Je ne dis rien du conflit entre l’Ukraine et la Russie, à quoi bon c’est décidé d’un côté le camp du bien et de l’autre celui du mal ; rien à dire de plus sur la vie politique Française si ce n’est confirmée cette lente descente aux abimes de celle-ci ; c’est un classique mais il faut que tout change pour que rien ne change et nous vivons dans la poudre de perlimpinpin.
Il va donc falloir être imaginatif.
Oui parlons du bonheur.
Depuis neuf ans, le classement des pays les plus heureux au monde établi par le World Happiness Report de l’ONU est publié par le United Nations Sustainable Development Solutions Networkd. On découvre tous les ans les pays dans lesquels il est agréable de vivre.
Cette année aussi, 150 pays ont été comparés. Pour dresser cette liste, plusieurs critères ont été pris en compte comme la satisfaction que les habitants ont de leur vie, les émotions positives et les émotions négatives. Mais cela ne s’arrête pas là. En effet, d’autres facteurs ont été déterminants comme le revenu, le soutien social ‘espérance de vie la liberté, la générosité ou encore le niveau de corruption.
Pour la cinquième fois consécutive, la première place revient à la Finlande. Comme l’indique le site « Géo » : « cette nation nordique est plébiscitée pour sa faible criminalité, peu d’inégalités, des services publics performants, et une confiance élevée envers les autorités.
Et contrairement aux idées reçues, la suite du classement ne se compose pas de destinations où l’on retrouve des plages à perte de vue ou de superbes cocotiers. A vrai dire, c’est tout l’inverse. En effet, ce sont les pays nordiques qui ont plutôt la cote puisqu’on retrouve par la suite le Danemark, l’Islande, la Suisse ou encore les Pays-Bas.
Alors allons y mordons à pleine dents dans le bonheur.
Finlande
Avec une note de 7,82 sur 10, la Finlande se classe en haut de ce top. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ce pays nordique de 5,5 millions d’habitants, décroche la médaille d’’or. À vrai dire, c’est la cinquième année consécutive que la Finlande est en tête de liste. D’ailleurs en 2021, le coauteur du rapport, Jeffrey Sachs, confiait : « la leçon du Rapport mondial sur le bonheur ces dernières années est que la solidarité sociale, la générosité entre les gens et l’honnêteté du gouvernement sont cruciales pour le bien-être ». De plus, le taux d’emploi élevé est un vrai atout. On compte seulement 9 % de chômeurs. Les employés gagnent également un salaire élevé de 45 000 euros par an. Enfin, en Finlande l’environnement est un critère essentiel. D’ailleurs, le pays est connu pour son faible taux de pollution.
Danemark
Le Danemark est souvent présent dans les classements des pays les plus sûrs du monde. D’ailleurs Copenhague fait partie des villes dans lesquelles l’ambiance est rassurante. D’après une étude menée par les Universités de Leicester et de Rotterdam, les Danois seraient le peuple le plus heureux du monde.
Islande
Glaciers, volcans, cascades : l’Islande est réputée pour sa nature exceptionnelle. D’ailleurs ces différents sites sont apparus dans la série Game of Thrones et attirent chaque année de nombreux touristes. D’après un rapport sur le bien-être de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE) de 2017, l’Islande arrive en tête de liste sur de nombreux critères mesurant la qualité de vie. En effet, le pays se classe en haut du tableau en termes de qualité de l’air et de l’eau, de l’entraide sociale, le marché du travail et enfin 98 % de la population déclarent avoir quelqu’un sur qui compter.
Bon jusqu’à présent il semble clair que le Froid est une source de stabilité et de convivialité.
Il vaut mieux être a l’extrême nord qu’a l’extrême sud … ne pas perdre le Nord donc.
Suisse
En Suisse, le taux de chômage est particulièrement bas. En 2016, il s’élevait à 3.1 % soit trois fois moins que la France. De plus, le salaire moyen suisse s’élève de 7 928 euros. Le marché du travail Suisse serait d’ailleurs très florissant. La Suisse est régulièrement classée parmi les pays les plus stables et sûrs dans le monde entier. Elle affiche ainsi une stabilité politique et économique qui incite les gens à vivre là-bas.
La suisse dans le classement c’est cohérent c’est cohérent c’est petit et il neige.
Pays-Bas
En 2017, Adrien Lepert, un Français de 30 ans qui habitait à Amsterdam depuis sept ans confiait son ressenti au journal Le Monde : « Vivre à Amsterdam, c’est avoir les avantages d’une capitale sans les inconvénients. À savoir le dynamisme économique, la culture, la vie sociale… sans la pollution, le trafic ou le stress ». De plus, son système d’éducation performant et ses opportunités d’emploi font de ce pays un endroit où il est agréable de vivre.
Je ne veux pas m’auto-citer mais j’ invite à lire mon article sur la mobilité douce….
Le problème de la Hollande comme souvent c’est les hollandais.Une stature de lait Tetrabrik avec un cerveau insuffisamment développé vers la finesse.
Luxembourg
Le Luxembourg est un lieu de vie et de travail à la fois dynamique et agréable. Son système de santé et de sécurité efficace, ses salaires attractifs, et son taux de chômage bas sont des atouts indéniables. Autre détail qui a son importance, le taux de criminalité du Luxembourg figure parmi les plus bas du monde. Autant de critères qui lui ont permis d’atteindre la belle note de 7,40 sur 10.
Enfin du nouveau.
Apres la Neige, la pluie bien sûr. Et toujours un petit pays qui ressemble a celui de la série Le Prisonnier. je peux en parler j’y habite.
Le bonheur c’est une grosse bière, une grosse part de biche, le tout dans une grosse Porsche ou Maserati avec un gros égo et la volonté farouche d’être les premiers de la classe. Ah j oubliais il y a un jour férié pour la journée de l’Europe.
Suède
D’après l’IDH, qui est l’indice économique de qualité de vie, le système suédois garantit l’un des meilleurs IDH au monde. Ce pays offre de nombreux paysages incroyables. À noter, que le respect de la nature est essentiel pour ses habitants. On compte là-bas des centaines de milliers de lacs, de forêts ou encore des montagnes qui sont à l’origine de la renommée de la Suède.
Retour au froid, à la moitié de l’année dans le noir et au supplice de supporter Meurtre à Sandhamn et son héroïne mi bobonne mi nymphomane et férue de psychologie magazine.
Norvège
La Norvège se classe en huitième position de ce top avec une note de 7,36. Un résultat que le pays doit sûrement à sa nature exceptionnelle, ses grands espaces verts mais aussi à son équilibre juste entre le travail et la famille. Par ailleurs, les avantages ne s’arrêtent pas là, puisqu’on compte également un bon système de sécurité sociale ou encore un taux de chômage bas.
… retour à la Neige et au Froid.
Israël
En 2020, Israël était déjà placé à la 29ème position des meilleurs pays où il fait bon de vivre d’après le média Israël Hayom qui s’est basé sur le classement du site Best Countries. Ainsi, le pays a remporté un bon score en matière d’économie, d’influence culturelle ou encore de qualité de vie.
Enfin du neuf…. Il fait soleil, chaud… mais on parle d’Israël ou de Tel Aviv?
Ce qui ne change pas, la taille du pays.
Nouvelle Zélande
La Nouvelle-Zélande comporte de nombreux avantages : bonne qualité de vie, simplicité administrative, économie stable, paysages inégalés et nombreuses activités de loisirs. Ce pays a donc tout pour plaire que ce soient de magnifiques paysages en passant par une économie stable et un excellent niveau de vie. D’ailleurs, selon l’Enquête Mercer, Auckland est dans le top 3 des villes les plus agréables.
Enfin le syncrétisme, un petit pays et il neige et il fait chaud.
A noter que la France gagne cette année deux places et arrive ainsi à la 20ème position. En bas du classement, on retrouve le Liban et l’Afghanistan étonnant non… surement le climat.
Alors un pays de bonheur c’est quoi ….. Prenons les premiers sur la boîte.
C’est petit, la météo est pourrie en général, on gagne plein d’argent et là c’est un scoop ; on se tient à distance de toutes sortes de conflit (Israël mis à part…. Mais moi je parle de Tel Aviv) et on proclame très fort que la guerre c’est pas beau (surtout chez nous), que l’immigration est une chance (surtout chez les autres), que l’argent c’est pas tout (on en a tout plein) et que l’alcool c’est dangereux (mais on se saoule à l’étranger).
Reste une énigme pour les pays scandinaves , ils sont dans le top 4 des pays ou les femmes reconnaissent avoir du plaisir et du désir en ce qui concerne le sexe :
Finlande (79%)
Suède (78%)
Danemark (76%)
Norvège (76%)
Parmi toutes les répondantes, certaines ont confié avoir un appétit sexuel plus élevé que la moyenne, s’approchant parfois de la nymphomanie…doux pays.
Par exemple , 39% des Suédoises estiment avoir un désir sexuel plus élevé que les autres femmes, 35% des Norvégiennes, 34% des Italiennes et des Danoises, 33% des Portugaises et 30% des Américaines.
Loin derrière, seules 21% des femmes françaises interrogées pensent aimer plus le sexe que les autres.
J’ai bien une hypothèse … il fait froid, il fait nuit, on ne boit pas…. Ou alors les femmes nordiques sont bien plus libres dans leurs têtes et leurs corps et donc souffre moins de migraine… ou bien les hommes nordiques sont tous des vikings ou des êtres exquis attacher à satisfaire Greta… ou tout cela n’est que de la fanfaronnade et je salue la discrétion de la Bellissima Italienne de l’iconique Française et de la Geisha Japonaise.
« Je ne dois rien à mes frères, je ne suis pas leur créancier. » Ayn Rand
Inconnue en France, Ayn Rand (1905-1982) est une icône aux Etats-Unis. Une enquête menée par la Bibliothèque du Congrès sur les livres ayant le plus influencé les Américains fait arriver son best-seller Atlas Shrugged(1957) en deuxième position après… la Bible. Selon elle, un homme ne doit vivre que par et pour lui-même. Comment ? En usant de sa raison, incompatible avec la foi, en suivant son seul intérêt rationnel pour forger sa liberté et se tailler la part du lion au sein du système idéal, le laisser-faire capitaliste.
Qualifier de Libertarienne ce dont elle se défendait car elle accorde à L’Etat une place sur les fonctions régaliennes, la pensée de Ayn Rand est totalement étrangère à la société française contemporaine qui ne respire que par l’état social à la Habermas…
Si étrangère que ses œuvres principales ne sont même pas traduites en Français …
Alors à quoi bon en parlez ?
Au-delà des polémiques stériles sur le camp du bien et le camp du mal, de certains a priori de sa pensée qui rejette le social au profit de l’entrepreneuriat, de sa volonté farouche de ne pas effectuer des transferts de solidarité il n’en demeure pas moins que vue les excès de la société française fondée sur un égalitarisme des conditions, un refus de la méritocratie et un rêve d’assistanat total il est urgent de lire Ayn Rand et de remettre au centre des choix la vertu de « Vivre pour soi ».
« Tout homme digne de ce nom ne vit que pour lui-même. Celui qui ne le fait pas ne vit pas. Vous n’y pouvez rien. Nous n’y pouvons rien puisque l’homme est né ainsi, seul, entier, une fin en soi. Aucune loi, aucun parti ne pourra jamais tuer cette chose : l’homme qui sait dire je.
Protagoras le disait déjà « l’homme est la mesure de toute chose ».
Un homme qui s’efforce de vivre pour les autres est un homme dépendant. L’altruisme est cette doctrine qui demande à l’homme qu’il place les autres au-dessus de lui-même. C’est le fait de se sacrifier soi-même aux autres. Le masochisme comme idée moral.
La Meilleur illustration reste les règles sanitaires , dont le port du masque, qui si vous ne portez pas pour vous vous le portez pour les autres , soit, mais surtout pour sauvegarder le système de santé… la pensée sacrificielle au service de l’ inutile puisque la crise de l hôpital est systémique et financière.
A bien y penser le masochisme comme idée moral semble bien devenue une vertu afin de faire vivre en chacun une culpabilité non plus chrétienne mais social et existentielle qui vise a limiter la volonté de puissance.
Portant je n’ai aucune obligation envers les autres : juste respecter leur indépendance comme j’exige qu’ils respectent la mienne.
Le temps est peut-être venu de revenir à L’égoïsme salvateur et à la pratique du libre-échange volontaire avec les autres, contre lesquels on ne doit jamais initier la force.
IL faut se libérer de sa culpabilité.
« L’éthique objectiviste prône et soutient fièrement l’égoïsme rationnel, c’est-à-dire les valeurs requises pour la survie de l’homme en tant que tel, c’est-à-dire les valeurs requises pour la survie humaine. » Ayn Rand, 1961
Cette âme américaine, Ayn Rand, née en Russie sous le nom d’Alisa Rosenbaum, l’a désirée de tout son corps. Comme un antidote au communisme, au nom duquel furent confisqués en 1917 l’appartement familial et la pharmacie paternelle à Saint-Pétersbourg. Passionnée par le cinéma, Alisa s’inscrit en 1924 à l’Institut technique des arts de l’écran. Elle embarque seule pour l’Amérique en 1926 et se rend à Hollywood où elle se fait remarquer par Cecil B. DeMille, qui la surnomme Caviar et l’engage comme figurante. Elle devient scénariste et dramaturge. Ses deux romans, The Fountainhead (1943) et Atlas Shrugged (1957) – plus de 14 millions d’exemplaires vendus –, font d’elle une star à New York.
Sacrifier l’individu (créateur) à la société (prédatrice) est, pour elle, un crime contre l’humanité. Quant à l’Etat, il devient le pire ennemi de l’homme s’il ne se voit pas limité. Ce serviteur est là pour fournir trois prestations, et pas une de plus, la police, l’armée et la justice
Le lendemain matin, je me lève à cinq heures trente, je pars à six heures quinze vers Huisseau. On est en septembre, le jour se lève à peine. Je vois des quantités de lapins dans le parc de Chambord. J’arrive à la scierie en avance. Tout est sombre sous le hangar. J’ai dans mes sacoches ma gamelle qui contient mon repas de midi. Le chauffeur bourre la chaudière et fait monter la pression. Je m’approche du four et je me chauffe. Il est sept heures moins dix. Tout le monde arrive tout à coup et se rassemble autour du four. Garnier arrive bouffi, il n’a pas fini de s’habiller, il sort du lit, il ne mange pas le matin. Après de brèves politesses, à sept heures moins cinq, il gueule : – Allez, graissez !
