ENSEMBLE

Co-operare, travailler ensemble.

Les coopératives sont sans doute un mouvement d’avenir à condition de sortir de cette rhétorique si bien illustrée par la conclusion d’un article du Figaro : « L’intérêt politique accordé aux SCOP se heurte à leur fragilité économique chronique , à la méfiance des banques et à une certaine hostilité du secteur économique. Une broutille dans le tissu économique nationale »

Un projet d’autonomie comporte un volet politique, une dimension culturelle et s’accompagne d’un changement de modèle économique.

La collectivisisation marxiste des moyens de production ne répond pas à l’exigence d’individus autonome , alors que faire ?

L’économie libérale ,ultra libérale comme on la nomme à présent se caractérise par une financiarisation de l’économie au détriment de l’économie de production ; elle renforce  la dimension monopolistique( GAFA, Nestlé…) une extraterritorialité et une absence de régulation.

Face à ce modèle productif la figure de la start up ne suffit pas à modifier le système mais au contraire le renforce.

L’économie est  politique , la science économique ne prédit que des évènements passés et n est plus en capacité de mener des débats comme cela fut le cas entre des politiques Keynésiennes ou de l’offre.

Pour autant l’économie reste toujours politique et il est insuffisant de présenter l’enjeu écologique comme le seul débat politique.

Ce dernier n’est que le dernier avatar , cache sexe, de la volonté d’expansion illimité du capitalisme. La voiture électrique fait vendre de la voiture et remplace le parc automobile ancien, l’éolien ne sera au niveau national que le complément des énergies fossiles, du nucléaire. Que dire du pathétique tri sélectif qui maintient le consommateur et le citoyen dans un habitus d’ emprise au modèle d’expansion.

Contraint entre des solutions aussi absurdes qu’ inefficaces, mais qui dure depuis quarante ans telle que le changement d’heure et une croyance que la science, la technologie apporteront des solutions non liberticides il faut définir une autre voie.

Peut on sortir du capitalisme sans basculer dans la pauvreté ?

L’étape suivante étant : « que peut-on mettre à la place ? »

Co-operare, travailler ensemble n’est certes pas une idée neuve mais qui a fait ses preuves et qui a de l’avenir.

Les coopératives ouvrières de production sont devenus en 2010 une société coopérative et participative ou une société coopérative de production. Je garde pour ma part la référence au monde ouvrier car l’effacer revient à gommer la dimension politique, nier la volonté de transformation sociale.

Dans cet article je souhaite tout à la fois réhabiliter un modèle de production idéologiquement sacrifié compte tenu de sa dimension d’autogestion , mais aussi faire le point sur l’efficacité économique de ce mode de production.

Les deux sont pour moi indissociables et c’est la raison pour laquelle je finirais cette étude par une explicitation de la pensée Conseillistes à travers le travail de Miguel Abensour et celui de Cornélius Castoriadis.

Au cours des trois premiers quarts du 19e siècle, les ouvriers cherchent à défendre leur droit au travail et leur autonomie. Des associations ouvrières sont créées de façon clandestine, la loi Le Chapelier de 1791 les interdisant.

Les apports de théoriciens et de praticiens utopistes, popularisant les idées de communauté et de démocratie, ont contribué à faire émerger le mouvement de la coopération de production. Parmi les plus célèbres : Saint-Simon, Charles Fourier, Jean-Baptiste Godin, Louis Blanc, Philippe Buchez, Jeanne Deroin, Joseph Proudhon, Robert Owen (Angleterre)…

Les pionniers équitables de Rochdale sont parfois abusivement présentés comme les initiateurs du mouvement coopératif. La réalité est toute autre. Dans la diversité des premières expériences coopératives, celle de Rochdale est singulière en ce sens que, plutôt que de créer une coopérative de travail, des tisserands vont initier un rassemblement de consommateurs pour réunir un capital et ouvrir un magasin. Cette expérience va rencontrer un succès quasi-immédiat qui sera à l’origine du Coopérative group britannique qui emploie aujourd’hui plus de 70 000 salariés et regroupe plus de 4,3 millions de membres.

