D comme Dhotel

IL faut se laisser porter par les événements, se déprendre.

Quand rien ne se passe tout peut arriver. P. DAC ne disait il pas  » ne rien faire c’est déjà changer d activité ». Dhotel est avant tout le créateur d un monde habitable, qu’on ne peut comprendre qu’en le parcourant, en le quittant et en le retrouvant. Il s’agit de procéder par « tâtonnements ». Des lieux communs sont des éblouissements imaginaires ou le fantastique, le curieux, l étrange, de mêlent. Rien de grandiloquant, le gout du romanesque au détour d épines vinettes ou d’autres graminées. Une féerie hors du temps et de l espace Mais rien ne manque de la réalité , ni les conflits sociaux, ni les terribles familles, ni l’ardeur de la jeunesse, ni la trahison, ni la recherche du bonheur.

Partir de la vie quotidienne pour la replacer dans des féeries afin de mieux percer les apparences. Dhôtel nous croire au monde , à nos réalités, il nous fait éprouver la rude simplicité des existences.

  Ce jour-là de André Dhôtel Les seuls moments dignes d’être vécus lui semblaient ceux qu’il passait au bord de la rivière (les journées du dimanche et une heure de temps en temps quelque soir de la semaine). Dès qu’il se trouvait au milieu des herbes, devant l’eau, il se sentait aussi peu important qu’un moustique, et toute chose (y compris sa propre mort) lui paraissaient nécessairement paisibles et intéressantes.

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Si j’ai bien tout compris

Au pied du phare il fait nuit

Si j’ai bien tout compris Valérie Pécresse c’est 2/3 Angela Merkel et 1/3 Margareth Tchatcher. Mais pourquoi vouloir pousser l’analogie jusqu’à imprimer ses 2 visages sur le sien; on dirait une momie du musée Grévin.

Les français vont ils élire la première femme transhumaniste à la tête de l ‘état…

Si j’ai bien tout compris la France verse 140 millions d’euros au Fond d’aide au Développement pour le développement de la Chine, au vue du revenu par Habitant . Je crains que le gain pour 1 milliards 500 millions de chinois soit marginal mais quand on aime on ne compte pas. J’espère que nous serons informer en priorité par les autorités chinoises de la nouvelle épidémie made in china.

Si j’ai bien tout compris Zemmour est d’extrême droite, ainsi que Marine Le Pen, Dupont Aignan … mais Eric Ciotti est à la droite de la droite.

L’ensemble de ses personnes représentant presque 50% du corps des sondés je cherche autour de moi tous ces fascistes , sortez du bois pour faire plaisir à BHL et Apathie ; mais non je ne vois que des français… étrange.

Ah j’oubliais Mitterrand titulaire de la francisque , grand lecteur de Brasillach , premier client d’Elisabeth Tessier et de Jean Guitton , lui est de gauche… c’est compliqué la politique.

Si j’ai bien tout compris le Pape encourage les migrants à quitter leurs pays et il somme les résidants de ces pays de les accueillir sans rien demander en retour au nom d’un droit supérieur de la personne humaine qui visiblement ne concerne pas les non migrants. Il est vrai que le nombre de migrants accostant sur les rivages argentins est peu nombreux.

Il est vrai que ses migrants pour la plupart sont de culture musulmane et qu’ils vont contribuer à un dialogue œcuménique plus chaleureux notamment lors du catéchisme moment d’amour éternel pour l’église catholique.

Charité bien ordonné commençant par soi même j’invite le saint siège à ne pas confondre la charité individuelle et une politique d’état; que le Pape accueille en Amérique du sud et dans les églises du Vatican tous les migrants qui le désire.

Mais je crois que je n’ais pas tout compris.

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le voyage d’urien

« Quand l’amère nuit de pensée, d’étude et de théologique extase fut finie, mon âme qui depuis le soir brûlait solitaire et fidèle, sentant enfin venir l’aurore ,s’éveilla distraite et lassée. Sans que je m’en fusse aperçu, ma lampe s’était éteinte devant l’aube s’était ouverte ma croisée.

Je mouillai mon front à la rosée des vitres, et repoussant dans le passé ma rêverie consumée, les yeux dirigés vers l’aurore, je m’aventurai dans le val étroit des métempsychoses.

Aurores! surprises des mers, lumières orientales, dont le rêve ou le souvenir, la
nuit, hantait d’un désir de voyage notre fastidieuse étude désirs de brises et de
musiques, qui dirait ma joie lorsque enfin, après avoir marché longtemps comme
en songe dans cette tragique vallée, les hautes roches s’étant ouvertes, une mer
azurée s’est montrée Sur tes flots !Sur tes flots, pensai-je, voguerons-nous, mer éternelle, vers nos destinées inconnues ? nos âmes excessivement jeunes chercheront elles leur vaillance ?
Sur la plage m’attendaient les compagnons de pèlerinage je les reconnus tous, bien que ne sachant pas si je les avais vus quelque part mais nos vertus étaient pareilles. Le soleil planait déjà haut sur la mer. Ils étaient arrivés dès l’aube et regardaient monter les vagues. Je m’excusai de m’être fait attendre; eux me pardonnèrent, pensant qu’en chemin m’avaient arrêté encore quelques subtilités dogmatiques et des scrupules puis me reprochèrent pourtant de ne m’être pas plus simplement laissé venir. Comme
j’étais le dernier et qu’ils n’en attendaient plus d’autres, nous nous acheminâmes
vers la ville au grand port où appareillent les navires. Des clameurs en venaient vers
nous sur la plage »

Le voyage d’urien. André Gide

Je cite ce texte écrit à l’aube du XXème siècle pour sa dimension idéaliste et poétique. Un voyage intérieur au cœur d’une chambre et des affres de l ‘émotion.

