T COMME TRANQUILLE

Non on sent bien que cet homme n’est pas tranquille et qu’il ne l’est pas depuis longtemps.

A cet instant il vient de trainer à travers la Lande sur des kilomètres la belle Maureen o’ Hara afin de la rendre à son frère; suivi en cela par tout le village qui attend un combat homérique entre les deux hommes et nul ne sera déçu.

L ‘homme tranquille c’est la beauté de l’Irlande, l ‘incandescence de la promise, des trognes merveilleuses , de la cocasserie, des sentiments et une tradition et puis une des plus formidables mis en scène de la plus jouissive fight du cinéma.

Maureen souhaita mourir en écoutant la musique de L’homme Tranquille

 L’Homme Tranquille raconte l’histoire d’un retour aux sources, dans une Irlande fantasmée. Aux paysages arides de Monument Valley que Ford a imposé comme le décor emblématique du western dès La Chevauchée Fantastique, L’Homme Tranquille oppose les verdoyantes plaines irlandaises. Au lieu du shérif ou du soldat de cavalerie qui doit imposer l’ordre et la civilisation à une population sans foi ni loi, c’est le personnage de John Wayne qui doit abandonner son comportement d’Américain grossier pour se plier aux us et coutumes irlandaises.

Cette opposition n’est pas seulement une source de situations comiques, elle s’inscrit dans une dichotomie civilisationnelle. Si le village d’Inisfree abrite paisiblement un pasteur protestant et un curé catholique et que l’affrontement des deux confessions semble appartenir à un passé révolu , c’est bien du pasteur protestant que le personnage de John Wayne va immédiatement se sentir le plus proche. C’est ce même pasteur protestant, plus intéressé que ses concitoyens par ce qu’il se passe en Amérique, comme si sa religion le reliait à l’autre côté de l’Atlantique, qui révélera au spectateur l’identité américaine de Sean Thornton.

Cette identité, que le personnage lui-même rejette, est son nom de boxer, Hussard Thorn (Trooper Thorn en VO)… c’est-à-dire un pseudonyme qui renvoie aux rôles de soldat de la cavalerie .

Il y a donc un choix délibéré dans la décision de Ford de confier le rôle principal à John Wayne, de faire du Duke un personnage qui rejette la violence après avoir tué accidentellement un adversaire sur le ring.

le film tranche dans la carrière du cinéaste comme l’une de ses rares véritables comédies, dans laquelle un grain de sable suffit à dérider l’extase nostalgique du personnage, comme le remarque Joseph McBride : « comédie et drame résultent l’une et l’autre de la constante intrusion de la réalité dans ce que Sean considère comme un monde de rêve ». Cette intrusion prend ici la forme de la communauté qui considère l’amour sous un angle moins libre qu’aux États-Unis, comme une pratique sociale collective.

Le film respire une joie de vivre, un entrain bon-enfant, une énergie (directement lié à l’aspect collectif du récit) que l’on retrouve ailleurs dans sa filmographie mais de manière plus parcellaire, et qui est ici au cœur du récit, en faisant un objet profondément réjouissant.

L’Homme tranquille est ainsi tendu entre deux polarités, à l’image de son réalisateur qui semble signer son propre autoportrait : d’un côté, le conservateur attaché aux traditions, de l’autre, l’excentrique au tempérament anarchiste.

Voir, revoir l’homme tranquille c’est comme boire un chocolat chaud au cœur de l’hiver un plaid sur les genoux avec la certitude que le bonheur vous accompagne.

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Publié par faitetafaire1128

Qui suis -je ? Trop vaste question pour moi et pour vous. je suis un peu celui qui se refuse à s'en remettre aux autre sans comprendre par soi même . Je suis celui qui aime les personnes mais s attache peu au genre humain. Je suis un enfant des trains électriques, des petits cyclistes , qui allait voir décoller les avions au Bourget avec son père. Je suis un fils d'immigré républicain espagnol qui aime la France mais se désole du refus de mes contemporains d être ce que nous sommes, c est à dire une civilisation judéo chrétienne accueillante mais intransigeante sur l art de vivre à la française qui reste notre seul héritage. J aime la pensée, la philosophie , mais aussi la spiritualité qui forge les cultures. j espère que mes petites lucarnes , plus ou moins régulières- travail et ultra trail oblige- vous feront plaisir.

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