La formation de la société initiale est  largement influencée par les principes de Robert Owen ; l’ouverture en 1844 du premier magasin de Toad Lane (la ruelle des crapauds) à Rochdale (dans les faubourgs de Manchester)  mêle un sentiment d’intimidation et de fierté vis-à-vis du chemin réalisé.  Cette expérience est un aller-retour permanent entre une volonté claire de transformation sociale de la condition ouvrière et le pragmatisme de la pratique commerciale.

Alors que les pionniers de Rochdale tentaient de créer des structures permettant une coopération entre travailleurs et usagers qui se substituerait au marché et à l’entreprise capitaliste, l’ orientation productiviste  réduira les travailleurs à un rôle purement subordonné dans la coopérative d’usagers. Ce n’est qu’un siècle plus tard, avec la constitution d’Eroski comme coopérative mixte travailleurs-consommateurs dans les années 1960 au sein du groupe Mondragón, puis avec les coopératives sociales italiennes ou les Scic en France à partir de 2002, que les travailleurs retrouveront une place dans des coopératives destinées à l’usage. C’est la délibération par collèges – travailleurs, usagers et autres – qui permet de s’assurer que l’expression des travailleurs d’une coopérative d’usagers ne sera pas «noyée » par la règle « une personne – une voix ».

Mais l’ hégémonie marxiste et communiste ont  jouer un rôle prédominant pour placé dans l’oubli les autres  entreprises militantes du mouvement social. Les Associations ouvrières de production (AOP) qui apparaissent au XIXe siècle, devenues au XXe siècle les Sociétés coopératives ouvrières de production puis, au XXIe siècle, les Sociétés coopératives et participatives (SCOP), constituent ici un exemple emblématique.

Dans un pays comme la France où l’artisanat a dominé le monde industriel, les précurseurs du mouvement ouvrier ont longtemps été des défenseurs de la libre association de travailleurs, fondée sur des principes d’égalité et de fraternité produits par l’activité de travail. Comme le signale l’historien Jean Gaumont , les premières velléités revendicatives de la classe laborieuse sont marquées en effet par de fortement dimensions corporatistes, issues le plus souvent d’organisations compagnonniques. Réunissant des travailleurs très qualifiés, comme les canuts lyonnais par exemple, ces groupes visent le plus souvent à supprimer les intermédiaires, associés à des « parasites ». Dans les années 1830, Philippe Buchez est l’un des premiers à échafauder un modèle plus élaboré d’association ouvrière : il conçoit une organisation fondée à la fois sur un principe démocratique, où les associés éliraient leurs représentants, et un principe éthique, faisant du capital un bien commun inaliénable. Ses principes conduisent à la création des toutes premières associations ouvrières, tels les bijoutiers en doré à Paris , qui connaissent une notoriété et une longévité rares au XIXe siècle. De fait, les idées de Buchez rencontrent un écho relatif parmi les groupes ouvriers.

Dans une France rurale, exposée à une forte instabilité politique, l’association ouvrière demeure un modèle largement ignoré en dehors des quelques cercles de travailleurs ou d’intellectuels politisés. Ces derniers parviennent toutefois progressivement à convaincre que l’atelier constitue le moteur d’un changement radical de la société française et du capitalisme. À la faveur d’événements révolutionnaires, ils réussissent même à faire advenir leurs projets d’émancipation, en particulier lors de la révolution de 1848 et la naissance de la Seconde République. Dans l’ombre des ateliers nationaux, Louis Blanc met en place les ateliers sociaux, c’est-à-dire des associations ouvrières créées et soutenues par l’État. Près de 250 naissent avant d’être écrasées par le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. L’utopie ne disparait pas pourtant, portée par des intellectuels très influents, comme Pierre-Joseph Proudhon. Considérant que le salariat vole le collectif par l’individualisation des modes de rémunération, il prône sans relâche l’érection de modes d’échanges mutuellistes et fédératifs en remplacement du capitalisme.