Cette écriture vaincue par toutes sortes de création littéraire moderne reste un héritage du passé mais elle nous dit ne pas recherchez la connaissance pour elle même. Tout ce qui ne procède pas de l’émotion est , en poésie de valeur nulle.

Emotion conçue comme sentiment d’étrangeté.

L émotion abolit la chaine causale; elle est la seule à faire percevoir les choses en soi; la transmission de cette perception est la poesie.

Cette identité de buts entre philosophie et poésie est cette source secrète de la complicité qui les lie . La poésie littéraire c’est être en tête à tête avec l’ éternité.

Il en est de même avec ce texte de E. Jünger ou de Parménide .

VISITE A GODENHOLM

Les criaillements des oiseaux s’achevaient par des éclats de rire railleurs et discordants. Ils semblaient annoncer une naissance solennelle — clameurs prophétiques de bêtes augurales, qui précèdent la marée des images. Ils évoquaient les douleurs de la gésine, auxquelles Moltner résistait de toute sa force — bientôt, les visions allaient monter de l’abîme.

Lorsqu’il suivait la frange du rivage, il arrivait qu’il fit s’envoler par instants une bande d’oiseaux gris. Il voyait alors, tandis qu’ils battaient des ailes, stridents, autour de sa tête,- le poisson qui les avait assemblés, fantôme argenté, aux yeux exorbités,’ au ventre ouvert à coups de bec. Ses entrailles blêmes avaient été traînées à travers la plage. Cette image l’obsédait lorsqu’il entendait leurs cris, mais, en vertu d’une étrange inversion, il y trouvait Ie présage d’un éventrement.

Un frisson de fièvre le secoua ; il se tapit frileusement dans son manteau. Le temps était venu de mettre fin à tout cela. Il partirait dès demain. Il se le dit à lui-même, tout bas ; ces monologues devenaient fréquents. « Mieux eût valu le Sahara ; on aurait au moins vu le soleil. Mais c’est ma faute, si je me suis tant attardé après tout, j’aurais dû savoir ce qui me convient. »

La mer était si paisiblement lisse qu’à peine ourlait elle les falaises d’un friselis d’écume. Des oiseaux marins reposaient par groupes sur les ondes. On eût dit que la mélancolie, la déréliction du rivage prenaient au spectacle de ces rêveuses escadres une profondeur nouvelle — comme si le vide se fût noué en elles. Par instants, il élevait sa voix dans le cri d’une mouette. »

LE POEME

« Les cavales qui m’emportent, aussi loin que l’élan du cœur
peut atteindre, avançaient. Elles m’avaient conduit sur la route
riche en leçons de la divinité, route qui traverse les demeures
des hommes pour porter celui qui sait voir. C’est sur elle porté
que j’allais de l’avant, sur elle que, très avisées, m’entraînaient
les cavales attelées à mon char, tandis que des jeunes filles
guidaient la course. Et l’axe qui chauffe dans les moyeux jetait le
cri strident de la flûte, pressé des deux côtés par le cercle des
roues, quand les Filles du Soleil, une fois derrière elles les
demeures de la nuit, hâtaient leur course vers la lumière,
repoussant de la main les voiles qui couvraient leurs têtes. Là
sont les portes qui ouvrent sur les chemins de la Nuit et du Jour,
encastrées entre un linteau, en haut, et en bas un seuil de
pierre. »

Parménide

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Le médecin malgré lui

Si j’ai bien tout compris l’ordre des médecins accuse le professeur Raoult de charlatanisme.

Wanted

Molière est ressuscité , les femmes savantes et le Médecin malgré lui remis en scène.

Acte 1

Le Marseillais : « Comment? C’est un homme qui fait des miracles. Il y a six mois, qu’une femme fut abandonnée de tous les autres médecins. On la tenait morte, il y avait déjà six heures: et l’on se disposait à l’ensevelir, lorsqu’on y fit venir de force, l’homme dont nous parlons. Il lui mit, l’ayant vue, une petite goutte de je ne sais quoi dans la bouche: et dans le même instant, elle se leva de son lit, et se mit, aussitôt, à se promener dans sa chambre, comme si de rien n’eût été. »

Raoult : « Ah! je suis médecin: je l’avais oublié, mais je m’en ressouviens. De quoi est-il question? où faut-il se transporter? »

L’ ordre des médecins savants : « Il est un peu capricieux, comme je vous ai dit et parfois, il a des moments où son esprit s’échappe  et ne paraît pas ce qu’il est.

Le docteur Veran.— Oui, il aime à bouffonner, et l’on dirait parfois, ne m’en déplaise qu’il a quelque petit coup de hache à la tête.

Le Marseillais : Mais dans le fond, il est toute science: et bien souvent, il dit des choses tout à fait relevées. il parle comme s’il lisait dans un livre.  Sa réputation s’est déjà répandue ici et tout le monde vient à lui.

L’ordre des médecins savants : Je meurs d’envie de le voir, faites-le-moi vite venir.

Le docteur Veran : Je le vais quérir.

Le docteur Veran se tournant vers le malade Raoult : Donnez-moi votre bras. Voilà un pouls qui marque que vous êtes un charlatan.

 L’ordre des médecins savants :.Eh! oui, Monsieur, c’est là son mal: vous l’avez trouvé tout du premier coup. Voyez, comme il a deviné sa maladie.