La scierie est un récit anonyme, volontairement anonyme, son auteur ayant souhaité resté dans l’ombre et ne plus écrire après avoir rendu compte de deux ans de sa vie d’ouvrier entre 1950 et 1952. Le texte est arrivé entre les mains de l’écrivain Pierre Gripari (1925-1990) à la fin des années 1950 alors qu’il travaillait à la rédaction de son premier texte, un roman autobiographique, Pierrot la lune. Respectant l’anonymat de l’auteur, Pierre Gripari fait paraître ce récit vingt ans après, en 1975, aux éditions suisse L’âge d’homme, accompagné d’une préface dans laquelle il rappelle la séduction qu’a exercé sur lui ce texte juste et direct. Les éditions genevoises Héros-Limite l’ont repris en 2013 avec la préface de 1975. L’histoire du texte est donc assez opaque. On ne sait rien des conditions dans lesquelles il est parvenu entre les mains de Pierre Gripari. A la fin des années 1950, celui-ci est peu connu. Il n’est pas encore un écrivain prolifique, auteur de contes pour enfants, et personnage au parcours politique équivoque. Après avoir exercé de nombreux métiers, et des responsabilités syndicales à la CGT, Gripari vient de débuter dans l’écriture par une pièce de théâtre jouée à Paris en 1962. Est-ce par le biais de ses liens syndicaux, ou littéraires qu’il prend connaissance de l’auteur et du manuscrit ? Une chose semble pourtant évidente, Gripari connaissait l’auteur, et note qu’il se désintéresse de son manuscrit au point de ne pas savoir qu’il sera publié, et risque même de le détruire si on le lui rend. Le texte reste néanmoins en sommeil plus de vingt ans. C’est donc aux éditeurs suisses que nous devons de lire aujourd’hui ce récit étonnant d’une expérience dont le cadre se situe sur les bords de Loire, entre Blois et Chambord au début des années 1950. Récit d’autant plus singulier qu’il ne concerne pas l’usine, ni l’atelier mécanique, mais le travail rural, ce qui est inhabituel pour ce genre de littérature de témoignage ouvrier.
La scierie fait partie de ces textes écrits après coup, un an après semble-t-il. Ce n’est pas un journal, rédigé au jour le jour, le travail harassant interdisait à l’auteur toute possibilité d’écriture, le soir ou les jours de repos. Expérience courte, donc – deux ans –, mais fondamentale puisqu’elle s’apparente à une véritable métamorphose physique et morale. C’est de cela dont le livre rend compte. Non seulement des conditions de travail, des relations sociales, mais principalement de la formation d’un nouveau corps en prise avec les choses et les matières. Entre son échec au bac et son départ au régiment, un jeune homme de dix-huit, ou vingt ans, contraint de travailler, décide d’occuper un emploi qui mettra son corps à l’épreuve, délaissant, comme il le dit, « cette plume qui m’a trahi ». C’est pourtant cette plume avec laquelle il prend consciencieusement ses distances, qui lui permet de rendre compte avec minutie de sa métamorphose. Il est donc embauché sur les bords de Loire dans une petite fabrique d’emballage, on y scie des troncs de peupliers, des grumes dans le jargon de métier, qu’on réduit en planchettes pour monter des casiers à bouteilles. Le travail est payé à la pièce et impose de fortes cadences de découpage et de cloutage des planches. Une première expérience qui s’avère plus que difficile. Le jeune homme y découvre un monde violent où la solidarité est absente, où règne souvent une agressivité latente, entretenue par des bavardages et des calomnies allant jusqu’aux vengeances personnelles. Il décrit pourtant sans fustiger, ou juger, pas plus qu’il n’idéalise un monde présenté dans sa crudité. Á son égard la méfiance est redoublée. Jeune, identifié à un intellectuel, les mises à l’épreuve ne manquent pas. Ses mains le trahissent. Il vient d’une autres « classe ». Des mains qui n’ont jamais souffert, qui vont « commencer un apprentissage » difficile, prises entre la planche, le marteau et les clous quand il faut assembler les caisses le plus rapidement possible sous l’œil ironique des ouvriers et du patron. Quand son poignet est presque foulé d’avoir manipulé le marteau, il change de main, mais s’écrase les doigts de la main droite par manque d’habileté. Le froid le surprend dans ces grands hangars ouverts au vent. Mais il ne cesse de le répéter, « je sais que je suis fort » ; ce sera son atout principal. Le récit à cet égard rencontre les thématiques de nombreux autres témoignages d’apprentissages de métiers, de confrontations aux choses et de transformation de soi qu’engendrent ces rencontres intimes. Dans ce récit anonyme, l’attention à ces changements est portée par une volonté de devenir autre, de se transformer aussi bien physiquement que moralement. D’où la description non seulement de ce qui change en soi, mais aussi de la délectation presque narcissique de cette métamorphose, signe flagrant d’un passage dans le monde des ouvriers. Ainsi, très vite, le temps n’est plus à rire. Et il « ne rigole plus, souris très peu » (p. 40) ; découvre sa vraie force en brisant d’un coup d’épaule deux billes de bois. Après une « engueulade » sur le prix de la pièce, le patron lui propose de travailler dehors à tronçonner les grumes de peupliers ; il sera payé à l’heure. Il faut alors faire usage de la cognée, du pic, du tourne-bille pour manipuler les troncs, et de la tronçonneuse, autant d’instruments et de gestes éreintants. Il subira l’épreuve des grandes fatigues, des épuisements qu’il décrit dans des termes semblables à ceux de nombreux autres témoignages du même genre : fatigue du matin au réveil, « jambes molles », « corps entier douloureux », « toute la viande qui crie grâce ».
Double transformation morale et physique condensée dans le bon usage de la langue que l’ancien lycéen n’a pas oublié : « Je commence à devenir dur » dit-il, pour signifier son changement de caractère, « je m’aigris » ; en même temps que son corps lentement « maigrit », laissant place aux muscles qui « commencent à venir, et vite ainsi que les grosses veines bleues qui, un an plus tard, sillonneront même mes côtes et ma poitrine ». Il devient comme un ours. La répétition des gestes, l’effort consenti à lever, retourner, pousser le bois sur la machine forge lentement des qualités dont il se satisfait, le faisant sortir de l’enfance : « Á ces travaux, mon esprit change autant que mon corps. Ma force s’accroissant, je prends de l’assurance, je deviens volontaire » (p. 41). Il lui faut des défis. Un temps il est bûcheron pour alimenter la scierie ; manie d’autres outils, la scie « passe-partout », à large lame, pour deux hommes, une poignée à chaque extrémité. Le rythme est tel que la cognée lui laisse le lendemain les mains crispées dans « la position qu’elles avaient la veille sur le manche » (p. 67).
Le risque est omniprésent dans ces métiers. Écrasements, coupures surtout, très nombreuses en raison des protections insuffisantes. Mais comme le dit le patron, ceux qui se coupent sont des cons ! Les planches mal calées reviennent en arrière par la force de la scie circulaire et frappent l’ouvrier au visage. La lame de scie devient intime. « On s’y habitue, on en fait peu à peu une amie, on s’en approche chaque jour davantage, on tâte de la main le plat pour voir si elle chauffe, sans l’arrêter » (p. 44). Intimité avec la sciure également, insinuée dans la bouche, les yeux, mêlée à la sueur, « (…) ce putain de masque de sciure et de sueur qui empâte les traits » (p. 62) ; le sang également, avec cette figure si souvent rencontrée dans les témoignages ouvriers de la fascination qui marque autant l’horreur que la banalité du mélange des humeurs et des matières : « Ce sang sur les copeaux, ça fait beau » (p. 48).
Á la mort accidentelle de son patron, il part dans une autre scierie, aux conditions plus dures encore, chez Garnier. La métamorphose se poursuit, elle gagne en puissance. Dans ce parcours initiatique, cette épreuve sera la plus difficile. De ce patron, il dit : « Il ne reste avec lui que les durs à cuire, les vraiment durs, l’élite des casseurs. C’est, dit-on, un gars qui mordrait dans une bille de sapin quand il se fout en colère » (p. 70) – on appelle sa scierie : Buchenwald. Garnier semble en incarner la rigueur. Ses mains impressionnent le jeune homme : « Ses doigts sont déformés, tous sans exception. Tordus dans tous les sens, les bouts écrasés,45 000 pleins de cicatrices blanches, les ongles ne poussent plus que par endroits ». La paume a pris une forme bourrelée d’avoir poussé « un chariot d’une tonne pendant deux ans douze heures par jour » (p. 73). Mélange de crainte et d’admiration. Au milieu de ces hommes, il fallait au jeune ouvrier tenir l’impossible pari du courage qu’il s’était lui-même imposé. Ce sera la découverte de cette scierie aux installations puissantes et rapides pour découper les troncs, un débit infernal, des efforts auxquels il lui semble tout d’abord impossible de consentir. Puis l’exemple des autres, la confrontation virile, le poussent à l’excès. Et encore le miroir de la transformation : « j’ai des tas de muscles qui se tortillent au moindre mouvement. Pas un kilo de graisse sur tout le corps. J’ai la peau tannée. Je me sens de taille à faire pas mal de choses […] » (p. 122). Enfin dernier moment de cette quête, son patron et son frère l’entraînent dans l’installation d’une scierie en pleine forêt, loin de chez lui, en Sologne. Il faudra fournir du bois en même temps que construire des hangars, la nuit, les jours de repos pour installer les machines. Le défi est immense pour trois hommes seuls. Le récit de cette aventure impossible contre les éléments et le temps qui presse se fait épique. Quelques années plus tard (1965), Robert Enrico dans un film mémorable, Les grandes gueules rendra compte de ces ambiances viriles de scierie en pleine forêt. Une femme dans cet assemblage joue un rôle important, celle de Garnier, Ida, qui tient l’intendance de l’entreprise au milieu de nulle part, dans une baraque en planche ; figure féminine négative sous la plume de l’auteur ; contrepoint d’Yvonne chez qui le jeune homme revient les week-end après plusieurs heures de vélo ; tante, fiancée, sœur, on ne sait, mais figure maternelle rassurante et bienfaisante, Yvonne réapparaît régulièrement dans le récit pour attester les transformations physiques de l’auteur ; témoin privilégié de la métamorphose du corps, au point qu’un jour à son retour, elle ne le reconnaît pas. La nouvelle scierie se mettra en marche, embauchera des ouvriers ; et toujours les coups de gueules et les fatigues. Puis vint le jour de son ordre de départ à l’armée, le 22 avril : « Je reçus le télégramme à dix heures du matin et je prévins Garnier qu’à midi j’arrêterais » (p. 139). Deux ans ont passé, l’expérience de la scierie prend fin.
La scierie est un récit exceptionnel de précision et de réalisme, un des plus intéressant témoignage ouvrier de cette période de l’après-guerre. Non seulement parce qu’il concerne un secteur d’activité peu connu, la petite industrie rurale, mais parce que l’auteur a fait de sa transformation physique et morale un des thèmes centraux de son récit. Si cette question est présente dans bien des témoignages ouvriers, elle s’exprime ici avec une vigueur inhabituelle et un réalisme cru qui rend le texte si singulier.
Comme le disait la climato sceptique Pauline Ester dans son rapport musical de 1990 « il fait chaud et tous les jours c’est pareil, faut que je me cache du soleil » … son remède, s’abreuver de coca, s’écrouler sur un matelas, échanger des cigarettes, boire des téquilas. Pire son maître M. Charden savait déjà dès 1979 que « l’été sera chaud » dans les t-shirts dans les maillots, qui vais-je –aimer…
Oui c’est fou l’été sera chaud.
Avant il y avait des incendies de forêt et la nature repoussait de plus belle, maintenant le feu n’est pas éteint mais fixé cela change tout ;
Avant on prenait des coups de soleil, un coup de je t’aime maintenant on risque un cancer de la peau et les enfants selon les annonces gouvernementales doivent toujours restés à l’ombre, déjà en prison dans la tête donc ;
Avant on ne savait pas bien sûr que quand il fait chaud il faut boire, merci le gouvernement et la SNCF ;
Avant quand le train arrivait on se doutait qu’on était arrivé et que c’est mieux d’attendre l’arrêt du train pour descendre, aujourd’hui le Barista est là…
Avant on nettoyait les trains sans les passagers maintenant tout le monde contribue à renverser sa canette sur le voisin lorsque le personnel de ménage nous tend un sac poubelle ;
Avant on savait la différence entre un danger (nager à la Réunion ou il y a des requins) et un risque nager en Bretagne ou la probabilité de rencontrer un requin est minime…
Avant je crois qu’étrangement les gens se comportaient comme des adultes et maintenant comme des enfants… la politique d’asservissement consentie n’y serait-elle pas étrangère…
J’attends avec impatience l’automne car il va pleuvoir, donc des inondations et le gouvernement sera là dans sa fonction régalienne pour nous recommander le port du parapluie (mais soyons vigilant un parapluie c’est aussi dangereux car pointue) et la SNCF aussi car on peut glisser sur des feuilles humides et le barista sera là pour vendre une infusion bio Vegan dans un contenant en carton qui vous brule au 3eme degré.
Vive Moustaki « nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer ».
Le lien entre Autonomie et Neurotechnologie est peut être celui qui engage le plus de bouleversement tant sur la nature humaine que sur la définition même de l humanisme et de la liberté d’agir.
C’est aussi le domaine le plus complexe à comprendre et à cerner; l’honnête homme est à la merci des idéologies scientifiques sans pouvoir juger par lui même de la validité scientifique des hypothèses et expériences.
Il nous reste la faculté de juger des effets désirables et indésirables de ces expériences.
Je vais donc avant de proposer des hypothèses explicatives faire un modeste tour d’horizon de certaines recherches en cours.