Son influence se combine bientôt à l’apparition croissante de « coopératives », terme qui est alors exclusivement associé à la consommation. Dans la deuxième partie du XIXe siècle, la naissance du mouvement socialiste français est en effet influencée par l’expérience des équitables pionniers de Rochdale réunissant, pour la première fois, des consommateurs (voir ci-dessus).

Ainsi, des leaders comme Benoit MalonEugène Varlin ou Leo Frankel vont être les porte-flambeaux d’une émancipation ouvrière fondée sur l’autonomie économique et productive. Le mouvement ouvrier est alors « autogestionnaire » — terme anachronique ici — dans sa conception de la lutte et de sa libération et suit un processus démarrant par la création d’une société de crédit mutuel, prolongée par la création d’une coopérative de consommation pour finir par celle d’une association ouvrière . Acteurs importants de la Commune de Paris en 1871, Malon et Frankel envisagent de transformer les entreprises abandonnées en coopératives de production. Dans les faits, une seule sera gérée par des ouvriers, la coopérative des fondeurs de fer (voir Pierre Marc). L’entreprise n’est pas expropriée mais louée à son patron avec qui l’entente sera très cordiale jusqu’à la fin de l’expérience communarde .

Cette irruption du mouvement ouvrier de production, faite de grands soirs et d’expériences sporadiques, finit par se structurer au moment même où le marxisme surgit en France. Alors que l’idée d’une conquête du pouvoir par les urnes et/ou la grève générale fait progressivement son chemin, les associations ouvrières apparaissent comme un moyen d’intégration de la classe ouvrière au projet de la IIIe République. Traumatisés par l’épisode la Commune de Paris, des républicains modérés comme Léon Gambetta ou Waldeck-Rousseau vont militer ardemment pour accompagner les associations ouvrières afin de « faire entrer le prolétariat dans la bourgeoisie ». Avec la création de la Verrerie ouvrière d’Albi, Jean Jaurès participe de son côté à l’une des plus grandes expériences coopératives de production. Celle-ci apparaît comme l’un des instruments de la conquête de l’émancipation ouvrière, aux côtés des coopératives de consommation et des syndicats. Mais l’émergence institutionnelle du mouvement ouvrier coopératif de production reste avant tout de nature profondément corporatiste en cette fin de XIXe siècle. Souvent d’obédience franc-maçonnique, ses principaux instigateurs se revendiquent également beaucoup de la pensée de Charles Fourier qui épouse bien la représentation qu’ils se font de l’équité professionnelle : la coopération s’entend en effet comme un juste équilibre entre l’apport en capital, en travail et en « talent » (incarné par le dirigeant). Avec son familistère situé à Guise, Jean-Baptiste Godin met en place une véritable société ouvrière d’inspiration phalanstérienne. Dans cet univers où les travailleurs et leurs familles sont intégralement pris en charge, Godin tente d’instaurer des pratiques nouvelles de travail, comme l’élection démocratique des meilleurs ouvriers, avec un succès relatif . Surtout, il transforme progressivement l’entreprise en coopérative de production avant de la céder intégralement aux travailleurs de l’entreprise. De façon plus confidentielle, se développent d’autres expériences inspirées par le modèle fouriériste, comme l’entreprise de peinture Jean Leclaire ou la coopérative le Travail . Une fois de plus, la pensée fouriériste offre un vernis socialiste à des pratiques corporatistes, où la cooptation par l’ancienneté et la qualification constituent les principales valeurs d’appartenance, de pouvoir et de rémunération. De fait, être membre de la coopérative et bénéficier de ses avantages sociaux ne concerne souvent qu’une infime partie de ses travailleurs, faisant des coopératives de production un exemple emblématique de l’aristocratie ouvrière.