Le docteur Veran :Nous autres grands médecins, nous connaissons d’abord, les choses. Un ignorant aurait été embarrassé, et vous eût été dire: «C’est ceci, c’est cela»: mais moi, je touche au but du premier coup, et je vous apprends que vous êtes  muet.

Acte 2

Raoult : «  je ne souhaite plus exercer la médecine ».

Applaudissements.

Macron se lève , les laboratoires ferment le ban.

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Les forêts de Sibérie

« Et si la liberté consistait à posséder le temps ?
Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d’espace et de silence – toutes choses dont manqueront les générations futures ?
Tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »

« La vie dans les bois permet de régler sa dette. Nous respirons, mangeons des fruits, cueillons des fleurs, nous baignons dans l’ eau de la rivière, et puis un jour, nous mourons sans payer l’addition à la planète. L’existence est une grivèlerie. L’idéal serait de traverser la vie tel le troll scandinave qui court la lande sans laisser de trace sur les bruyères. Il faudrait ériger le conseil de Baden-Powell en principe : “Lorsqu’on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements.”

« L’essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. Enfermé dans son cube de rondins, l’ermite ne souille pas la Terre. Au seuil de son isba, il regarde les saisons danser la gigue de l’éternel retour. Privé de machine, il entretient son corps. Coupé de toute communication, il déchiffre la langue des arbres. Libéré de la télévision, il découvre qu’une fenêtre est plus transparente qu’un écran. Sa cabane égaie la rive et pourvoit au confort. Un jour, on est las de parler de « décroissance » et d’amour de la nature. L’envie nous prend d’aligner nos actes et nos idées. Il est temps de quitter la ville et de tirer sur les discours le rideau des forêts.

La cabane, royaume de simplification. Sous le couvert des pins, la vie se réduit à des gestes vitaux. Le temps arraché aux corvées quotidiennes est occupé au repos, à la contemplation et aux menues jouissances. L’éventail de choses à accomplir est réduit. Lire, tirer de l’eau, couper le bois, écrire et verser le thé deviennent des liturgies. En ville, chaque acte se déroule au détriment de mille autres. La forêt resserre ce que la ville disperse. »

« En Russie, la forêt tend ses branches aux naufragés. Les croquants, les bandits, les cœurs purs, les résistants, ceux qui ne supportent d’obéir qu’aux lois non écrites, gagnent les taïgas. Un bois n’a jamais refusé l’asile. Les princes, eux, envoyaient leurs bûcherons pour abattre les bois. Pour administrer un pays, la règle est de défricher. Dans un royaume en ordre, la forêt est le dernier bastion de liberté à tomber.
L’Etat voit tout ; dans la forêt, on vit caché. L’Etat entend tout ; la forêt est nef de silence. L’Etat contrôle tout ; ici, seuls prévalent les codes immémoriaux. L’Etat veut des êtres soumis, des cœurs secs dans des corps présentables ; les taïgas ensauvagent les hommes et délient les âmes. Les Russes savent que la taïga est là si les choses tournent mal. Cette idée est ancrée dans l’inconscient. Les villes sont des expériences provisoires que les forêts recouvriront un jour. Au nord, dans les immensités de Yakoutie, la digestion a commencé. Là-bas, la taïga reconquiert des cités minières, abandonnées à la perestroïka. Dans cent ans, il ne restera de ces prisons à ciel ouvert que des ruines enfouies sous les  frondaisons. Une nation prospère sur une substitution de populations : les hommes remplacent les arbres. Un jour, l’histoire se retourne, et les arbres repoussent.


– Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie, Gallimard, 2011.

C comme convivialité

Convivialité

« Seul, dans sa fragilité, le verbe peut rassembler la foule des hommes pour que le déferlement de la violence se transforme en reconstruction conviviale. » Ivan ILLICH1

Let terme de société conviviale fait référence, bien sûr, au célèbre ouvrage d’Ivan Illich, La convivialité (1973). Cet ouvrage a été, au début des années 1970, l’un des textes les plus largement diffusés parmi ceux qui incitaient alors à une révision complète des modes d’organisation de nos sociétés. Ils avaient alerté l’opinion publique sur le fait que les évolutions mondiales en cours nous entraînaient vers une catastrophe et qu’il était grand temps d’entreprendre des changements radicaux. Puis, pendant une trentaine d’années, les analyses et les appels lancés par ces divers livres sont restés sans véritable écho, comme si leurs sombres prophéties avaient été conjurées pour toujours. Mais il faut se rendre à l’évidence : aucune des difficultés redoutables annoncées n’a été véritablement surmontée, aucun des problèmes résolus. Or les échéances se font de plus en plus pressantes. Il faut donc rouvrir à nouveaux frais la discussion engagée par Ivan Illich et se demander comment fabriquer une société plus vivable, plus conviviale en cessant de placer une confiance absolue dans les grands appareils techniques de la modernité – de moins en moins efficaces et conviviaux, de plus en plus contreproductifs –, et en se déprenant de l’espoir que la croissance économique puisse résoudre miraculeusement tous nos problèmes. Pour avancer dans ce débat, il faut, plus précisément, se mettre en position d’extirper les trois échardes qui s’enfoncent profondément dans la chair de nos sociétés et engendrent de plus en plus de souffrance sans qu’on sache trop bien – comme c’est le cas avec les échardes – d’où elle provient : – un fonctionnement exclusivement centré sur l’efficacité utilitariste ; – la focalisation sur une croissance qui met en péril la nature ; – et une chosification-marchandisation généralisée qui rend nos sociétés inhumaines.