Retour d’expériences
Qui dit Neurotechnologie dit Neuralink . C’est une startup américaine neurotechnologique qui développe des implants cérébraux d’interfaces neuronales directes, cofondée par Elon Musk et l’équipe fondatrice (Ben Rapoport, Dongjin Seo, Max Hodak, Paul Merolla, Philip Sabes, Tim Gardner, Tim Hanson, Vanessa Tolosa) en 2016 .
Le N1 Link est un dispositif à 1024 canaux que Neuralink a fabriqué pour l’usage thérapeutique des patients. Une fois que le dispositif est implanté dans le cerveau d’un patient, il est censé transmettre des données de manière invisible via une connexion sans fil.
« Les singes utilisés dans ces expériences étaient enfermés seuls, avaient des implants métalliques vissés à leur crâne, ont souffert de traumatismes faciaux et de crise d’épilepsie dus aux implants, ainsi que d’infections multiples. Dans certains cas, Neuralink et l’université de Davis ont choisi de les euthanasier avant le début des expériences, leur santé étant trop dégradée », rapporte l’association protectrice des animaux.
Ces implants hautement invasifs et leur matériel associé, qui sont insérés dans le cerveau après avoir percé des trous dans le crâne des animaux, ont produit des infections récurrentes chez les animaux, compromettant considérablement leur santé, ainsi que l’intégrité de la recherche.
Au total, pas moins de neuf textes de lois américaines auraient été bafoués par Elon Musk, sa société Neuralink et l’Université de Californie à Davis, liée aussi au projet.
Pour se défendre, Neuralink a publié un long communiqué de presse sur indiquant « que ces accusations émanent de personnes qui s’opposent à toute utilisation d’animaux dans la recherche. » L’ entreprise détaille par ailleurs les causes de la mort des singes euthanasiés affirmant qu’ils étaient arrivés « en procédure terminale » en raison « de mauvaises conditions de santé liées à leur état avant d’être assignés à Neuralink ». Et de préciser que « toutes les procédures menées entre 2017 et 2020 à l’université de Davis se « pliaient aux lois fédérales en vigueur ».
L’université, qui a stoppé toute collaboration avec Neuralink en 2020, se défend affirmant avoir fourni lors de sa collaboration « les meilleurs soins possibles aux animaux dont nous avons (eu) la charge. La recherche animale est strictement réglementée et UC Davis respecte toutes les lois et réglementations applicables, y compris celles du département américain de l’agriculture”.
Ce tollé intervient alors qu’Elon Musk prévoit en 2022 de lancer les premières expérimentation sur les humains. « Nous espérons pouvoir implanter ce dispositif chez nos premiers humains – qui seront des personnes souffrant de graves lésions de la moelle épinière, comme des tétraplégiques ou des quadriplégiques – l’année prochaine, sous réserve de l’approbation de la FDA, a déclaré le PDG de Neuralink.
L’entreprise espère à long terme pouvoir traiter des maladies telles que Parkinson ou Alzheimer.
Pour l’instant c’est sur deux cochons que l’entrepreneur américain Elon Musk et son équipe de scientifiques ont testé l’interface cerveau-machine Neuralink.
Il consiste désormais en une puce de la taille d’une pièce de monnaie, que l’on insère dans le crâne et qui projette dans le cerveau 1024 fibres porteuses d’électrodes d’enregistrement et de stimulation cérébrales. La nouveauté par rapport au modèle de 2019 est que celui-ci ne possède plus de “pile” implantée dans le cou mais une simple batterie rechargeable sans contact dont l’autonomie est d’une journée entière.
Et pour prouver que cela marche, le dispositif a été implanté grâce à un robot chirurgien de haute précision sur deux cochons ! Sur la vidéo, Elon Musk présente Dorothy, une truie qui a été implantée avec Neuralink puis “explantée” pour pouvoir “démontrer la réversibilité” de l’opération. Puis voici Gertrude, qui, elle, est toujours implantée, depuis deux mois. Lorsque l’implant est activé on “entend” le crépitement des neurones alors que l’animal explore son environnement. Et quand Gertrude marche sur un tapis roulant, l’implant enregistre l’activité des neurones correspondants aux mouvements de ses pattes.
L’idée d’un implant de stimulation cérébrale n’est cependant pas neuve! “La stimulation cérébrale profonde (SCP), qui consiste à stimuler le cerveau par des électrodes implantées, a été élaborée en 1987 par les Pr Alim-Louis Benabid et Pierre Pollak du CHU de Grenoble, rappelle à propos le professeur de psychiatrie Mircea Polosan, chef de service psychiatrie au CHU de Grenoble et chercheur à l’Inserm, spécialistes des implants de stimulation cérébrale profonde. Les premiers essais ont été réalisés au départ pour traiter trois pathologies le « tremblement essentiel », la dystonie et la maladie de Parkinson.” En implantant des électrodes de stimulation au niveau des ganglions de la base, on parvient à brouiller les signaux pathologiques et à éliminer les tremblements moteurs conséquences de ces maladies.
“Le système Neuralink, tel qu’il a été présenté, tient donc plus d’une avancée d’ordre technologique que conceptuelle”, ajoute le professeur Mircea Polosan. Pour celui-ci, la nouveauté réside essentiellement dans la miniaturisation de l’implant. “Aujourd’hui, les systèmes actuels possèdent moins d’une centaine de contacts d’électrodes, en matériau semi-conducteur que l’on pose sur la zone cérébrale à stimuler. Ce n’est pas très souple ni très précis.” Neuralink se compose de 1024 “câbles” en polymères plus fins que des cheveux, flexibles, porteurs des microélectrodes souples qui enregistrent l’activité des neurones et les stimulent en retour de manière très fine, très précise et focalisée en fonction du signal enregistré au préalable. “Si le système satisfait les exigences de sécurité pour un tel dispositif implantable, on gagnera en précision !, poursuit le Pr Polosan.Ce serait comme passer d’ un appareil photo numérique à 300 000 pixels il y a 15 ans à 10 millions de pixels aujourd’hui. Ce système pourra contribuer au développement de la recherche en cours sur la stimulation adaptative, dépendante du signal pathologique enregistré au préalable. ”
Lors de sa présentation, Elon Musk a évoqué également son futur essai clinique qui concernera des personnes souffrant de paraplégie ou tétraplégie, après une lésion de la moelle épinière. “Avec cet implant, vous pourrez en effet écrire des mots, contrôler un ordinateur ou un téléphone juste par la pensée.”
Grégoire Courtine, professeur associé à l’EPFL, mondialement reconnu pour ses avancées révolutionnaires dans le traitement de la paralysie, salue cet intérêt pour les interfaces cerveaux-machines mais soulève une difficulté : « Le plus important reste de démontrer que cette technologie est susceptible d’enregistrer l’activité cérébrale durant de nombreuses années; ce que l’on sait improbable avec ce type d’approche. Même une preuve de concept sur des patients, qui viendra certainement dans les 12 a 24 prochains mois, restera au stade de la preuve de concept de relative courte durée avec la technologie envisagée . »
A plus long terme, ce sont les lésions de la moelle épinière elles-mêmes qu’Elon Musk promet de pallier, grâce à un second implant qui viendrait activer les nerfs sous la blessure, à partir des signaux envoyés par le cerveau. Ainsi « nous restaurerons la pleine mobilité grâce à un contournement entre le cerveau et la moelle épinière »
Mais là aussi rien de totalement nouveau sous le soleil. « C’est une belle idée que nous avons démontrer sur des primates dans un papier publié dans Natureen 2016…, précise Grégoire Courtine. et pour laquelle nous avons des brevets exploités par notre startup GTX medical. Effectivement, nous prévoyons d’équiper nos patients avec un implant cortical et un stimulateur spinal pour valider cette approche dès l’année prochaine, donc bien avant Neuralink» Le chercheur ne rejette d’ailleurs pas l’idée d’utiliser un jour l’implant d’Elon Musk mais d’autres options sont pour l’heure retenues avec certes moins de précision « mais sans doute plus de longévité ».
Selon Elon Musk, son système permettra aussi de traiter une longue liste de pathologies, allant de la dépression à la cécité, en passant par les crises d’épilepsie, l’addiction, l’insomnie ou encore les douleurs intenses… Car, dans l’absolu, moduler la communication interneuronale pourrait impacter toutes les pathologies cérébrales, pourvu qu’on sache comment elle se traduit en symptômes cliniques.
Enfin, l’entrepreneur américain ne peut s’empêcher de rêver à l’humain connecté, qui conduira sa Tesla par télépathie ou jouera aux jeux vidéo sans les mains ou apprendra une nouvelle langue. À la question du public “Neuralink pourra-t-il sauvegarder nos souvenirs et les rejouer ?”, il répond “oui” sans hésiter. “C’est ridicule dans l’état actuel des connaissances et sur la base des technologies qu’ils développent”, assure pourtant Grégoire Courtine. Et le professeur Polosan de réagir : “Je pense qu’on a déjà fort à faire pour soigner les malades ! Ces interventions sont invasives et comportent un risque infectieux non négligeable. Doit-on faire courir un risque à des gens en bonne santé juste pour qu’ils apprennent une langue étrangère plus vite ?”
Par ailleurs sur un autre plan le docteur René Écochard, professeur à l’université Claude-Bernard (Lyon I) et auteur de Homme-Femme, déclare « Par leur biologie, hommes et femmes ont des aptitudes différentes mais aussi complémentaires ». Ce qui est « un riche potentiel » « pour la vie sociale »,.
« Les neurosciences montrent que le genre se développe à partir du sexe », explique le professeur. « Le cerveau est sexué, affirme-t-il. Autrement dit, la science montre que le genre n’est ni une pure construction sociale ni un choix, mais qu’il est inné, et ne demande qu’à se développer selon la nature et l’expérience. »
« Homme et femme ont une commune humanité qui se traduit par une grande part de similitude entre leurs cerveaux, précise le médecin. Mais les neurosciences montrent aussi de grandes différences : des zones en moyenne plus développées chez les femmes et d’autres chez l’homme, ainsi que des récepteurs hormonaux différents »
.Ainsi, « par les neurosciences, nous apprenons que ces différences du cerveau se traduisent par un tempérament et des aptitudes différentes en moyenne », affirme-t-il. « On naît homme ou femme et on le devient en développant ses aptitudes innées », résume le professeur.
« Il y a, dans les publications scientifiques, un discours clair sur le caractère sexué du cerveau, et ce dès la naissance », certifie le professeur Ecochard, regrettant que « le débat public se prive de ces repères ».
« Le crâne est le bastion de la vie privée, et le cerveau est la dernière partie privée de nous-mêmes », estime Tom Oxley, un neurochirurgien australien.
C’est aussi le PDG de Synchron, une entreprise de neurotechnologies « qui a testé avec succès des implants cérébraux de haute technologie permettant aux gens d’envoyer des courriels et des SMS par la seule pensée ». En juillet, Synchron a obtenu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) de mener des essais cliniques d’interfaces cerveau-ordinateur (ICO) sur des êtres humains. C’est la première entreprise à avoir obtenu une telle autorisation
Le principe de la technologie réside dans l’introduction d’électrodes dans le cerveau de patients paralysés via leurs vaisseaux sanguins. Les électrodes y enregistrent l’activité cérébrale et transmettent les données à un ordinateur, « où elles sont interprétées et utilisées comme un ensemble de commandes, permettant aux patients d’envoyer des courriels et des SMS ». « Nous sommes totalement concentrés sur la résolution de problèmes médicaux », tient à préciser le PDG de l’entreprise.
Pour David Grant, chercheur à l’université de Melbourne, « le potentiel des neurosciences pour améliorer nos vies est presque illimité », mais « le niveau d’intrusion qui serait nécessaire pour concrétiser ces avantages… est important ». Le chercheur craint le passage de ces technologies de la médecine « à un monde commercial non réglementé ». Un scénario dystopique qui conduirait à « une détérioration progressive et implacable de notre capacité à contrôler nos propres cerveaux ».
« Je reconnais que le cerveau est un endroit très privé et que nous sommes habitués à ce qu’il soit protégé par notre crâne. Ce ne sera plus le cas avec cette technologie », admet Tom Oxley.
Déjà, des casques sont commercialisés en Chine pour améliorer la concentration des élèves. Et des casques ont été utilisés sur des sites miniers en Australie pour « suivre la fatigue des chauffeurs routiers ».
En 2017, Marcello Lenca, bioéthicien européen, a proposé une nouvelle classe de droits : « les neurodroits », c’est-à-dire « la liberté de décider qui est autorisé à surveiller, lire ou modifier votre cerveau » .
Mais pour David Grant, c’est insuffisant. « Notre notion actuelle de la vie privée sera inutile face à une intrusion aussi profonde », affirme-t-il et « il est naïf de penser que nous pouvons régler ce problème en adoptant une loi ». En effet, les casques utilisés en Chine ou en Australie génèrent des données à partir de l’activité cérébrale des utilisateurs, et « il est difficile de savoir où et comment ces données sont stockées, et encore plus difficile de les contrôler ».
Le chercheur propose de développer des « algorithmes personnels » qui fonctionnent « comme des pare-feux hautement spécialisés entre une personne et le monde numérique ». Des codes qui « pourraient s’engager dans le monde numérique au nom d’une personne, protégeant son cerveau contre toute intrusion ou altération ».
« La lecture des pensées ? Cela n’arrivera pas, estime le professeur Adrian Carter, neuroscientifique et éthicien de l’université Monash de Melbourne, en Australie. Du moins pas de la manière dont beaucoup l’imaginent. Le cerveau est tout simplement trop complexe. Prenez les interfaces cerveau-ordinateur : oui, les gens peuvent contrôler un appareil en utilisant leurs pensées, mais ils doivent s’entraîner pour que la technologie reconnaisse des schémas spécifiques d’activité cérébrale avant de fonctionner. Il ne suffit pas de penser ‘ouvre la porte’ pour que cela se produise ».