Ce penchant aristocratique n’interdit pas une certaine proximité entre les associations ouvrières et les autres structures ouvrières. Le premier congrès Ouvrier de France tenu en octobre 1876 est ainsi l’œuvre de Jean Joseph Barberet, un militant syndical et coopérativiste. Proche de Wadelck-Rousseau, il sera l’un des artisans des lois autorisant la liberté de réunion (1881), le fait syndical (1884) et l’association (1901). Mais cette proximité lui sera longtemps reprochée par les fractions guesdistes du mouvement ouvrier, conduisant à son éloignement à partir du congrès ouvrier de 1879. Il se rapproche alors un peu plus des sphères de l’État et des voies les plus institutionnelles. La création de la 1re Chambre consultative des associations ouvrières de production de France en 1884 se fait ainsi sous le haut patronage du ministre de l’Intérieur et bénéficie du soutien actif du gouvernement (notamment via des marchés publics). Elle est alors dirigée par un militant fouriériste, Henry Buisson, dirigeant de la coopérative le Travail. Il y défend une conception « très ouverte » de la vie coopérative, arguant du besoin incontournable de capitaux extérieurs.

De son côté, la création de la CGT, en 1895, constitue également un terreau favorable à l’essor institutionnel des associations ouvrières. Loin d’être la « courroie de transmission » d’une Parti communiste hégémonique comme elle le deviendra bien plus tard, la CGT est un syndicat où se retrouvent différents courants, notamment réformistes, favorables à la présence de coopérateurs. Si la chambre consultative connaît toute une série de présidents lors de la 1re moitié du XXe siècle, c’est son secrétaire général Edmond Briat qui tient alors les rênes de l’organisation . Fondateur du syndicat des ouvriers en instruments de précision en 1892, artisan de son adhésion à la CGT en 1895, fondateur et co-directeur de la coopérative AOIP en 1896, Briat se présente comme un fervent militant syndical, révolutionnaire avant de glisser vers un positionnement bien plus institutionnel. Il impose la syndicalisation obligatoire pour les coopératives adhérentes et entretient une proximité avec les milieux réformistes de la CGT [7]. En 1923, un accord entre la chambre consultative et la confédération dispense les AOC de grève en contrepartie d’une participation aux caisses de grève, d’appliquer rétroactivement les revendications satisfaites et d’accepter le monopole syndical d’embauche. Dans un contexte de lois sociales balbutiantes, les associations ouvrières se présentent alors comme des modèles de protection des travailleurs, fournissant des caisses de retraites et de secours mutuel à leurs associés. Plus globalement, le syndicalisme fournit l’essentiel des cadres du mouvement coopératif pendant toute la 1re partie du XXe siècle.

Cette influence se traduit en 1937 par l’adoption d’un nouveau nom pour l’organisation qui devient dès lors la Confédération générale des SCOP de France (CGSCOP) et s’organise sur des bases professionnelles. Cette transformation marque paradoxalement le terme d’un éloignement du mouvement ouvrier. Farouchement anticommunistes, les dirigeants coopérativistes se tiennent à distance du Front populaire.

L’organisation et les coopératives de production demeurent des entreprises plutôt « aristocratiques » où les principes fouriéristes de différenciation statutaires fondent une hiérarchie puissante entre « associés » et « auxiliaires ». Toujours d’extraction syndicale, le nouveau dirigeant Antoine Antoni développe toute une série d’outils institutionnels et financiers au cours des Trente glorieuses. Il ouvre également le mouvement aux autres acteurs de l’économie sociale ainsi qu’aux structures du mouvement coopératif international. Il parvient surtout à intégrer en douceur de nouveaux acteurs du mouvement avec les membres des communautés de travail, telle que Boimondau, créée par Marcel Barbu, auquel succède Marcel Mermoz.