Concepts clés développés dans son ouvrage La convivialité, Ivan Illich définit plusieurs concepts qui sont pour la plupart passés dans le vocabulaire courant. Les concepts développés sont à la base de son argumentation et leurs définitions même fondent le radicalisme de l’auteur. Dans La convivialité, Ivan Illich remet en cause la société industrielle et son impact sur l’humain. Cependant, l’auteur ne donne pas de définition précise de ce terme. On peut néanmoins en trouver une définition dans le dictionnaire des notions philosophiques qui décrit la société industrielle comme un « type de société qui, à partir du milieu du XVIII° siècle et au cours du XIX° siècle, s’est constitué en Europe à la faveur de la « révolution industrielle ». Supplantant d’abord en Angleterre, puis en France et dans tout l’Occident, la société traditionnelle (rurale, paysanne et artisanale), la société industrielle se caractérise par le machinisme (emploi systématique des machines dans la production économique, en remplacement de la force musculaire), la tendance à la production croissante (« reproduction élargie » du capital, K. Marx), l’urbanisation (explosion démographique et dépendance de la campagne par rapport à la ville), l’internationalisation du marché, etc. »

 Une société conviviale est « une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil » . Ivan Illich précise qu’il emprunte le terme de convivialité à Brillat-Savarin qui l’utilisa dans sa Physiologie du goût : Méditations sur la gastronomie transcendantale. Dans l’acceptation que l’auteur donne au terme, « c’est l’outil qui est convivial et non l’homme » .  Ivan Illich utilise une définition très large de la notion d’outil. Il emploie donc le terme d’outil au sens « d’instrument ou de moyen, soit qu’il soit né de l’activité fabricatrice, organisatrice ou rationalisante de l’homme, soit que, tel le silex préhistorique, il soit simplement approprié par la main pour réaliser une tâche spécifique, c’est à dire mis au service d’une intentionnalité » . Outil convivial : « L’outil est convivial dans la mesure où chacun peut l’utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. L’usage que chacun en fait n’empiète pas sur la liberté d’autrui d’en faire autant. Personne n’a besoin d’un diplôme pour s’en servir; on peut le prendre ou non. Entre l’homme et le monde, il est conducteur de sens, traducteur d’intentionnalité ». « L’homme qui trouve sa joie et son équilibre dans l’emploi de l’outil convivial […est] austère. […] L’austérité n’a pas vertu d’isolation ou de clôture sur soi.

Thomas définit l’austérité comme une vertu qui n’exclut pas tous les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle. L’austérité fait partie d’une vertu plus fragile qui la dépasse et qui l’englobe : c’est la joie, l’eutrapelia, l’amitié ».

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C comme CHAOS

Chaos

Le chaos possède dans le texte d’hésiode une double signification: il désigne d’une part le vide, le néant; d’autre part le désordre ce qui se donne d’emblée sur le mode du mélange. Au premier sens du terme le chaos renvoie à l’idée que le monde émerge du vide c’est à dire du néant que celui-ci est pure émergence en tant qu’il ne peut être considéré comme le produit d’une cause antérieure . Au second sens du mot le chaos signifie que le monde n’est pas intégralement organisé mais repose sur un désordre primordial puisque les formes déterminées qui lui donne la figure d’un cosmos organisé émerge de l’informe et l’indéterminé.

Mais que l’être ne soit pas intégralement déterminée ne signifie pas qu’il soit absolument indéterminable et comme rétif à toute détermination si l’être est à l’origine un chaos une multiplicité désordonnés sans structure il est aussi puissance de détermination créatrice. Le chaos ne constitue donc pas un pur désordre auquel cas il serait impossible d’en dire quelque chose. Il se donne toujours en même temps comme monde de forme organisée. La création est précisément la position de nouvelles déterminations.

Le magma désigne cette façon pour le chaos de s’arracher au désordre intégral ou rien ne fait ni sens ni forme afin de se constituer comme monde sans cette pré ordonnance des choses qui organise ce qui apparaît sous des formes génériques déterminées il ne pourrait exister aucun monde. Dans ces conditions le Magma permet de penser le mode d’être de ce qui n’est pas totalement ordonné ni intégré . C’est à partir de ce chaos initial que peuvent naître des entités nouvelles d’une certaine manière le magma ne se situe pas très loin de ce que Maurice Merleau-Ponty cherche à penser dans « le visible et l’invisible » sous le terme de chair. La chair forme cette texture qui constitue  « le milieu formateur de l’objet et du sujet », ce que Merleau-Ponty nomme l’invisible de ce monde celui qui l’ habite le soutien et le rend visible, sa possibilité intérieure et propre , « l’Être de cet état ».

Cette chair du monde ouvre à une dimension ontologique des choses.

Penser l’être comme auto création c’est à dire comme puissance  d’auto altération indéterminée en même temps que déterminante.

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Autonomie et vertus

Les vertus de l’autonomie

Un projet d’autonomie suppose d’articuler la sphère privée et la sphère publique.

Si le bonheur est une affaire privée, la liberté est une affaire publique. Cette distinction mérite d’être atténuée car la définition que les hommes se donne du bonheur dépend en grande partie des valeurs instituées du social historique, donc d’une dimension idéologique (au sens d’un assemblage entre du culturel et du politique).

Mais il est essentiel de sauvegarder cette frontière qui permet de ne pas « vouloir faire le bonheur des gens ».

Ce principe fondamental étant posé il est difficilement envisageable de chercher à transformer le mode de fonctionnement d’une société à partir de la volonté d’agir des personnes sans aborder la question du bien vivre pour soi et les autres.