Mais le professeur Carter rappelle que « certaines des menaces attribuées aux neurotechnologies futures sont déjà présentes dans la façon dont les données sont utilisées par les entreprises technologiques au quotidien ». « L’intelligence artificielle et les algorithmes qui décryptent les mouvements des yeux et détectent les changements de couleur et de température de la peau » en sont des exemples. Ils lisent les résultats de l’activité cérébrale « à des fins publicitaires ». Des données qui « sont utilisées avec des intérêts commerciaux depuis des années pour analyser, prédire et influencer les comportements ». « Des entreprises comme Google, Facebook et Amazon ont gagné des milliards » grâce à ce type de données.
De son côté Tom Oxley estime ne pas être naïf quant aux usages possibles de ces technologies. Et il indique que « le financement initial de Synchron provenait de l’armée américaine, qui cherchait à développer des bras et des jambes robotisés pour les soldats blessés, actionnés par des puces implantées dans leur cerveau ».
Des chercheurs du consortium BrainGateont mis en œuvre un capteur implanté dans le cerveau « pour enregistrer les signaux cérébraux associés à l’écriture manuscrite ». Ils ont ensuite utilisé ces signaux « pour générer du texte sur un ordinateur en temps réel ». Leurs résultats ont été publiés dans la revue Nature.
Le participant à l’essai clinique, un homme alors âgé de 65 ans souffrant de lésions de la moelle épinière au niveau cervical, a utilisé le système « pour “taper” des mots sur un ordinateur à un rythme de 90 caractères par minute ». Pour ce faire, il n’a eu qu’à « penser aux mouvements de la main impliqués dans la création de lettres écrites ». Deux « minuscules » électrodes « de la taille d’une aspirine pour bébé » ont été implantées dans la partie de son cerveau associée aux mouvements de son bras et de sa main droite. Grâce aux signaux issus des neurones lorsque l’homme imaginait écrire, puis enregistrés par les capteurs, « un algorithme d’apprentissage automatique a reconnu les motifs que son cerveau produisait pour chaque lettre ».
« Si le système est si rapide, c’est parce que chaque lettre suscite un schéma d’activité très distinctif, ce qui permet à l’algorithme de les distinguer relativement facilement les unes des autres », explique Frank Willett, chercheur à l’université de Stanford et au Howard Hughes Medical Institute (HHMI), qui a dirigé l’étude.
Le précédent record de frappe avec une interface cerveau-ordinateur était de 40 caractères par minute, un record obtenu en réfléchissant « aux mouvements nécessaires pour pointer et cliquer sur des lettres sur un clavier virtuel ».
Selon les chercheurs, ce système pourrait un jour aider à restaurer la capacité des personnes à communiquer, après une paralysie causée par un accident ou une maladie.
Des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont mis au point « une “neuroprothèse vocale” qui a permis à un homme gravement paralysé de communiquer par phrases ». Alors qu’il tentait de parler, les signaux cérébraux de cet homme muet depuis 15 ans ont été traduits en mots apparaissant sur un écran.
« A notre connaissance, il s’agit de la première démonstration réussie du décodage direct de mots complets à partir de l’activité cérébrale d’une personne paralysée et incapable de parler » a déclaré le Dr Edward Chang, chirurgien neurologique de l’UCSF et auteur principal de l’étude. « Cette technique est très prometteuse pour rétablir la communication en exploitant les mécanismes naturels de la parole dans le cerveau », estime-t-il, quand « chaque année, des milliers de personnes perdent la capacité de parler à la suite d’un accident vasculaire cérébral, d’un accident ou d’une maladie ».
Alors que les recherches se focalisaient jusqu’alors sur des « approches basées sur l’orthographe pour taper les lettres une par une dans un texte », ces travaux visent à traduire « les signaux destinés à contrôler les muscles du système vocal pour prononcer des mots, plutôt que les signaux destinés à déplacer le bras ou la main pour permettre la frappe », exploitant ainsi « les aspects naturels et fluides de la parole ».
Le premier participant à l’essai clinique intitulé BRAVO (Brain-Computer Interface Restoration of Arm and Voice) est âgé d’une trentaine d’années. Muet suite à un accident, il « a travaillé avec les chercheurs pour créer un vocabulaire de 50 mots » et les chercheurs lui ont implanté « un réseau d’électrodes à haute densité sur le cortex moteur de la parole ». Des modèles de réseaux de neurones ont ensuite permis de traduire les signaux cérébraux, sur « de courtes phrases » construites à partir des 50 mots, telles que « Je vais très bien » ou « Non, je n’ai pas soif ». Les signaux ont pu être décodés à un rythme « allant jusqu’à 18 mots par minute avec une précision allant jusqu’à 93 % (75 % en médiane) ». Lorsque nous parlons, « nous communiquons normalement des informations à un rythme très élevé, jusqu’à 150 ou 200 mots par minute ».
Le cortex insulaire antérieur serait la « porte de la conscience », le « filtre » qui choisit quels stimuli parviennent de façon consciente au reste du cerveau. Ce sont des chercheurs du Center for Consciousness Science du Michigan Medicine, aux Etats-Unis, qui ont identifié cette « clé ». Leurs travaux sont publiés dans la revue Cell Reports.
Parmi les milliers de stimuli, visuels, auditifs ou autres, traités chaque jour par le cerveau, « seuls certains passent la porte de notre conscience » mais le mécanisme de sélection n’est pas encore identifié. « Le traitement de l’information dans le cerveau a deux dimensions : le traitement sensoriel de l’environnement sans conscience et celui qui se produit lorsqu’un stimulus atteint un certain niveau d’importance et entre dans la conscience », explique Zirui Huang, principal auteur de l’étude. Les chercheurs ont fait l’hypothèse de l’existence d’une « structure critique » de contrôle de l’accès conscient aux informations sensorielles. Ils ont ensuite réalisé deux expériences pour analyser le rôle éventuel du cortex insulaire antérieur, déjà connu pour son rôle vis-à-vis des émotions.
La première expérience a permis de montrer que « lorsque le cortex insulaire antérieur est éteint, la conscience aussi ». 26 personnes ont été examinées à l’IRM fonctionnelle, qui permet de voir les zones activées du cerveau. Les chercheurs ont injecté aux participants un anesthésiant, le Propofol, pour bloquer leur cortex insulaire antérieur, et « contrôler leur niveau de conscience ». En même temps ils ont demandé à chacun d’imaginer des situations telles que jouer au tennis, marcher ou serrer une balle en caoutchouc. Alors que les personnes perdaient progressivement conscience au cours de l’expérience, la conscience est revenue après l’arrêt du Propofol. Le cortex insulaire antérieur semble donc « agir comme un filtre qui ne permet qu’aux informations les plus importantes d’entrer dans la conscience ».
Pour confirmer ce résultat, les chercheurs ont mis en place une seconde expérience, afin d’identifier « si l’activation du cortex insulaire antérieur est prédictive de la prise de conscience d’une information ». Pour cela, 19 volontaires ont visionné des images subliminales de visages pendant 33 millisecondes, toujours sous IRM fonctionnelle, puis dit s’ils avaient vu ou non l’image. Les chercheurs ont constaté « que l’activation préalable du cortex insulaire antérieur était prédictif de la capacité du sujet à percevoir consciemment l’image du visage ».« La détection d’un stimulus dépend de l’état de l’insula antérieure lorsque l’information arrive dans le cerveau, explique Zirui Huang : si l’activité de l’insula est élevée au moment du stimulus, vous verrez l’image ».
« Sur la base des résultats de ces deux expériences, nous concluons que le cortex insulaire antérieur pourrait être une porte pour la conscience», conclut le chercheur.
Des chercheurs de l’université de Californie, Los Angeles (UCLA) et de l’université de Stanford ont observé la maturation d’organoïdes de cerveau cultivés pendant 20 mois en laboratoire . Leur étude est publiée dans la revue Nature Neuroscience[1].
En réalisant une « analyse génétique approfondie » de ces organoïdes fabriqués à partir de cellules souches pluripotentes induites, les équipes du Dr Daniel Geschwind de l’UCLA et du Dr Sergiu Pasca de l’université de Stanford ont découvert que ces organoïdes « suivent une horloge interne » qui guide leur développement « d’une manière étonnamment similaire » à celui du cerveau humain. « Nous montrons qu’ils atteignent la maturité post-natale vers 280 jours de culture, et après cela commencent à modéliser certains aspects du cerveau du nourrisson, y compris des changements physiologiques connus », précise Aaron Gordon, post-doctorant à l’UCLA et premier auteur de l’étude.
Des caractéristiques qui font d’eux « un bon modèle pour l’étude des maladies humaines » selon le Dr Geschwind. Depuis plusieurs années, des chercheurs cultivent des organoïdes de cerveau humain « pour étudier les troubles neurologiques et neurodéveloppementaux de l’homme, tels que l’épilepsie, l’autisme et la schizophrénie ». Mais jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que les cellules constitutives de ces organoïdes restaient « bloquées dans un état de développement analogue à celui des cellules observées lors du développement du fœtus ». D’après les chercheurs, ces résultats montrent « qu’il pourrait être possible de faire croître les cellules jusqu’à une maturité qui permettra aux scientifiques de mieux étudier les maladies qui apparaissent à l’âge adulte, telles que la schizophrénie ou la démence ».
Des chercheurs américains ont montré que « certains gènes présentent une activité étonnamment élevée jusqu’à 24 heures après la mort ». Des résultats qui pourraient impliquer une révision de la définition de la mort par l’Organisation mondiale de la santé, actuellement caractérisée comme « la disparition irréversible de l’activité cérébrale ». L’étude a été publiée dans la revue Scientific Reports.
Les scientifiques ont utilisé des tissus cérébraux humains prélevés à des patients souffrant d’épilepsie et ayant subi une chirurgie afin d’atténuer leurs convulsions. Après avoir « simulé une mort contrôlée », l’équipe de Jeffrey Loeb de l’Université de l’Illinois a analysé « l’expression des gènes au cours des 24 heures suivant la mort ».
L’activité des gènes « assurant les fonctions cellulaires de base » est « restée relativement stable pendant 24 heures ». Ceux « étroitement impliqués dans l’activité cérébrale humaine telle que la mémoire, la pensée et l’activité convulsive » ont vu leur activité se dégrader « rapidement » dans les heures qui ont suivi la mort. A l’inverse, l’activité d’autres gènes augmente « fortement »,« au fur et à mesure que celle des gènes neuronaux décline ». Un groupe de gènes surnommé « zombies » par Jeffrey Loeb qui sont « spécifiques aux cellules inflammatoires appelées cellules gliales ».
« La plupart des études supposent que tout s’arrête dans le cerveau lorsque le cœur cesse de battre, mais ce n’est pas le cas », souligne Jeffrey Loeb. Pour le chercheur, « il n’est guère étonnant que les cellules gliales continuent à grossir après la mort, étant donné qu’elles jouent un rôle inflammatoire et que leur travail consiste à nettoyer les dégâts après des lésions cérébrales comme une privation d’oxygène ou un accident vasculaire cérébral ».
Une précédente étude de l’Université de Washington, datant de 2016, avait d’ailleurs trouvé des résultats similaires chez les animaux. Les scientifiques avaient notamment montré que plus de 1.000 gènes étaient actifs post mortem, dont certains vingt-quatre voire quarante-huit heures après le décès de l’animal.
« Lors de la discussion qui a tourné autour de la “mort cérébrale” à partir de 1968, un des arguments présenté avec insistance par ceux qui étaient contre ce concept était que la mort était un phénomène progressif, et que de nombreuses cellules demeuraient vivantes dans les tissus des heures ou des jours après que la mort du sujet eut été déclarée légalement, rappelle Jacques Suaudeau, docteur en médecine et chirurgien, directeur scientifique de l’Académie pontificale pour la Vie jusqu’en 2015, membre du Comité d’éthique du Conseil de l’Europe et du Comité d’éthique de l’Unesco. Au niveau du cerveau on avait montré que des zones entières y demeuraient actives après la mort, en particulier au niveau de l’axe hypothalamo-pituitaire (hypophyse et noyaux gris centraux). Il n’y a donc aucune surprise à ce que Jeffrey Loeb et son équipe de l’Université de l’Illinois aient trouvé une maintenance d’expression des gènes (activité transcriptionnelle) au niveau des neurones, activité qui diminue rapidement en parallèle avec la réduction d’activité postmortem des neurones. » Pour le scientifique, « le surprenant est l’apparition d’un accroissement d’activité de l’astroglie (le tissu de support) (cellules gliales) alors que l’expression neuronale diminue pour disparaitre ». Et « il serait intéressant que l’on fasse une étude semblable sur d’autres tissus ou organes, cœur, rein, tissu adipeux ». Mais, « cette survie cellulaire ne veut pas dire survie d’organes », Jacques Suaudeau.
Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et du Massachusetts General Hospital ont récemment mené une étude sur la possibilité d’utiliser les techniques de deep learning « pour contrôler le niveau d’inconscience des patients qui ont besoin d’une anesthésie pour une procédure médicale ».
Gabriel Schamberg, l’un des chercheurs qui a mené cette étude, explique avoir développé « un réseau de neurones profonds » et l’avoir « formé à contrôler le dosage de l’anesthésique en utilisant l’apprentissage par renforcement dans un environnement simulé ». Les chercheurs ont en particulier examiné le dosage du Propofol, « un médicament qui diminue le niveau de conscience et qui est couramment utilisé pour effectuer une anesthésie générale ou une sédation sur des patients qui subissent des procédures médicales ».
« Les réseaux neuronaux profonds permettent de construire un modèle avec de nombreuses données d’entrée en continu, explique le chercheur, de sorte que notre méthode a généré des politiques de contrôle plus cohérentes que les politiques antérieures », estime-t-il.
L’objectif à terme des chercheurs est d’utiliser le modèle conçu pour « aider les anesthésiologistes à identifier la dose idéale de Propofol pour chaque patient afin d’atteindre différents niveaux d’inconscience ». Un modèle qui n’a pour l’instant été testé que via des simulations. « Nous aimerions maintenant [le] tester sur des humains dans des environnements cliniques contrôlés » a déclaré Gabriel Schamberg.
Sur un autre champ La Cour d’appel de Toulouse s’est prononcée en 2022 sur la filiation d’un enfant engendré au cours d’une relation sexuelle entre sa mère et une femme trans, à savoir son mari ayant obtenu le changement à l’état civil de la mention de son sexe masculin en sexe féminin .