L’arrivée des communautaires au sein de la CGSCOP bouscule progressivement les principes fouriéristes du mouvement en imposant à la fois des critères de rationalisation, de gestion et de démocratie en lieu et place de la hiérarchie imposée par l’ancienneté, la qualification et la cooptation. Le mouvement se renouvelle aussi et surtout grâce son secrétaire général, François Espagne, qui mène des actions de lobbying politique très efficaces sur la période. Il parvient en ce sens à des avancées législatives inédites, en incluant les coopératives dans la loi sur la participation de 1969 mais surtout en faisant voter la loi sur les SCOP en 1978. Il réalise ici un tour de force en interne, en imposant dans les statuts des coopératives les principes de Philippe Buchez : les coopératives sont désormais contraintes de respecter le principe « une personne, une voix », indépendamment de l’apport au capital ou de l’ancienneté. De même, les réserves deviennent désormais obligatoires et impartageables.

Cette brève histoire du mouvement des sociétés ouvrières de production souligne des évolution faites de contradictions, d’orientations politiques et économiques différentes entre Fouriériste, organisation syndicale,  corporation ou communautaire.

Le, les fils du projet d’autonomie sont fragiles .

Je pourrais d’ailleurs enrichir cet article du rôle notable de l’émergence des banques coopératives, du micro crédit et le l’impact de la pensée de Raiffeisen sur le développement de l’économie sociale et populaire.

 Le mouvement  des SCOPs connaît une expansion continue, avec des périodes de fortes turbulences au début des années 1980.

Depuis, à la faveur d’une forte décentralisation, le mouvement n’a cessé de progresser en nombre de créations et en nombre d’emplois atteignant en 2021 plus de 3 000 créations d’entreprises et 63 000 salariés. Derrière cette expansion se cachent parfois des tiraillements entre des inclinations à vouloir apparaitre comme des « entreprises comme les autres » et de nouvelles pratiques démocratiques inspirées de théories organisationnelles et de nouveaux statuts : Société coopératives d’intérêts collectifs (SCIC) et Coopératives d’activités et d’emploi (CAE).

L’activité reste également globalement soutenue avec un chiffre d’affaires agrégé de 6,3 milliards d’euros, soit + 8 % en un an. En 2020, le solde net des emplois au sein des Scop et des Scic est largement positif puisque le Mouvement dénombre près de 4 000 emplois supplémentaires. Il s’agit pour les trois quarts de l’évolution des effectifs au sein des coopératives existantes antérieurement à 2020.  Les 203 coopératives créées dans l’année 2020 ont, quant à elles, généré 1 400 emplois.

S’agissant des créations en 2020, la création ex nihilo a concerné 123 coopératives, soit 61 % des créations annuelles et 23 % des effectifs générés par les créations. 18 % des créations concernent des transmissions d’entreprises saines représentant 44 % des effectifs associés aux nouvelles créations. Les transformations d’associations représentent 16 % des créations et 17 % des emplois générés. Enfin, les reprises d’entreprises en difficulté ne totalisent que 11 coopératives créées (soit 5 %), mais 16 % des effectifs générés par les créations de l’année.

De manière générale et encore cette année, les Scop et Scic sont prédominantes dans les servicesla construction et l’industrie, que ce soit en nombre d’entreprises, en nombre de salariés ou de chiffre d’affaires.

Les sociétés ouvrières de production repose désormais sur une charte commune

Une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement.

Les valeurs fondamentales des coopératives sont la prise en charge et la responsabilité personnelles et mutuelles, la démocratie, l’égalité, l’équité et la solidarité. Fidèles à l’esprit des fondateurs, les membres des coopératives adhèrent à une éthique fondée sur l’honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale et l’altruisme.

Les principes coopératifs constituent les lignes directrices qui permettent aux coopératives de mettre leurs valeurs en pratique :

1ER PRINCIPE : ADHÉSION VOLONTAIRE ET OUVERTE À TOUS

Les coopératives sont des organisations fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres, et ce sans discrimination fondée sur le sexe, l’origine sociale, la race, l’allégeance politique ou la religion.

2E PRINCIPE : POUVOIR DÉMOCRATIQUE EXERCÉ PAR LES MEMBRES

Les coopératives sont des organisations démocratiques dirigées par leurs membres qui participent activement à l’établissement des politiques et à la prise de décisions. Les hommes et les femmes élus comme représentants des membres sont responsables devant eux.