Pour qu’il participe à la transformation, même à minima, de la nature du contrat social il convient que chaque personne en espère un gain, une amélioration de sa situation ou du bien commun.

Il me semble que cet avantage vise à une vie sociale plus apaisée, plus conviviale, plus frugale ce qui nécessite un long travail éducatif et culturel centré notamment sur le souci de soi et des autres.

Je pense à certaines vertus telles que la frugalité heureuse, l’Eutrapélie, la Padeia ; une approche renouvelée de l’honnête homme. « On ne nait pas homme, on le devient » (Erasme).

A titre d’illustration je vais présenter succinctement quelques vertus.

Eutrapélie

C’est sans doute la vertu la moins connue.

C’est Aristote et saint Thomas d’Aquin qui l’ont qualifié de vertu. Sa pratique est d’une grande importance dans la vie de société, de famille, de communauté.

Rappelons ici le sens positif et dynamique des vertus selon saint Thomas d’Aquin. Les vertus que l’on pratique et qui structurent notre vie morale sont, en profondeur, des forces, des dynamismes, des dispositions qui nous portent à poser des actions bonnes en canalisant vers le bien nos instincts, nos passions et nos désirs.  Thomas parle ainsi d’une vertu particulière qu’il nomme eutrapélie. Son rôle est de mettre de la saveur dans l’existence et de la mesure dans les plaisirs de la vie. Cette vertu d’eutrapélie appartient à un cercle plus général de vertus qui relèvent de la tempérance.

Elle est la force des caractères délibérément enjoués, le secret des personnes dont on envie la joie de vivre.

L’eutrapélie offre à l’âme et au corps, au sein même des difficultés, la détente qui les sauve du dépérissement. Cet art de la détente, cette vertu de la distraction, offerte avec cœur, allège considérablement la gravité ombrageuse des actes et des propos. Plus qu’un don ou un talent, l’eutrapélie est une vertu offerte à quiconque veut en jouir. Elle manque parfois si douloureusement dans la vie privée comme dans la vie professionnelle.

« Ceux qui refusent de se distraire, qui ne racontent jamais de plaisanteries et rebutent ceux qui en disent, ceux-là sont vicieux, pénibles et mal élevés » (Thomas d’Aquin, Somme de théologie, IIa IIae, q. 168, a. 4). Voilà qui est clair !

Il y a bien des variétés de bonne humeur : la bonne humeur de la jeunesse, surabondance de vitalité ; la bonne humeur des beaux jours, quand les choses réussissent à souhait ; la bonne humeur viscérale des tempéraments heureux et naturellement optimistes ; la bonne humeur exubérante, trop exubérante sans doute, plus proche de l’hybris (l’excès) que de la justesse ; il y a même une bonne humeur ascétique qui ressemble plus à une grimace qu’à un sourire.  Celle dont on fait ici la défense et l’illustration n’est pas fonction de la santé, du temps ou des aléas de la vie. Comme le rappelle H. Caffarel avec poésie et spiritualité : « Elle a sa source au centre de l’âme. Elle possède d’ailleurs des nuances variées : tantôt discrète, elle s’offre comme une lumière ; rieuse, elle nous entraîne dans sa ronde ; conquérante, elle arrache au spleen ; pénétrante, elle réchauffe les terres glacées ».

Cette forme d’affabilité se conquiert comme les autres vertus ; L’eutrapélie est ainsi une vertu reposante, l’excellence du délassement. D’une part, elle dissipe les tensions qui résultent d’un manque de détente ; d’autre part, elle modère les excès dans le jeu et la recherche du plaisir. Sa pratique apporte donc un équilibre appréciable dans une vie humaine et spirituelle.

Frugalité heureuse

Je renvoie au site Frugalité heureuse et créative ainsi qu’aux vidéo sur UTube . A titre d’exemples il peut s’agir de valoriser des expériences visant à une agriculture soucieuse des humains et de la nature tout en garantissant des approvisionnements suffisants ; le développement d’une économie coopérative dont nous avons déjà parlé, valoriser une plus grande sobriété.

Paideia : cette vertu grec est difficile à résumer mais elle consiste à la mise en œuvre par les   gouvernants des moyens culturels visant à favoriser l’élévation spirituelle des citoyens.

Le chantier est vaste tant ce terrain fut cédé au mercantilisme.

Les initiatives possibles en la matière ne manquent pas.

« Pour que la société puisse effectivement être libre, être autonome, pour qu’elle puisse changer ses institutions, elle a besoin d’institutions qui lui permettent de le faire. Que veut dire, par exemple, la liberté ou la possibilité pour les citoyens de participer, le fait de s’élever contre l’anonymat d’une démocratie de masse, s’il n’y a pas dans la société dont nous parlons quelque chose qui est la paideia, l’éducation du citoyen ? Il ne s’agit pas de lui apprendre l’arithmétique, il s’agit de lui apprendre à être citoyen. Personne ne naît citoyen. Et comment le devient-on ? En apprenant à l’être. On l’apprend, d’abord, en regardant la cité dans laquelle on se trouve. Et certainement pas cette télévision qu’on regarde aujourd’hui. Or cela fait partie du régime. Il faut un régime d’éducation. » (Cornelius CASTORIADIS).

Convivialisme : Un article est consacré à cette vertu.