La Cour ordonne la mention du mari devenu femme trans sur l’acte de naissance de l’enfant comme « mère ».
L’association Juristes pour l’enfance regrette profondément cette décision qui fait prévaloir le désir et la volonté des adultes sur la réalité de la filiation de l’enfant.
La volonté d’une personne de vivre dans le sexe opposé à son sexe biologique relève de sa vie privée, mais n’a aucune légitimité à impacter l’état civil de l’enfant : le fait d’avoir engendré un enfant ne confère pas le droit de trafiquer son état civil pour l’adapter au ressenti personnel du ou des parents, même entériné par l’état civil des intéressés.
Quel que soit le cheminement des personnes et leur ressenti intime, parler d’une femme qui fournit des spermatozoïdes relève de l’utopie. Contrairement à ce que certains voudraient croire et faire croire, car il s’agit bien d’une croyance, une personne qui engendre un enfant en fournissant ses spermatozoïdes dans une relation sexuelle ne peut être que père.
Cette personne peut se présenter dans la vie courante comme femme et même être désignée comme telle à l’état civil, il reste qu’elle a engendré comme père. Tel est le réel.
D’ailleurs, pour les enfants de cette femme trans nés avant son changement de la mention du sexe à l’état civil, la loi est bien claire sur le fait que ce changement n’a pas de conséquence sur leur état civil. Cette femme trans est donc toujours désignée comme père à l’égard de ses enfants aînés, alors même qu’elle se présente au quotidien comme femme. Le bon sens comme la justice imposaient d’appliquer la même solution à l’enfant né après le changement de la mention du sexe à l’état civil.
Dès lors que la justice s’égare à reconnaître comme mère la personne qui a fourni les spermatozoïdes pour la conception de l’enfant, alors que signifie désormais le mot mère ?
Ce n’est pas parce que la paternité et la maternité ne se réduisent pas à la dimension biologique que cette dimension pourrait être déformée. La déformation de la réalité pour faire prévaloir le seul ressenti des parents est une injustice à l’égard de l’enfant qui est privé de la réalité de sa filiation, remplacée par une filiation mythique car issue du mythe d’une femme fournissant des spermatozoïdes.
Juristes pour l’enfance regrette la régression opérée par cette décision dans le respect dû à l’enfant, une fois de plus sommé de s’adapter pour réaliser le projet des adultes. Nous déplorons le choix des magistrats d’entériner l’accord des intéressés au mépris tant de la loi que de la réalité.
La loi de 2016 qui a permis le changement de la mention du sexe à l’état civil sans modification morphologique, permettant la création de situations comme celle jugée à Toulouse aujourd’hui, n’a rien prévu pour les enfants nés après ce changement d’état civil du père ou de la mère. Nous demandons une intervention du législateur pour rétablir les droits et le respect de l’enfant.
Les neurosciences cognitives, autrefois domaine spécialisé de la psychologie et de la biologie, se présentent depuis une trentaine d’années comme une nouvelle science générale du comportement humain, applicable non seulement à la neuropathologie et à la psychopathologie, mais encore à des domaines aussi divers que les comportements sociaux, les émotions, les politiques d’éducation, le droit, ou l’économie. Elles semblent être devenues une expertise indispensable sur un nombre croissant de sujets.
La revendication des neurosciences cognitives à éclairer et à traiter une multitude de problèmes de la vie quotidienne suscite de nombreuses questions : transforment-elles réellement nos représentations et notre compréhension de l’être humain ? Les gens sont-ils en train de se reconnaître ou de s’identifier à travers des jeux de langages cérébraux ou cognitifs, sur le mode « c’est mon cerveau, ce n’est pas moi », et qu’est-ce que cela fait dans leurs vies ? Existe-t‑il des relations causales entre mécanismes cérébraux et pensée ou action ? Y a-t‑il des déterminismes cérébraux qui réduisent la liberté individuelle ? Allons-nous employer les concepts neuroscientifiques et cognitifs comme nous avions pris l’habitude de le faire avec les concepts freudiens ?
Pour expliquer leur succès, les neuroscientifiques mettent en avant les recherches, leurs résultats et leurs progrès. La position stratégique du cerveau pour la définition de l’individu permettrait à la connaissance produite par ces disciplines de comprendre jusqu’aux comportements collectifs et au fonctionnement des institutions de nos sociétés. Les courants critiques des sciences sociales et de la philosophie (se revendiquant généralement de la perspective foucaldienne) prennent pour cible ce réductionnisme qui serait l’expression d’un biopouvoir, lui-même au service du néolibéralisme. Ces courants proclament la naissance d’une « biosocialité » , pensent que « la neurobiologie est indubitablement en train de reconfigurer quelques-unes des manières par lesquels les problèmes individuels et collectifs sont rendus intelligibles » et donc que « la question la plus pertinente à élaborer est de surmonter le fossé entre le social et le neural » .
Pourtant, ni le fossé entre le « neural » et le « social », ni le remodelage de nos formes de gouvernement par les neurosciences ne correspondent à ce qui est train de se passer dans nos sociétés avec les neurosciences cognitives. Quant aux résultats scientifiques, quels qu’ils soient, ils ne suffisent pas à expliquer le succès des neurosciences, leur autorité. Il faut encore que leurs propositions correspondent à des attentes collectives, donc à des idéaux sociaux.
l’ hypothèse est que leur succès tient à l’acquisition d’une autorité morale et sociale. Cette autorité repose sur la transfiguration, dans des langages scientifiques, d’idéaux traditionnels de régularité du comportement infléchis par des idéaux de changement personnel et d’autonomie individuelle qui se sont diffusés à partir du dernier tiers du xxe siècle . Si les neurosciences ont un rapport avec la liberté, c’est du point de vue du sujet capable d’agir de manière autonome. Elles font concrètement travailler des idéaux sociaux puissants et ordinaires qui sont cristallisés ou transfigurés dans des langages scientifiques, ici psychologique et biologique. En effet, les façons de voir les choses en neurosciences cognitives sont, certes, contraintes par les concepts et les méthodes des sciences, mais elles sont aussi imprégnées de valeurs morales, de concepts sociaux ordinaires et d’idées communes – bref, de ce que la sociologie appelle des représentations collectives. En cela réside la valeur heuristique des neurosciences pour une sociologie de l’individualisme contemporain. La nécessité d’une telle approche se fait d’autant plus sentir que ces sciences biologiques et psychologiques traitent directement d’affaires humaines – de comportement, de psychologie, d’esprit, mais aussi de pathologie, de bien-être et de mal-être. Leur succès nous dit quelque chose de nous-mêmes en tant que collectivité humaine.
Il faut donc comprendre comment les vérités scientifiques et les idéaux sociaux ou représentations collectives s’entremêlent.
Deux caractéristiques des publications scientifiques permettent d’avancer une hypothèse globale concernant les idéaux impliqués dans les sciences du comportement et du cerveau.
La première est qu’on s’y interroge assez peu sur le sens de l’existence, en revanche on passe son temps à résoudre des problèmes centrés sur les aspects pratiques de l’existence sociale et personnelle. L’individu, qu’il soit schizophrène, déprimé, hyperactif ou en pleine santé mentale, y est systématiquement présenté en tant que sujet pratique confronté à des problèmes à résoudre, devant faire des choix et prendre des décisions en ajustant des moyens à des fins. Le langage des neurosciences cognitives est un langage de l’action et le sujet de ces sciences est un individu agissant.
Le deuxième aspect est relatif à l’adjectif « scientifique » et à l’idée de nature. Étudier scientifiquement le comportement humain, c’est considérer qu’il fait partie du monde naturel. Mais la question de la nature humaine ne se limite pas au problème de la part entre nature (ou biologique) et culture (ou social). Un autre naturalisme est apparu, à la suite de la révolution newtonienne du xviie siècle, avec la philosophie empiriste qui s’est développée au xviiie siècle au Royaume-Uni. Cette philosophie tire de la mécanique de Newton l’importance de la régularité entre les phénomènes observés et donc de leur prévisibilité et de leur fiabilité qu’ils étendent à la vie en société (la sociabilité) et aux passions humaines, passions qu’il convient de réguler par des mécanismes de conversion permettant d’obtenir un homme régulier, fiable, auquel on peut faire crédit et dans lequel on peut avoir confiance. Pour David Hume, qui domine la philosophie empiriste du xviiie siècle, est naturel ce qui ne dépend pas de la volonté humaine et qui se répète avec régularité. Il s’agit ici d’un naturalisme de la régularité et non du fondement biologique, un naturalisme social.
Pour convertir les passions négatives – les symptômes en langage moderne –, Hume met en avant l’idée d’exercice à travers les notions d’accoutumance et répétition (Traité de la nature humaine, 1739) : les passions négatives (souffrance, emportement, envie, etc.) sont converties par l’accoutumance que procure la répétition : celle-ci crée des dispositions à l’action et la rend plus facile. Les idéaux humiens consistent à penser qu’il est dans la nature de l’homme de se développer en prenant des habitudes par des exercices, habitudes qui vont jusqu’à des automatismes de pensée et de conduite. À travers la mécanique de l’exercice et de l’habitude sont ainsi transfigurés des idéaux de régularité, de fiabilité, de confiance, idéaux qui avaient plus d’importance au Royaume-Uni qu’ailleurs en Europe, étant donné le développement très avancé du commerce, de la bourse et du capitalisme. Dans cet entrelacement apparaît une figure fondamentale de l’individualisme démocratique, celle de l’individu ordinaire en tant qu’homme d’action qui, créateur de valeurs, augmente sa propre valeur par le travail et l’échange. Ces idéaux permettent un autoagrandissement régulé. Voilà l’idée sociale découverte outre-Manche.
La philosophie empiriste est ainsi l’expression d’une sensibilité collective dans laquelle apparaît un aspect peu vu par rapport aux idéaux d’autoréflexion qui caractériseraient l’individu moderne : il s’agit d’un mode de vie pour lequel la socialisation par des mécanismes ou des automatismes est une idée-valeur fondamentale, et qui répond à des problèmes ayant surgi de façon privilégiée dans la société britannique.
La conception du social relève également d’une socialisation par des automatismes. La convention humienne a pour exemple paradigmatique les rameurs qui s’ajustent l’un à l’autre sans qu’un pacte ait été conclu (on est à l’opposé de l’idée d’un contrat social), et réalisent un effet coopératif. Les conventions se forment tacitement dans les interactions quotidiennes par des attentes réciproques constituant des enchaînements de causes et d’effets. Les interactions sociales, étant indépendantes de nos pensées et de nos raisonnements, sont naturelles. Elles régulent les passions par les influences mutuelles en les transformant en expériences qui mûrissent l’homme.
Du comportementalisme vers 1900 aux neurosciences cognitives de la fin du xxe siècle, les psychologies scientifiques se sont inscrites dans cette tradition à travers deux aspects. Le premier est qu’elles ont développé des techniques psychothérapeutiques se référant au couple exercice/aisance qui occupe une place centrale. Répétition, aisance, habitude, exercice pour faciliter l’action en convertissant des passions négatives en passions positives, tels sont les ingrédients qui composent ces psychologies. Ces sciences ont dessiné notre figure de l’homme fiable, et c’est là qu’elles répondent à des attentes collectives. Leurs pratiques cherchent plus à rendre l’individu à l’aise qu’à chercher le sens des relations, qu’à les rendre intelligibles, comme dans le cas des thérapies psychodynamiques ou psychanalytiques. Il faut d’ailleurs voir dans ces deux ensembles de pratiques deux grandes manières de refaire son être moral dans les sociétés individuelles de masse, les unes faisant appel à des formes de réflexivité et s’adressant à l’individu en tant que sujet total, les autres à des formes d’exercice et s’adressant au sujet pratique.
Le second aspect est que ces idées se sont développées dans le concept de comportement aux États-Unis à partir du début du xxe siècle. Le mot « comportement » a connu trois moments entre son introduction et les années 1970. Le premier est représenté par le comportementalisme dont la question clé, symbolisée par la polarité stimulus/réponse, est de comprendre comment un être humain est façonné par son environnement. Le second temps est celui de l’émergence des sciences sociales du comportement (Behavioral Social Sciences) et de la psychologie cognitive au cours des années 1940 et 1950 qui, à l’inverse du comportementalisme, sont un « mentalisme » radical. Le troisième temps est marqué par l’intégration dans la psychologie scientifique du nouvel individualisme émergeant au cours des années 1960 : la régulation du comportement s’infléchit vers l’autorégulation et l’accomplissement personnel.
Le comportementalisme était un projet d’ingénierie sociale organisé autour de la prédiction et du contrôle et centré sur l’apprentissage et la mémoire. L’idée fondamentale était que les organismes (animaux ou humains) apprennent à résoudre des problèmes par essais et erreurs et non par une compréhension de leur environnement. L’apprentissage consistait à ajuster le comportement par des actes répétitifs de telle sorte que l’organisme finisse par donner les bonnes réponses aux stimuli et que celles-ci s’inscrivent dans sa mémoire. Il « fut, par-dessus tout, comme l’écrit un historien de la psychologie, un environnementalisme radical, qui investissait l’homme de la capacité à fabriquer et à former son propre monde, libre de l’autorité de la tradition et des impasses du passé » (Buckley, 1989, p. 148). L’outil représenté par le système stimulus/réponse avait l’immense avantage de fournir des moyens simples non seulement pour ajuster l’homme à un environnement instable en le dirigeant de l’extérieur, ce qui séduisit l’industrie, mais encore pour réformer un environnement nuisible ou défavorable, ce qui séduisit les partisans des réformes sociales.
Deuxième temps, à partir des années 1940-1950, il s’agit pour les nouvelles sciences du comportement, la théorie du choix rationnel et la psychologie cognitive, à l’inverse du béhaviorisme, de saisir la façon dont l’individu façonne son environnement par ses choix, ses décisions, son intelligence, sa rationalité tout en restant façonné par lui, ce qu’on appellera son système cognitif. La représentation de l’individu est celle d’un citoyen du monde libre, qui choisit et prend des décisions, dont le modèle est l’intelligence du scientifique, incarnation des valeurs de la raison.