Dans les coopératives de premier niveau, les membres ont des droits de vote égaux en vertu de la règle : un membre, une voix.
Les coopératives d’autres niveaux sont aussi organisées de manière démocratique.

3E PRINCIPE : PARTICIPATION ÉCONOMIQUE DES MEMBRES

Les membres contribuent de manière équitable au capital de leurs coopératives et en ont le contrôle. Une partie au moins de ce capital est habituellement la propriété commune de la coopérative. Les membres ne bénéficient habituellement que d’une rémunération limitée du capital souscrit comme condition de leur adhésion.

Les membres affectent les excédents à tout ou partie des objectifs suivants : le développement de leur coopérative, éventuellement par la dotation de réserves dont une partie au moins est impartageable, des ristournes aux membres en proportion de leurs transactions avec la coopérative et le soutien d’autres activités approuvées par les membres.

4E PRINCIPE : AUTONOMIE ET INDÉPENDANCE

Les coopératives sont des organisations autonomes d’entraide, gérées par leurs membres. La conclusion d’accords avec d’autres organisations, y compris des gouvernements, ou la recherche de fonds à partir de sources extérieures, doit se faire dans des conditions qui préservent le pouvoir démocratique des membres et maintiennent l’indépendance de leur coopérative.

5E PRINCIPE : ÉDUCATION, FORMATION ET INFORMATION

Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés l’éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et les dirigeants d’opinion, sur la nature et les avantages de la coopération.

6PRINCIPE : COOPÉRATION ENTRE LES COOPÉRATIVES

Pour apporter un meilleur service à leurs membres et renforcer le mouvement coopératif, les coopératives oeuvrent ensemble au sein de structures locales, nationales, régionales et internationales.

7E PRINCIPE : ENGAGEMENT ENVERS LA COMMUNAUTÉ

Les coopératives contribuent au développement durable de leur communauté dans le cadre d’orientations approuvées par leurs membres.

Le dynamisme économique est également certain, le chiffre d’affaire des Scop françaises atteint 4 milliards d’euros. En moyenne, de 40 à 45% des bénéfices sont par ailleurs distribués aux salariés sous forme de participation.
La Confédération générale des Scop souligne en outre la pérennité des Scop: parmi celles ayant vu le jour il y a trois ans, 82,5% poursuivent aujourd’hui leur activité, une vraie performance en ce contexte de crise.

 Dans un contexte de dérégulation et de concurrence accrue, le modèle démocratique et équitable des Sociétés coopératives et participatives n’a jamais autant semblé être le meilleur rempart de l’emploi et des savoir-faire.

Je souhaite terminé cet article en le prolongeant sur l’absence de considération du mouvement conseilliste en France même parmi les deux intellectuels les plus proche de cette pensée , Miguel  Abensour et Cornélius Castoriadis.

Miguel Abensour, comme Cornelius Castoriadis, est partisan d’une révolution conseilliste qui mettrait à bas le capitalisme et l’État. Du temps de la guerre froide, dans un climat intellectuel fortement polarisé où chacun était tenu de prendre parti pour l’un des deux blocs, ces deux philosophes partageaient ainsi ce singulier refus de choisir « l’émancipation moderne se retourne en son contraire, donne naissance à de nouvelles formes de domination et d’oppression – à la barbarie – et, ce en dépit de l’intentionnalité émancipatrice de départ » Miguel abensour.

Pour autant les références historiques et théoriques sont présentes de manière régulière et toujours laudative dans l’œuvre de Miguel Abensour et de Cornelius Castoriadis. Lorsqu’Abensour fournit des exemples historiques de ce qu’il nomme « utopie », cela concerne presque systématiquement les soviets russes ou la Commune de Paris. Quant à Castoriadis, il n’a cessé de défendre l’idée qu’une vraie démocratie devrait fonctionner suivant un système de Conseils [Castoriadis, 1979].