« Seul, dans sa fragilité, le verbe peut rassembler la foule des hommes pour que le déferlement de la violence se transforme en reconstruction conviviale. » Ivan ILLICH1

Let terme de société conviviale fait référence, bien sûr, au célèbre ouvrage d’Ivan Illich, La convivialité (1973). Cet ouvrage a été, au début des années 1970, l’un des textes les plus largement diffusés parmi ceux qui incitaient alors à une révision complète des modes d’organisation de nos sociétés. Ils avaient alerté l’opinion publique sur le fait que les évolutions mondiales en cours nous entraînaient vers une catastrophe et qu’il était grand temps d’entreprendre des changements radicaux. Puis, pendant une trentaine d’années, les analyses et les appels lancés par ces divers livres sont restés sans véritable écho, comme si leurs sombres prophéties avaient été conjurées pour toujours. Mais il faut se rendre à l’évidence : aucune des difficultés redoutables annoncées n’a été véritablement surmontée, aucun des problèmes résolus. Or les échéances se font de plus en plus pressantes. Il faut donc rouvrir à nouveaux frais la discussion engagée par Ivan Illich et se demander comment fabriquer une société plus vivable, plus conviviale en cessant de placer une confiance absolue dans les grands appareils techniques de la modernité – de moins en moins efficaces et conviviaux, de plus en plus contreproductifs –, et en se déprenant de l’espoir que la croissance économique puisse résoudre miraculeusement tous nos problèmes. Pour avancer dans ce débat, il faut, plus précisément, se mettre en position d’extirper les trois échardes qui s’enfoncent profondément dans la chair de nos sociétés et engendrent de plus en plus de souffrance sans qu’on sache trop bien – comme c’est le cas avec les échardes – d’où elle provient : – un fonctionnement exclusivement centré sur l’efficacité utilitariste ; – la focalisation sur une croissance qui met en péril la nature ; – et une chosification-marchandisation généralisée qui rend nos sociétés inhumaines.

Concepts clés développés dans son ouvrage La convivialité, Ivan Illich définit plusieurs concepts qui sont pour la plupart passés dans le vocabulaire courant. Les concepts développés sont à la base de son argumentation et leurs définitions même fondent le radicalisme de l’auteur. Dans La convivialité, Ivan Illich remet en cause la société industrielle et son impact sur l’humain. Cependant, l’auteur ne donne pas de définition précise de ce terme. On peut néanmoins en trouver une définition dans le dictionnaire des notions philosophiques qui décrit la société industrielle comme un « type de société qui, à partir du milieu du XVIII° siècle et au cours du XIX° siècle, s’est constitué en Europe à la faveur de la « révolution industrielle ». Supplantant d’abord en Angleterre, puis en France et dans tout l’Occident, la société traditionnelle (rurale, paysanne et artisanale), la société industrielle se caractérise par le machinisme (emploi systématique des machines dans la production économique, en remplacement de la force musculaire), la tendance à la production croissante (« reproduction élargie » du capital, K. Marx), l’urbanisation (explosion démographique et dépendance de la campagne par rapport à la ville), l’internationalisation du marché, etc. »

 Une société conviviale est « une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil » . Ivan Illich précise qu’il emprunte le terme de convivialité à Brillat-Savarin qui l’utilisa dans sa Physiologie du goût : Méditations sur la gastronomie transcendantale. Dans l’acceptation que l’auteur donne au terme, « c’est l’outil qui est convivial et non l’homme » .  Ivan Illich utilise une définition très large de la notion d’outil. Il emploie donc le terme d’outil au sens « d’instrument ou de moyen, soit qu’il soit né de l’activité fabricatrice, organisatrice ou rationalisante de l’homme, soit que, tel le silex préhistorique, il soit simplement approprié par la main pour réaliser une tâche spécifique, c’est à dire mis au service d’une intentionnalité » . Outil convivial : « L’outil est convivial dans la mesure où chacun peut l’utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire, à des fins qu’il détermine lui-même. L’usage que chacun en fait n’empiète pas sur la liberté d’autrui d’en faire autant. Personne n’a besoin d’un diplôme pour s’en servir; on peut le prendre ou non. Entre l’homme et le monde, il est conducteur de sens, traducteur d’intentionnalité ». « L’homme qui trouve sa joie et son équilibre dans l’emploi de l’outil convivial […est] austère. […] L’austérité n’a pas vertu d’isolation ou de clôture sur soi.

Thomas définit l’austérité comme une vertu qui n’exclut pas tous les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle. L’austérité fait partie d’une vertu plus fragile qui la dépasse et qui l’englobe : c’est la joie, l’eutrapelia, l’amitié ».

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La magie de Noël

Un peu de poésie.

L’empire du bien avance masqué.

Souris puisque c’est grave.

L’ année dernière la magie des marchés de Noël a disparu.

Les années précédentes le marché de Noël s’était manger gras sur sucre, déguster au sens propre du vin chaud de vidange, se travestir avec des bonnets ridicules et acheter des objets choupinets made in china.

Cette année la magie opére de nouveau.

Des barrières pour fortifier le camp retrancher du marché de Noël, un pass sanitaire à l’entrée, une fouilles des sacs et passage aux pistolets anti métaux sur le corps.

Allez hop c’ est la fête au camp de rétention des gens heureux et des baraques hideuses.

Et encore faut pas se plaindre, cela aurait pu être pire, annuler par exemple. Alors vraiment un grand merci aux autorités.

Reste des questions essentielles.

Le père Noël doit il porter un masque ? Peut il être une mère Noël pour respecter la parité ? Les Rennes ne rentrent ils pas sous le coup de la nouvelle loi pour la causes animale ? Faut il se forcer à être gai car c’est la fête ? Faut il pardonner tous les mensonges d état sous la couronne d’épine ?

Que reste t il de magique !

Sûrement la vie et tout ce qui nous reste de libre arbitre.