La question du genre de personnalité que l’on souhaite favoriser devient une question politique et scientifique majeure dans le nouveau contexte à la fois de victoire contre le totalitarisme nazi et de guerre froide avec le communisme : le seul ajustement à la société n’est plus acceptable si s’ajuster au totalitarisme et à la démocratie est susceptible de signifier la même chose. Il faut une théorie solide de la nature humaine pour affronter la théorie de la malléabilité infinie de l’homme défendue par le totalitarisme . Entre l’avant-guerre et l’après-guerre, le système d’attentes à l’égard de l’individualité n’est plus tout à fait le même.
Dans le contexte de bascule des années 1940-1950, les sciences comportementales déplacent la conception de l’homme dirigé de l’extérieur vers celle de l’homme dirigé de l’intérieur, et structurant son environnement grâce à des « modèles internes » auxquels est associé un tout nouveau concept : le « programme » informatique, qui transforme le concept d’ordinateur d’un instrument de calcul à un instrument de résolution de problèmes. Le thème du contrôle est reconfiguré à travers le problème du choix et de la décision, d’une part, de l’intelligence et de la « rationalité limitée » (concept qu’on doit à Herbert Simon), de l’autre. Entre les stimuli et les réponses, les nouvelles sciences de la nature humaine introduisent donc une double médiation : l’intelligence, à travers l’adjectif « cognitif », et la liberté, à travers les substantifs de « décision » et de « choix ». Deux personnages donnent figure à ces idéaux : le scientifique et l’homme économique. Ils sont tous deux des modèles de la nature intelligente de l’homme, en tant qu’ils sont, d’une part, des sujets pratiques, cherchant à résoudre des problèmes, rationnels, au sens de réflexifs, qui se donnent un but et les moyens de l’atteindre, et des sujets démocratiques, rationnels cette fois au sens de libres.
Troisième temps du comportement, à partir de la fin des années 1960, moment où les idées de contrôle des comportements deviennent suspectes, la psychologie cognitive fait, quant à elle, feu de tout bois pour équiper l’individu dans la poursuite de ses propres buts. L’idée de diriger l’individu de l’extérieur par la « main visible » des experts ne peut plus être un modèle adéquat de la conduite rationnelle ordinaire. En 1969, le psychologue Georges A. Miller, le « pape » de la Révolution cognitive, prononce son adresse présidentielle au congrès de l’Association des Psychologue américains. Il indique le nouveau ton : « Au lieu de répéter constamment que le renforcement conduit au contrôle, je préférerais souligner que le renforcement conduit à la satisfaction et à la compétence. Et je préférerais considérer la compréhension et la prédiction […] non en termes de contrainte exercée par une élite puissante, mais de diagnostics de problèmes et de développement de programmes pouvant enrichir les vies de chaque citoyen » . Le contrôle est désormais non le contrôle du comportement de l’ingénierie sociale, mais celui que chacun doit pouvoir exercer sur sa propre vie pour s’accomplir.
Les idéaux de régularité sont en effet renouvelés à partir des années 1960-1970, moment où nos sociétés entrent dans une nouvelle dynamique dans laquelle tout ce qui concerne l’autonomie individuelle devient la valeur suprême. C’est le moment où de nouvelles représentations collectives amorcent leur ascension. Elles font de la liberté de choisir et de la propriété de soi une valeur essentielle, elles favorisent une puissante dynamique de diversité normative et de multiplication des styles de vie, elles valorisent l’initiative individuelle, l’innovation et la créativité à un degré inconnu jusqu’alors. Tous ces idéaux placent l’accent sur la capacité à agir de l’individu. Nous sommes entrés dans un individualisme de capacité imprégné par les idées, les valeurs et les normes de l’autonomie. Il s’agit d’un changement de l’équation personnelle.
AUTONOMIE ET POTENTIEN CACHE
Un des plus puissants et des plus ordinaires idéaux de l’autonomie est ce que j’appelle l’idéal du potentiel caché, c’est-à-dire l’individu capable, quels que soient ses handicaps, ses déviances ou ses pathologies, de s’accomplir en transformant ses handicaps en atouts. Il constitue un idéal d’action associant les traditionnelles vertus de courage à celles, plus nouvelles, de la créativité et consistant à socialiser un mal incontrôlable, à en faire une forme de vie. Cet idéal est la forme sociale spécifique par laquelle des personnes diagnostiquées malades, handicapées ou déviantes, traitées jusqu’alors au sein d’institutions que le sociologue Erving Goffman a appelées des « institutions totales » , sont devenues des individus capables de connaître des accomplissements dans la vie sociale.
Il faut une figure sociale pour donner corps à ces idées, une figure d’identification. C’est dans l’autiste de haut niveau que ces idéaux se montrent de manière exemplaire. L’autiste de haut niveau est passé des fins fonds de l’arriération mentale au statut de super individu. Cette figure possède la particularité d’exemplifier un type d’individu affecté à la fois de handicaps majeurs et d’atouts majeurs. Elle nous permet d’élaborer sur nos capacités et compétences : non plus normal et pathologique, mais, dans le langage des militants de l’autisme, la neurodiversité qui promeut l’idée qu’il existe des compétences typiques et d’autres, atypiques, montrant ainsi la richesse de la diversité des individus et soulignant que chacun dispose d’atouts quels que soient ses handicaps.
Il faut des idées, nous les avons avec les psychologies scientifiques, nous disposons également d’une figure symbolique, il faut encore une neurophysiologie. Pour résumer brutalement le mouvement, on est passé au cours de la deuxième moitié du xxe siècle d’un cerveau-réactif (qui réagit aux stimuli du monde) à un cerveau-agent (qui agit sur le monde et le façonne). Le cerveau qui se construit à partir des années 1950 est progressivement conçu comme un système dynamique auto-organisé, qui se déclenche de lui-même, indépendamment de stimuli venant de l’extérieur de l’individu, un cerveau-agent. Il permettra d’expliquer à la fois comment l’être humain agit et comment il apprend et change. Cette condition d’indépendance à l’égard du monde extérieur est au cœur de la visée des neurosciences cognitives : si l’on peut prouver que le cerveau meut de lui-même un être qui agit dans le monde, et pas seulement un être qui se contente de réagir, alors on aura sérieusement avancé dans la connaissance de l’homme à partir de son cerveau. Le nouveau cerveau n’a pas pour modèle l’obéissance disciplinaire, avec une direction centrale distribuant ses ordres comme un ingénieur taylorien – c’est là le cerveau-réactif. Il se déclenche de lui-même de manière proactive, il est capable de faire des hypothèses, de simuler l’action et de s’en représenter les conséquences.
L’acquis conceptuel majeur de ce traitement physiologique au cours de la deuxième moitié du xxe siècle est la capacité du cerveau à se modifier de lui-même tout au long de la vie de l’individu, grâce à la croissance neuronale et à un concept biologique clé, lancé par le neuropsychologue Donald Hebb en 1949, celui de plasticité synaptique. Celui-ci permet de comprendre le mécanisme biologique réel au fondement des pensées, tout en montrant un cerveau capable de changer de lui-même, un cerveau-individu. Sur lui va s’investir une valeur sociale fondamentale : la capacité infinie de l’individu à être l’agent de son propre changement. La plasticité synaptique est le concept carrefour où convergent à la fois les acquis les plus convaincants de la recherche biologique, les représentations collectives de l’homme d’action autonome.
La question clé est : comment rendre compte, en physiologiste, de la volonté en tant que celle-ci déclenche l’action ? En physiologiste, cela implique que l’action est abordée comme un mouvement volontaire, donc que son fondement neurobiologique est moteur. L’enjeu se ramène au problème suivant : l’action est-elle nécessairement une réponse motrice à un stimulus sensoriel externe – renvoyant à un cerveau qui réagit – ou existe-t‑il un système d’activation interne qui soit le correspondant de la volonté – faisant apparaître un cerveau de l’action ? La recherche montrera que la deuxième option est la bonne.
Il faudrait décrire comment tout cela s’est élaboré, mais je vais simplement me concentrer sur un concept biologique clé des neurosciences, un des concepts les plus populaires, celui de plasticité cérébrale pour montrer comment le biologique et le social s’intriquent.
Le concept de plasticité explique comment le cerveau se modifie de lui-même en fonction de l’expérience. Son mécanisme biologique est la transmission synaptique entre deux neurones ; c’est donc un problème de connexion. Le renforcement des connexions entre cellules se produit donc au niveau des synapses qui croissent, l’activité coïncidente de deux cellules entraînant des changements structurels, c’est-à-dire des traces permanentes dans le cerveau. Biologistes et psychologues ont trouvé dans cette idée les bases neurales de l’apprentissage et de la mémoire. Avec la transmission et la plasticité synaptiques sont non seulement démontrés la capacité du cerveau à se transformer (à transformer son organisation) en fonction des besoins de l’individu, mais encore le caractère à la fois modulaire et distribué des fonctions du cerveau.
Sur ce concept biologique s’est investie la valeur sociale fondamentale du potentiel caché : la capacité de l’individu à être l’agent de son propre changement, c’est-à-dire à se transformer de lui-même en prenant de nouvelles habitudes, et cela à tel point que l’on confond la plasticité cérébrale et la plasticité au sens de l’éducabilité de l’individu ou de ses capacités à changer
À travers l’usage extensif de la plasticité cérébrale, la leçon sociale que délivrent les neurosciences cognitives est que le cerveau, donc l’individu, dispose toujours de ressources, grâce à la plasticité cérébrale, pour que l’individu puisse trouver une solution – créative – à ses problèmes et qu’il ne faut pas désespérer de la nature sur laquelle, au fond, on peut toujours compter pour rebondir. Elles montrent un cerveau possédant une telle souplesse de fonctionnement que l’individu doit toujours être capable de surmonter la réduction normative causée par le mal, grâce à une création qui correspond à ses besoins – c’est le cerveau du potentiel caché illustré au travers de l’autisme. Le concept biologique de plasticité cérébrale se fond dans la représentation collective de l’autonomie, il cristallise la capacité de l’individu à changer de lui-même, activant ainsi l’un d’un des idéaux les plus ordinaires et les plus valorisés, consistant à affirmer qu’il existe toujours, logées au fond de soi, des ressources pour s’en sortir. Voilà d’où les neurosciences tirent leur autorité morale : d’alimenter des croyances collectives auxquelles nous accordons la plus haute valeur avec les ressources démonstratives inégalées de la science.
Nous découvrons un système d’idées-valeurs qui incite l’individu à découvrir ses forces dissimulées derrière le symptôme, la maladie ou le handicap. Les neurosciences et les sciences comportementales nourrissent un optimisme de l’action en démontrant que l’être humain peut toujours dépasser ses propres limites et que personne n’est condamné par un déterminisme quelconque, qu’il soit biologique ou social. La référence matérialiste à la base biologique, à l’assemblage neuronal, à l’infrapersonnel, participe de nos idéaux de maîtrise de soi et de relations sociales stables non parce que nous en connaîtrions désormais assez sur les mécanismes neurobiologiques, mais parce qu’elle alimente notre idéal commun et ordinaire de la transformation personnelle en transfigurant nos concepts sociaux de régularité, de prévisibilité, de constance et de confiance les plus valorisés dans un langage scientifique.
Se revendiquant d’un naturalisme du fondement biologique, dont les mécanismes causant des pathologies mentales et des comportements sociaux restent à ce jour à l’état d’hypothèses scientifiques plus ou moins plausibles, voire de spéculations philosophiques, les neurosciences cognitives transfigurent bien plus sûrement un autre naturalisme qui est au cœur d’idéaux communs essentiels de la modernité individualiste, essentiels parce qu’ils sont les conditions pour que les hommes et les femmes agissent en individus sociables (régularité, exercice, habitude, confiance, coopération, capacité à se mettre à la place d’autrui, etc.) et que puissent se développer en même temps des formes d’autoagrandissement régulées. Les neurosciences cognitives sont devenues un des grands récits de l’individualisme contemporain en associant les idéaux de régularité à ceux de l’infinie possibilité à changer et à innover. Elles se situent ainsi au centre d’attentes morales et sociales qui se diffusent massivement dans nos sociétés au cours du dernier tiers du xxe siècle auxquelles elles répondent par un ensemble de pratiques organisées sur l’exercice. Elles apportent à ces idéaux (par la légitimité dont bénéficient les sciences qui, elles, fournissent des preuves – notamment, expérimentales – étayant leurs propositions) les promesses d’un développement illimité des capacités humaines. Tel est l’horizon d’attentes qu’elles suscitent et d’où elles tirent une bonne part de leur autorité.
L’ empire du bien a de nombreuses vertus dont une celle d’être prévisible .
Biden, ce général de guerre de 80 ans qui n’a jamais fait l’armée, remercie Poutine de lui permettre de faire oublier son bilan économique( chômage, endettement,… ) et social ( wokisme, cancel culture…) au niveau interne et son bilan international tout aussi brouillon vis a vis de la Chine, de l’Europe, de l’Iran, de l’Afghanistan…
Macron remercie Poutine, il va pouvoir passer en moins de 8 jours du Conseil de guerre sanitaire au Conseil de guerre des Pieds Nickelés et par la même assurer sa réélection en balayant , lui Jupiter, tous ses débats nationaux qui ne sont plus de son niveau… Comment peut on encore parler de pouvoir d’achat ou d’immigration au moment de la mobilisation Nationale.
L’ Union Européenne remercie à genoux Poutine pour lui permettre enfin de se fâcher définitivement avec la Russie, notre plus sûr allié , d’ accueillir des migrants Ukrainiens, elle ne sait faire que cela, prendre des sanctions économiques, qui vont nous pénaliser, et enfin finir de se soumettre, comme cela fut le cas depuis la création de l’UE, à l’Oncle Sam .
La volonté de puissance de Poutine est un crime contre l’humanité; comment ose t il reprendre cette Alsace Lorraine qui fut sienne. Et ce alors même que l’OTAN , force de l’Empire du bien, est au porte de la frontière Russe et que l’UE agite le chiffon rouge d’une intégration de l ‘Ukraine à l’UE. Après l’épisode Turc cela recommence.