Parfois aussi désigné par l’appellation « communisme de conseils » ou « communisme de gauche », ce courant, bien mal connu et  donc assez peu étudié, se situe quelque part entre le léninisme et l’anarchisme. Explicitement révolutionnaire, il s’éloigne cependant du léninisme par sa sévère critique de la bureaucratie et il se distingue de l’anarchisme par son refus du spontanéisme. Dans une recherche incessante de conciliation entre démocratie et efficacité, entre radicalité et pragmatisme, le conseillisme prend pour références historiques les conseils d’ouvriers et de paysans nés en Russie en 1905 et en février 1917, lors de la Révolution allemande de 1918-1919, à Turin la même année et à Budapest en 1956. Anton Pannekoek  et Rosa Luxemburg  constituent les deux théoriciens incontournables de ce courant, auxquels il faudrait ajouter ensuite des penseurs tels que Oskar Anweiler , Karl Korsch  et Maximilien Rubel .

Conseillisme révolutionnaire et Scop ne sont pas directement liés mais ce rapprochement se justifie à mes yeux par la recherche d’un projet d’autonomie  dépassant tout à la fois le libéralisme économique et la démocratie.

L’empire du bien

MOBILITE DOUCE

Je reviens d’un séjour en Hollande, plus exactement à Haarlem, Amsterdam, la Haye. J’ai pu vivre le charme de la mobilité douce et cela est ennivrant. Des vélos dans tous les sens et dans le désordre le plus total surgissent dans un carillon frénétique de sonnettes. Certes la voiture à disparu mais le passant également puisque le trottoir s’est transformé en un vaste garage à vélo, rejettant sur la route le piéton qui devient immédiatement un gibier pour le cycliste.

Des vélos partout sur la rue, les routes, mais pas que, il faut adjoindre les scoots électriques à cette agitation hystérique. Le chauffard est remplacé par le cyclard.

Des vélos, est ce encore des cycles? ils sont tous transformés avec des appendices en bois usagés pour transporter les enfants des bobos , les chiens, les courses…

Dès lors la mobilité redevient douce quand vous croisez un véhicule terrestre à moteur qui s’excuse de circuler encore et qui s arrête lui au feu rouge.

JOURNEE INTERNATIONALE

JOURNEE INTERNATIONALE

Je viens d’ apprendre qu’ il ne reste plus assez de date dans le calendrier international pour fêter chaque jour une nouvelle imbécilité.

Je passe sur les grands classiques désormais impérissables comme la journée internationale de la femme, contre la torture ou pour la paix.

Mais il nous reste encore une journée internationale des banques en décembre que je rapproche de la journée des légumineuses en février et de celle des zones humides en février également.

Je regroupe pour mon plaisir et par effet de contraste la journée internationale des femmes juges le 10 mars et celle du bonheur le 20 mars ainsi que celle de la lumière le 16 mai.

De même comment ne pas lier la journée des jeunes filles dans le secteur des TIC avec celle de la jeune fille le 11 0ctobre et la journée mondiale des toilettes le 19 novembre.

Enfin il nous reste la journée du vol spatial habité en avril pour ceux qui sont dans la lune et bien sur celle du compliment ou des parents.

Je vous laisse réfléchir longuement sur la journée internationale de la préparation aux épidémies le 27 décembre…

Merci à l ONU, à l Unesco et ses états membres pour ces moments de grâce. Ah si il reste cette nouvelle idée de génie qui demande aux citoyens du monde de proposer une journée internationale sur un thème de leur choix.

Alors je me lâche.

La journée internationale de la nuit.

La journée internationale pour tous.

La journée internationale de l internationale.

Et pour rester sur cet air du temps qui me plaît tant je vais finir ce moment de bonheur par une serie au grand cœur, donc indiscutable, avec un acteur de couleur et souriant, donc génial, une production Netflix donc populaire. Elle nous propose cette idée audacieuse de choisir un noir pour jouer au siècle passé en occident un malfaiteur que l on ne reconnaît jamais de part ses travestissement j ai nommé Arsène Lupin.

Chapeau bas.