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Autonomie et Eutrapelia

Un projet d’autonomie pour les individus ne peut pas à mon sens ne reposer que sur  l’éducation, l’action, la praxis ,l’émancipation par les luttes.

La dimension anthropologique nécessite de revenir sur deux dimensions souvent occultées ou disqualifiées : l’imagination et le spirituel.

Il ne s’agit pas pour moi de revenir à la pensée personnaliste des années soixante dix  portée par la revue Esprit mais d’approfondir un travail sur les conditions susceptibles de permettre ou favoriser un projet d’autonomie.

L’ imagination doit être vue comme une faculté propre à l’intellect humain à l’égal de l’entendement de la raison. La place accordée par la philosophie à l’imagination créatrice dans le domaine de l’art est significative à cet égard.

Kant par exemple reconnaît le rôle central de l ‘art et le génie de l’imagination en tant que un mode d’être originairement créateur où est littéralement produit des formes inédites à travers l’invention de règles nouvelles.

L’imagination radicale forme ce à partir de quoi surgissent des chaînes et les figures qui conditionne toute représentation et toute pensée . L’imaginaire radical se manifeste sous deux formes , l’imaginaire social qui crée les significations s’incarne dans le complexe des institutions de la société et l’imagination radicale de l’imagination à l’œuvre dans le « psychisme « humain individuel c’est donc l’imagination entendu comme faculté créatrice.

Mais, l’imagination a toujours été tenu par les philosophies pour une faculté humaine secondaire au mieux instruments utiles à la connaissance dans son effort pour articuler l’expérience et de concept au pire source d’illusions néfastes qui fait passer le faux pour le vrai et brouille les repères entre le réel et l’irréel.

Cette faculté humaine est primordiale car elle permet de penser le Chaos.

Le chaos possède dans le texte d’hésiode une double signification: il désigne d’une part le vide, le néant; d’autre part le désordre ce qui se donne d’emblée sur le mode du mélange. Au premier sens du terme le chaos renvoie à l’idée que le monde émerge du vide c’est à dire du néant que celui-ci est pure émergence en tant qu’il ne peut être considéré comme le produit d’une cause antérieure . Au second sens du mot le chaos signifie que le monde n’est pas intégralement organisé mais repose sur un désordre primordial puisque les formes déterminées qui lui donne la figure d’un cosmos organisé émerge de l’informe et l’indéterminé.

Mais que l’être ne soit pas intégralement déterminée ne signifie pas qu’il soit absolument indéterminable et comme rétif à toute détermination si l’être est à l’origine un chaos une multiplicité désordonnés sans structure il est aussi puissance de détermination créatrice. Le chaos ne constitue donc pas un pur désordre auquel cas il serait impossible d’en dire quelque chose. Il se donne toujours en même temps comme monde de forme organisée. La création est précisément la position de nouvelles déterminations.

Le magma désigne cette façon pour le chaos de s’arracher au désordre intégral ou rien ne fait ni sens ni forme afin de se constituer comme monde sans cette pré ordonnance des choses qui organise ce qui apparaît sous des formes génériques déterminées il ne pourrait exister aucun monde. Dans ces conditions le Magma permet de penser le mode d’être de ce qui n’est pas totalement ordonné ni intégré . C’est à partir de ce chaos initial que peuvent naître des entités nouvelles d’une certaine manière le magma ne se situe pas très loin de ce que Maurice Merleau-Ponty cherche à penser dans « le visible et l’invisible » sous le terme de chair. La chair forme cette texture qui constitue  « le milieu formateur de l’objet et du sujet », ce que Merleau-Ponty nomme l’invisible de ce monde celui qui l’ habite le soutien et le rend visible, sa possibilité intérieure et propre , « l’Être de cet état ».

Cette chair du monde ouvre à une dimension ontologique des choses.

Penser l’être comme auto création c’est à dire comme puissance  d’auto altération indéterminée en même temps que déterminante

L’imagination est  aujourd’hui considéré comme une faculté de la psyché et la psychanalyse s’est largement appropriée ce terrain d’étude. Mais appartient elle à cette catégorisation ; si oui n’est-elle que cela ? Quels liens entre Imagination et esprit ?

Le lien avec la Philocalie tient notamment à l’interprétation du Noûs .

Le mot a été longtemps traduit par esprit mais alors il y a une confusion avec la traduction du pneuma grec qui est précisément esprit et finalement occultation du sens spécifique du  Noûs que l’on peut   traduire  par intelligence .

Cette traduction est plus fidèle à la tradition , parce que l’intelligence  est un terme ambivalent faculté mais aussi activités, il peut s’appliquer à la connaissance du monde comme à la connaissance de l être ; ensuite parce que l’ambivalence permet le retournement la métanoïa le repentir ontologique le passage d’une connaissance à l’autre.

L ‘intelligence en grec le noûs cessant de se tourner continuellement vers le monde pour le connaître et l’utiliser jusqu’à la limite du possible se retourne sur elle-même pour se confier par impossible à l’origine du monde ; c’est l’envers silencieux de la philosophie.

Ce qui est dit intelligence c’est l’énergie de cette intelligence suscitée par les beaux raisonnements et les pensées et qui est appelée cœur par la philocalie . Le lieu ou demeure la plus importante de nos puissances intérieures l’intelligence et l’âme douée de raison qui est en nous.

« L’homme qui trouve sa joie et son équilibre dans l’emploi de l’outil convivial […] L’austérité n’a pas vertu d’isolation ou de clôture sur soi » pour Aristote comme pour Thomas d’Aquin.