Je me souviens pourtant d’un temps ou les Américains menaçaient de guerre mondiale si des fusées Russes étaient disposées a Cuba; un temps ou les Américains débarquaient dans la Baie des cochons; un temps ou les Américains exécutaient Allende, Lumumba…; un temps toujours d’actualité ou on enferme et torture sans procès à Guantanamo.
Mais surtout les GAFA et les start up californiennes transhumanistes remercient Poutine car il permet de dissimuler le Grand remplacement qui est à l’œuvre, celui qui passe par les neurosciences .
Neuralink remercie Poutine pour lui permettre en toute impunité de massacrer des singes pour implanter des puces , de mettre en œuvre sur des cochons des expérimentations déjà prometteuses pour créer des faux souvenirs, de travailler sur des implants neuronaux susceptibles de contrôler la Conscience.
Elon Musk remercie aussi Poutine de lui permettre sans aucun débat de coloniser l’espace avec des milliers de satellites.
Apple remercie Poutine car il lui permet de continuer à s’approprier les connaissances et les informations les plus sensibles sans que cela ne trouble le reste du monde.
L’ empire du bien américain remercie Poutine car jamais n’est remis en cause l’extraterritorialité du droit américain que l’oncle Sam s’est arroger sans discussion. Là je crois qu’on peur parler d’invasion et de non respect du droit international.
Mais au pied du phare il fait nuit et il est si facile de réveillez les vieilles peurs et la mémoire collective de la guerre alors oui des gens ont les mains sales mais à côté de la révolution post humaniste qui se prépare l’Ukraine s’est le Moyen âge.
De Stromae et sa dépression D’enfer qu’ il peut garder pour lui à Jérémy Frérot qui cherche c’est quoi un homme dans une litanie de poncifs en passant par Grand corps malade qui passerait presque comme le moins neurasthénique, la coupe est pleine d’antidépresseurs.
Mais il faut crier au génie sous peine de devoir supporter le dernier opus de Adèle qui recycle et recycle les mêmes vibrato gospelien et le même thème musical de Hello à Easy on me en passant par Someone like you.
Du génie encore du génie. Orelsan, Vitaa et Slimane ou comment faire de la Daube dans un vieux pot avec un navet, Vianney le fils spirituel de Benabar et Delerm, Soprano …
Reste Coldplay à la musique gaie pour jeunes filles pré ou post pubertaires et une chanteuse, encore belge, une malédiction cette immigration des belges et québécois, qui aime Bruxelles , chouette alors.
Bon vous allez dire alors il aime quoi… Bon mis a part les inaudibles pleureurs et les textes de Soprano, maître Gims et con sort qui sont pour Les marseillais à Miami je me réfugie soit dans le passé , soit je fredonne , soit je suis curieux et j’ai de bonnes surprises.
Reprenons le Publi reportage. « À l’hypermarché Carrefour de Tarnos, une « bla bla caisse » pour prendre le temps de discuter. Les blabla caisses » : des hypermarchés mettent en place des caisses où on discute avec la caissière.
Le principe de ces caisses : prendre le temps de mettre les courses sur le tapis et de papoter avec l’hôte ou l’hôtesse de caisse pendant que l’on range ses courses sans subir la pression des clients qui font la queue derrière vous et qui attendent. L’idée est née au sein d’un panel de clients après la crise sanitaire.
Créer plus de lien social, voilà l’objectif de ces caisses lentes. Depuis plusieurs mois, certaines grandes chaînes d’hypermarchés ont mis en place des « blabla caisses », c’est-à-dire des caisses où les clients sont invités à bavarder avec l’hôte.
Les premiers bénéficiaires sont les clients et notamment les personnes isolées dont la sortie au supermarché peut être pour certains « la seule sortie de la journée », explique Stéfen Bompais, directeur de l’expérience client pour le groupe Carrefour dans un article du figaro. En effet, si la crise sanitaire a favorisé l’essor du sans contact et de l’automatisation, elle a aussi créé, dans le même temps, un besoin de lien social chez les personnes isolées.
Voilà, que dire?
Il y des personnes isolées pour qui allez au supermarché est la seule sortie de la journée et une forme de lien social. C’est triste mais vieillir c’est aussi cela parfois.
Alors que dire de cette initiative… Que cela sacralise de fait qu’il ne va pas falloir papoter à toutes les caisses sinon c’est le bordel , c’est pas prévu et la caissière pourra vous dire que ici on scanne point barre. D’ailleurs cela sera t-il une faute professionnelle de parler aux clients …. et cela sera t-il tolérer par les clients dans la file d’attente… Pourront ils porter réclamation à l ‘accueil du magasin pour non respect du règlement ?
Plus grave, peut on passer d’une caisse blabla à une caisse nonblabla soit comme client soit comme caissier? Comment choisir sa caisse? Gain de temps ou vie sociale? D’autant plus que c’est souvent le changement de rouleau ou un défaut code barre qui retarde tout le monde et rarement une discussion sur la faculté de juger de Kant ou le dernier meeting de Eric Zemmour…
Encore plus grave, les petits vieux ne pourront plus se payer le luxe divin de retarder tout le monde en « taillant une bavette » avec le caissier sous la colère montante des non oisifs. Les petits vieux vont se voir illico presto parquer dans la caisse blabla et finit ce petit plaisir coupable de mettre les abeilles aux autres clients.
J’attends de voir le jour ou toute les caisses seront blabla et nous irons au supermarché pour rencontrer un ami.
Merci à la grande distribution ou l’art de la conversation revisité.
Cet article n’est pas la suite du premier qui portait sur l ‘organisation du travail dans une perspective communiste et dans la tradition marxiste.
Celui ci vise plutôt les évolutions managériales conduisant à un mal être au travail que l on peut nommer une quotidienneté du mal.
Plus le discours libéral parle de bientraitance, de Burn out, d’entreprise citoyenne et de co-responsabilité plus l’ingénierie managériale et le new public management ( NPM) étouffe les individus et fait taire le salarié.
Tous cela repose la question du travail, de son sens certes, de sa valeur, mais aussi de sa nature anthropologique.
Je compte aborder cette étude en cheminant à partir de la pensée de Hannah Arendt.
ll n’est pas rare que la distinction établie par Hannah Arendt dans Condition humaine -et non pas de l’homme moderne- entre travail, œuvre et action, soit comprise comme un désintérêt, voire un mépris, affiché envers le travail . Cette interprétation s’appuie sur une porosité entre le niveau du lexique, particulièrement diversifié, et celui du concept arendtien, strictement entendu au sens du labeur. En tant que terme du langage courant, en effet, le travail recouvre un large faisceau d’acceptions qui en fait à la fois la richesse et la plasticité – activité de transformation du réel, emploi qui assure un revenu, collaboration à la production économique, moyen de tenir sa place parmi les autres, activité à travers laquelle on espère se réaliser, peut-être se distinguer, etc. Mais, en tant que concept, l’élaboration à laquelle Hannah Arendt soumet le terme le restreint artificiellement à signifier l’activité nécessitée par les besoins de la vie – le labeur. Du fait d’une interprétation qui oscille du mot au concept, on néglige parfois une pensée qui a pourtant beaucoup à nous dire sur les transformations du travail aujourd’hui.
Le texte qui suit voudrait convaincre de la pertinence d’une application de la distinction arendtienne au travail en régime de néomanagement en l’articulant à l’écho qu’elle trouve dans la quotidienneté du mal au travail .
Après un bref rappel des principaux traits de la distinction le questionnement politique qui la sous-tend sera mis en relief, ce qui permettra d’envisager son lien profond avec la notion de banalité du mal. Une deuxième partie s’efforcera de relire la distinction, dans la perspective des préoccupations de la psychodynamique du travail, notamment à travers la stratégie défensive de désinvestissement subjectif du travail. Le troisième temps de notre réflexion nous conduira à avancer que le néomanagement est l’outil par lequel est en passe de se réaliser cette « société de travailleurs menacés d’être privés de travail » contre laquelle la distinction établie par H. Arendt cherchait à mettre en garde.
La distinction travail, œuvre, action
La raison principale qui conduit à charger d’un mépris pour le travail la distinction établie par Hannah Arendt entre travail, œuvre et action, est qu’on la radicalise en la substantialisant. Il est vrai que H. Arendt parle, elle-même, de distinguer des activités à l’aide de ces termes ; mais son expression est ambiguë et la cohérence de l’ensemble du texte exige davantage d’y voir une distinction non pas substantielle, mais analytique : plutôt que des activités en tant que telles, ce sont des versants de l’activité humaine qui sont distingués, à partir des « conditions » qui sont les leurs, et des buts qui les orientent.
Selon Arendt, en effet, l’activité, du fait qu’elle est humaine, est orientée selon trois visées différentes : parce que l’homme est un être vivant, il souscrit à la nécessité du labeur, d’avoir à faire quelque chose pour se maintenir en vie (travail) ; parce qu’il est un être conscient, il se sait mortel, et il sait l’indifférence de la nature à son égard : il veut rendre le monde familier, y laisser sa marque, et il le peuple d’objets de son invention – il fabrique un monde (œuvre) ; parce qu’il est un être social, il apparaît aux autres et veut tout à la fois leur manifester le sens qu’il accorde à cette vie ensemble et leur montrer ce dont il est capable (action). Travail, œuvre, action : les activités humaines se déploient selon cette triple vectorisation. Se maintenir en vie. Produire un monde humain d’objets. Vivre humainement.
Ces grandes orientations déterminent un rapport différent à ce qui est produit : les produits du travail sont destinés à être rapidement détruits par la consommation alors que les produits de l’œuvre sont voués à être utilisés et transmis, c’est-à-dire à durer ; quant au registre de l’action, on peut à peine parler de produits, puisqu’il n’y a pas là de matérialité – l’action est le lien entre les hommes mis en acte –, mais des mots qui s’échangent, des décisions qui se prennent, etc. Lorsque l’action produit quelque chose – la promulgation d’une loi, par exemple – elle se situe alors sur le versant de l’œuvre Ce passage discret et inévitable d’un registre à l’autre est un argument en faveur d’une lecture analytique et non substantialiste de la distinction.
La distinction arendtienne est l’outil d’une critique de la tendance moderne à réduire la triple orientation des activités humaines à la seule utilité, ramenée au vital. Ainsi, écrit-elle, nous avons « presque réussi à niveler toutes les activités humaines pour les réduire au même dénominateur qui est de pourvoir aux nécessités de la vie et de produire de l’abondance. Quoi que nous fassions, nous sommes censés le faire pour “gagner notre vie” » (Arendt). Critique, autrement dit, de la dérive qui rabat l’ensemble des activités humaines vers la seule catégorie du travail entendu comme labeur : l’effort nécessaire et incessamment renouvelé ce qu’il faut bien faire pour vivre, ce qui est important parce que le vivant ne saurait s’en passer. Cela se lit notamment dans la dénonciation, étonnamment actuelle, de la dégradation des produits de l’œuvre en produits de consommation .
L’argument le plus décisif pour une interprétation de la distinction en termes analytiques est qu’une activité aussi strictement limitée à sa dimension laborieuse ne peut avoir été pensée comme la définition de l’activité courante du travail, qui n’est limitée à sa fonction vitale que dans des circonstances extrêmes. Il est indéniable – et on ne voit pas pourquoi H. Arendt l’aurait ignoré – que, dans l’activité concrète du travail (entendu au sens courant d’activité socialement utile et rémunérée), les différentes orientations du travail, de l’œuvre et de l’action, sont le plus souvent mêlées – lorsque par exemple nous aspirons, au travers de notre emploi, à tenir notre place dans la société, à faire du « beau travail », ou encore à faire exister ce qui nous paraît juste.
La réduction de l’activité de travail au travail
Le mouvement de réduction qui affecte la représentation des activités dans la société moderne, société dominée par la prégnance de la technique et sa visée d’utilité, tend ainsi à rabattre l’utilité sur le vital. La question « À quoi ça sert ? » en vient à écraser toutes les autres perspectives sur l’activité et à faire apparaître comme accessoires celles dont le vivant peut se passer. Dès lors, affirme H. Arendt, cette hégémonie de l’exigence d’une utilité ramenée à la nécessité vitale menace de recouvrir la question du sens et porte atteinte à la dimension spécifiquement humaine de l’activité : elle nous pousse à nous conduire comme des rouages de machines, ou comme des fourmis dans la fourmilière. Les uns et les autres – rouages et fourmis – fonctionnent, ils contribuent à la bonne marche de l’ensemble, sans jamais poser la question du sens de ce qu’ils font – et pour cause !
La thèse de Hannah Arendt revient donc à affirmer que l’activité humaine, en tant qu’elle est humaine, excède toujours la question du vital et de l’utile. Non que cela soit négligeable ou méprisable ; mais cela ne saurait suffire – sauf grave atteinte à ce qui nous fait humains. Pour les hommes, il s’agit de gagner leur vie, c’est incontestable ; mais au moins tout autant de limiter l’étrangeté de leur environnement et de fabriquer un monde structuré par les artifices humains ; et plus encore peut-être d’agir dans ce monde pour y faire exister leurs valeurs et manifester aux autres qui ils sont.
« Quoi que nous fassions, nous sommes censés le faire pour “gagner notre vie” » (Arendt). L’apparente évidence de la formule cache un redoutable déni des intérêts spécifiquement humains, qui nous fait courir le risque de juger superflu ce qui, n’étant pas vital, nous est cependant essentiel. Si Hannah Arendt affirme de façon provocante que « le travail est la moins humaine des activités », ce n’est pas par mépris aristocratique pour le labeur, mais contre le mépris, au nom de ce qui est vital, de la question du sens.
Cet argument du nécessaire qui veut faire taire toute question, nous le connaissons bien, nous qui vivons dans une société où le sentiment d’impuissance tend à l’emporter, face aux impératifs économiques. Si c’est la nécessité économique qui impose la voie à suivre, à quoi bon nous interroger sur le sens de ce que nous faisons et sur la société que nous voudrions former ?
Comme toujours chez Arendt, la toile de fond de ce qu’elle discute est politique. L’œuvre de Arendt peut être vue comme le déploiement incessant de la question qui l’initie, à partir des Origines du totalitarisme (publié en 1951) : comprendre le totalitarisme – comment cela a-t-il été possible ? le mal peut être fait sans y penser.