Thomas définit l’austérité comme une vertu qui n’exclut pas tous les plaisirs, mais seulement ceux qui dégradent la relation personnelle. L’austérité fait partie d’une vertu plus fragile qui la dépasse et qui l’englobe : c’est la joie, l’eutrapelia, l’amitié ».

L’homme possède en lui-même une ouverture vers l’infini.

On ne peut connaître la vérité que librement, mais, en retour, celle-ci apporte un contenu positif à toute forme de liberté, la remplit, l’oriente, et, par cela, libère réellement La liberté encore négative et vide, le — « être libre de » – passe à la liberté positive — « être libre pour ». La liberté est la forme de la vérité, et celle-ci est le contenu de la liberté.

A l’affirmation de Sartre, l’homme est condamné à la liberté, Merleau-Ponty répond admirablement : l’homme est condamné au sens.

La volonté est une fonction de la nature, elle porte ses désirs, c’est pourquoi l’ascétisme cultive avant tout le renoncement à la volonté, l’affranchissement de toute nécessité venant de la nature. Par contre, la liberté relève de la personne et fait de celle-ci le maître de tout esclavage et de toute nécessité naturelle. « Dieu a honoré l’homme en lui conférant la liberté, afin que le bien appartienne en propre à celui qui le choisit dit St Grégoire de Nysse. St Maxime va plus loin : pour lui le besoin même de choisir est une indigence, le parfait est au-delà de l’option, il engendre le bien. Il produit ses propres raisons.

Il faut éviter toute confusion entre le terme psychologique de volonté et le terme métaphysique de liberté. La liberté est le fondement métaphysique de la volonté. La volonté est encore liée à la nature, elle est soumise aux nécessités au aux buts immédiats. La liberté relève de l’esprit, de la personne. Tout être humain possède un rudiment de personne, un centre psychologique d’intégration qui fait graviter le tout autour du soi métaphysique et forme la conscience de soi : c’est le prosopon ( la personne) . La personne est une catégorie spirituelle. Si l’individu est une partie individualisée du tout de la nature, par contre le tout de la nature est inclus dans la personne.

« Faire, et en faisant, se faire » formule philosophique, que la théologie élève à cette autre formule : « se faire en se dépassant » ; non pas Sum, mais Sursum. C’est la transcendance incessante de soi

L’homme est libre, absolument libre. Que voilà une nouvelle que le monde chrétien ignore le plus souvent. L’homme créé à l’image de dieu et participant à la nature spirituelle n’est pas simplement un individu. Il est aussi une personne. La personne se différencie des autres personnes non en s’appropriant quelque chose que les autres ne possèderaient pas, non en se caractérisant par des particularités exprimables, mais en étant nu sujet irréductible à tout autre, qui ne se différencie des autres qu’en possédant selon sa manière propre (tropos) ce que tous sont, et que tous possèdent. La personne est communion. St Cassien met l’accent sur le fait que l’homme a reçu le libre arbitre pour répondre à la grâce divine.

Il est certain que cette doctrine dépasse tout moralisme. Elle se fonde avant tout sur la connaissance de l être, mais aussi sur la connaissance des sens du corps et de l’âme.

Elle sous entend aussi, peut-être, la faculté de rester un peu nomade, pour ne pas dire errant, tout au moins en esprit, cela signifie de laisser une place à la culture et de na pas la sacrifier à la civilisation, à la technique et à l’efficacité.

Cela signifie également de savoir s’abstraire de son cadre de vie, nécessairement aliénant, et garder les yeux ouverts sur le vaste monde. Le danger de la sédentarisation c’est la naissance de l’uniformisme et de l’habitude.

Depuis la fin du moyen âge, surtout dans les pays d’Europe occidentale, l’enseignement des auteurs spirituels est devenu largement tributaire d’une psychologie qui a perdu le sens de l’unité profonde de l’homme. En même temps que l’on dissocie le corporel et le spirituel, on considère séparément la sensibilité, l’intelligence et la volonté : dans la sensibilité on s’efforcera de susciter de bons sentiments, en faisant largement appel à l’imagination et à l’émotion ; l’intelligence sera nourrie d’idées claires et distinctes, et appelée à construire de solides raisonnements ; à la volonté, on demandera de produire des décisions et des résolutions, fondées sur les connaissances de la raison et soutenues par les bons sentiments.

Mais ce n’est pas en additionnant des bons sentiments, par nature éphémères, des idées spirituelles, assez théoriques, et de bonnes résolutions, fragiles parce que sans racines véritables, que l’on suscitera une vie spirituelle forte, stable, joyeuse, capable d’intégrer toute la vie.

De fait, cette dissociation conçoit l’homme avant tout comme un individu. Nous ne reviendrons pas sur ce processus d’individualisation de l’homme, il est lié à cette conception religieuse de l’homme, à l’émergence de la société civile, de la ville, de la raison…

C’est pourquoi les sociétés modernes oscillent sans cesse entre un modèle totalitaire, où l’individu est contraint de se conformer à l’ensemble par une violence extérieure qui viole la dignité de la personne plus encore que les « droits » de l’homme individuel, et un modèle libéral, ou le libre jeu des intérêts individuels et des volontés propres risque toujours d’instaurer la loi de la jungle. Et de même que le principe personnaliste de la cohésion sociale est perdu ; l’individu apparaît comme éclaté, tiraillé entre des idéaux abstraits et des rêves vite démentis par la réalité, un appétit de puissance et de consommation qui l’aliène, et des pulsions agressives qu’il ne maîtrise pas. La modernité risque ainsi de n’être qu’une tragique résurgence du vieux monde.

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