Organisation du travail et rapport au réel
La psychodynamique du travail a repris l’idée arendtienne de banalité du mal (Dejours) pour l’appliquer aux transformations récentes de l’organisation du travail. Le NPM est ainsi articulée à sa propension à susciter un renoncement au jugement, en évacuant la question du sens au profit de mesures standardisées et chiffrées qui malmènent le travail réel. Cette déréalisation ouvre sur la généralisation des phénomènes de souffrance au travail : pour « coller » tant bien que mal aux objectifs prescrits, un mensonge collectif s’élabore (Dejours), qui installe chacun dans la compromission, ne serait-ce que par le silence obligé de son corps à corps avec l’activité concrète du travail. Ordonner l’impossible, infliger l’humiliation, sont dès lors comme inscrits dans les principes mêmes du fonctionnement ; cela se fait sans avoir à y penser, puisque c’est présenté comme nécessaire : il faut tirer le « meilleur » de chacun, éliminer ceux qui ne sont pas « performants », etc. La routine banale de l’« efficacité » – une efficacité qui n’est plus rapportée à ce que le travail produit, mais à l’adéquation des mesures de l’activité aux objectifs prédéfinis. Comme si intéressait moins le travail que l’image du travail, une image qui doit venir confirmer les injonctions managériales. Le processus d’abstraction du travail est à son comble, dans cette représentation du travail qui ne veut plus rien savoir du travail réel c’est-à-dire du travail vivant dans sa rencontre avec l’épreuve du réel. Par conséquent – le réel étant par définition ce qui résiste à l’entreprise humaine – l’irruption pourtant inévitable de l’imprévisible et de l’échec est déniée : la pratique managériale installe le principe d’une activité aveugle à ce qu’elle fait.
Les collectifs se délitent avec la disparition des espaces de délibération et, avec eux, la réalité même de ce qui est fait. Dès lors s’ouvre la spirale de ces nouvelles pathologies du travail que sont les « pathologies de la solitude » (Dejours) – pathologies de la « désolation » décrite par H. Arendt. La réalité humaine est tissée de pluralité, elle est faite de représentations croisées, des points de vue qui s’échangent dans l’espace public ; lorsque les hommes ne peuvent plus parler entre eux de la réalité qu’ils partagent, c’est le sol même de la réalité qui se dérobe.
La qualité devient une fiction lorsqu’elle est portée par des mesures qui réfèrent davantage à leur propre standardisation qu’à la réalité de ce qui est produit. Les effets aberrants de ces procédures sont bien connus, et rendent manifeste leur caractère insensé – au sens le plus littéral du terme : des procédures qui, par leur rupture d’avec la question du sens, sont devenues folles. Ces procédures prétendent poser une évaluation sans le détour par le jugement et la parole : il n’y aurait rien à discuter, seulement à mesurer. De fait, c’est une rupture avec la réalité qui est induite, et le processus absolutise une pseudo-objectivité. Car qu’est-ce qui est mesuré ? La « description gestionnaire » du travail aboutit à priver de sens les critères qui lui sont appliqués, du simple fait de leur systématisation Le caractère formel et arbitraire de ces mesures heurte les jugements portés sur l’activité, qui demandent évidemment plus de subtilité qu’un critère mécaniquement appliqué. Mais ces jugements ne trouvent plus à se dire, ils sont les clandestins de la pratique ordinaire. Les ajustements empiriques par lesquels les travailleurs composent dans leur rapport au réel doivent être passés sous silence : il faut faire comme si tout allait conformément aux prescriptions, adapter tant bien que mal le réel aux normes. Le sens du métier s’égare, quand ce qui fait le métier devient encombrant dans les rapports avec la hiérarchie et qu’il faut éviter d’en parler entre pairs. L’énergie passée à entretenir la facticité d’une réalité qui sauve les représentations managériales est énorme. Le travail humain s’engage dans une spirale ascendante de souffrance. Une souffrance absurde, puisqu’elle n’est pas le passage obligé du bien travailler, mais plutôt l’injonction de travailler n’importe comment – en dépit du bon sens.
Mais l’homme ne peut pas se désintéresser de ce qu’il fait, et notamment de ce que son activité produit, sans atteinte grave à la dimension humaine. Lorsque le travail est réduit au labeur, il ne reste de l’homme que l’animal qui s’affaire à se maintenir en vie, et de la société humaine que l’interdépendance impensée de la fourmilière.
L’ analyse des activités de travail des services publics par exemple montre d’abord qu’elles sont, comme toute activité de travail accomplie dans le secteur public ou privé, à saisir dans l’articulation tri-polaire de « l’usage de soi », de la gestion, de la « politeia[1] » À la suite de Ombredane et Faverge[2], l’analyse du travail se fonde largement sur les recherches en psychologie et ergonomie conduites durant le vingtième siècle. Elle opère, notamment, une distinction fondatrice entre tâche et activité ou, pour reprendre l’expression de J. Leplat, entre « ce qu’il y a à faire » et « ce que l’on fait ». Cet écart, est toujours repéré, y compris dans les situations où le travail est présenté comme de « simple exécution » et où la prescription (fiche technique, procédure, instructions…) prétend rendre compte de la totalité de l’action. C’est pourquoi le « travail réel » ne correspond jamais exactement à ce que la prescription en dit. Dans cet écart, il y a toute la contribution que chaque opérateur doit apporter pour donner au prescrit son effectivité. La tâche n’est, ainsi, à proprement parler, jamais « exécutée » mais toujours repensée, réorganisée, transformée en fonction de situations concrètes variant constamment et de chaque sujet particulier dont la biographie, la formation, l’expérience sont singulières. Dès lors, au modèle qui réserve à certains la conception (des espaces, des outils, des processus…) et à d’autres l’exécution, les analyses du travail soulignent que la tâche est l’objet de plusieurs élaborations de la part d’acteurs différents, y compris les opérateurs eux-mêmes. C’est à cette mobilisation subjective dans les situations, cet « usage de soi »[3] que l’on réserve, en règle générale, le terme d’activité, marqué du double sceau de la singularité du déroulement des actions et des sujets s’y engageant. En effet, toute activité de travail réclame un investissement de soi -du corps, de l’intelligence, de l’affect…- du « corps-soi » dirait Y. Schwartz – impliquant la singularité de chacun pour accomplir des tâches répondant à des critères précis (éducatifs, gestion…). Cette confrontation, dans l’activité, de l’usage de soi et des critères ou valeurs dimensionnés initie des débats, des choix : qualité/quantité, sécurité/efficacité, sens du travail…Une foule de concepts sont donc mis en circulation de façon non programmée à partir de la notion d’activité. Peu différentes des activités de travail dans le secteur privé, celles des services publics semblent cependant en première approximation être plus perméables à la notion floue, mais néanmoins fortement présente, d’intérêt général.
Les trois orientations de l’activité que sont le travail, l’œuvre et l’action nous sont conjointement nécessaires : nous ne pouvons pas, sans grave dommage pour ce que nous sommes, détacher le vivant de l’humain, ce qui relève de la nécessité vitale et le reste. Car ce « reste » nous est essentiel, il porte notre façon de voir le monde, ce qu’il nous est tellement essentiel de partager et discuter avec les autres.
Le travail, labeur nécessaire, toujours recommencé, nous inscrit dans le temps du vivant (Arendt) : temps cyclique, sans début ni fin, où nous sommes interchangeables – cycle naturel de la naissance et de la mort, qui renouvelle indéfiniment les individus, indifférent aux personnalités. On comprend dès lors l’inflation d’exigence de reconnaissance qui emplit désormais la sphère du travail, ainsi que notre curieux rapport au temps – toujours « affairés », nous n’avons le temps de rien, dirait-on. Ce sont les symptômes d’intérêts fondamentaux qui tournent à vide et ne trouvent pas à s’investir. Car ce n’est que dans le registre de l’œuvre et de l’action que nous pouvons faire quelque chose qui vaille la peine non seulement d’être fait, mais mentionné, discuté, transmis, échangé – reconnu –, nous inscrivant dès lors dans un temps humain : un temps linéaire non pas cyclique comme celui de la nature, mais celui de ce que les hommes font dans et à leur monde – le temps de l’histoire, dans l’horizon du vivre ensemble qui est un « vivre parmi » .
La désagrégation sociale et politique va de pair avec la dépersonnalisation qui ne laisse au travail que des individus affairés à se maintenir en vie. Si l’essentiel est de gagner sa vie, si peu importe comment, alors à quoi bon discuter de ce que nous faisons, au nom de quoi s’engager, et pourquoi prendre le risque de s’opposer ?
Est-ce ainsi que les hommes travaillent ?
Les concepts élaborés par Hannah Arendt dans Condition humaine indiquent comment l’efficacité de la rationalité instrumentale à l’ère des prouesses technologiques peut s’imposer comme schème du fonctionnement mental, en prenant appui sur les caractéristiques de l’activité de ce vivant pas comme les autres qu’est l’être humain.
Le NPM est bien au service d’un rapport de force dans l’exploitation du travail. Ses accointances avec l’idéologie néolibérale sont manifestes, notamment par la fiction qu’il entretient d’un individu appelé à faire la preuve de ce qu’il vaut dans le cadre d’une mise en concurrence généralisée – comme si le travail n’était pas d’abord le lieu de l’activité collective, comme s’il se déployait dans le pur éther d’un rapport individuel à un réel qu’il ne s’agirait que de plier à sa volonté.
Hannah Arendt cherchait dans Condition humaine à alarmer contre les dérives d’une société où les progrès technologiques soutiennent une représentation du monde dans laquelle bien des hommes sont superflus. Ainsi, écrit-elle, au moment où l’humanité, grâce aux progrès techniques, pourrait réaliser son grand rêve : desserrer l’étau de la nécessité du labeur, ce qui est en passe d’être réalisé est le cauchemar d’« une société de travailleurs menacés d’être privés de travail ». « On ne peut rien imaginer de pire », ajoute Arendt ). Une société de travailleurs, c’est une société formée par des hommes qui ne comprennent plus ce qu’ils peuvent avoir d’important à faire ensemble, si ce n’est produire les biens nécessaires à la vie. Une société qui s’organise autour de l’idée que certains hommes sont superflus, voire encombrants, puisque les machines les remplacent. Une société qui persuade qu’au-delà des lois de l’économie ne résident que des chimères.
Le NPM est ainsi le renfort idéologique le plus puissant parce que le plus ordinaire – il n’affiche aucune option politique et se présente comme purement technique – du développement d’un mode d’organisation de la société selon lequel on n’a plus besoin de tout le monde. Selon une tout autre modalité, puisqu’il ne s’agit évidemment pas d’extermination, notre société poursuit cependant une vaine issue du totalitarisme, forme politique inouïe en ce que son cœur contient l’affirmation d’une superfluité des hommes. La fonction du nouveau management est en effet de porter à croire qu’il est nécessaire de repousser des hommes de plus en plus nombreux aux marges de la vie sociale. La banalité du mal prend aujourd’hui le visage de l’inflation évaluative des activités humaines : elle consiste à décider du sort des hommes sur la base de mesures censées évaluer objectivement la qualité de l’activité, en évacuant toute participation du jugement. Comme si les modalités humaines du vivre ensemble pouvaient relever de tels marqueurs : comme si l’exercice de la responsabilité dans la vie politique se bornait à reconnaître des nécessités économiques.
H. Arendt pointe donc dans la modernité un tropisme vers une déshumanisation de la société, qui opère par le truchement d’une représentation réductrice de l’activité, tendant à ne plus faire droit qu’à ce qui relèverait de la nécessité vitale. Mais il n’y a sous sa plume aucune fatalité. Ricœur parle de Condition humaine comme du « livre de la résistance et de la reconstruction » (Ricœur). C’est qu’à travers la distinction entre travail, œuvre et action se met en place une anthropologie qui établit le registre spécifiquement humain de l’action comme la limite du faire, c’est-à-dire de l’œuvre, entendue au sens de ce que les hommes font exister dans leur monde.
Tous droits résevés
[1] Schwartz Yves, Le paradigme ergologique ou un métier de philosophe, Toulouse, octares, 2000.La notion de politeia ne reçoit pas une définition unique ; il s’agit des droits individuels du sujet liés à la cité, aux valeurs de la démocratie.
[2] Ombredane et Faverge, L’analyse du travail : fonction d’économie humaine et de productivité, Paris, PUF, 1995.
Que se passe t-il quand les dirigeants politiques ne décident plus?
L’ ironie de la situation des décideurs politiques tient en une phrase: ils ont tout fait, le nommable et l’innommable ( passer outre au Non au Traité constitutionnel) pour une Europe technocrate et financière qui les conduits petit a petit à perdre la capacité de décider au niveau national et même international , entrainant un repli sectaire des élites, avec pour conséquence un éloignement de la vie réelle et donc un crétinisme généralisé.
Coupé du peuple, sans réel pouvoir de décision au niveau national il faut bien assoir son pouvoir sur autre chose que du vent…
Au début il fut question de mettre sur l’agenda politique les fameuses questions de société dont la société dans sa sagesse populaire se fout: mariage pout tous, le voile, la PMA, l’écriture inclusive… puis un glissement s’est produit il fut question de l’égalité homme/femme, des valeurs de la république, des violences faites aux femmes, de l ‘histoire mémorielle et donc d’affirmer une morale .
Le tour de passe passe est réalisé il ne s’agit plus pour le décideur politique de faire de la politique mais de fabriquer de la morale.
Dés lors un bon citoyen n’est plus celui qui respecte les lois mais celui qui se soumet à cette nouvelle morale qui tient lieu de politique et d’action.
Mauvais citoyen celui qui ne met pas un genou à terre devant des délinquants transformés en icone de vertu; mauvais citoyen celui qui ose dire que le féminicide n ‘existe pas mais l’homicide oui, que la colonisation appartient au passé et sert de cache sexe à toutes les démagogies, que refuser les gestes barrières n’est pas un acte de terrorisme, que le Covid c’est une grippe comme tous les covids mais qu’il permet d’assoir une soumission volontaire bien utile quand le roi est nu.