Autonomie et politique

Proposer un projet d’autonomie c’est d’abord reconnaître que l’autonomie n’est pas accomplie. Sans doute l’autonomie n’est pas à envisager comme un état à atteindre mais relève-t-elle d’un mouvement permanent. Il s’agit de dénoncer le caractère métronomique, il faut jouer là sur l’étymologie : nomos c’est la loi, auto c’est soi-même. Donc autonomie c’est : je pose moi-même la loi et hétéronomie, c’est que la loi vient d’un autre. Parler du projet d’autonomie c’est signaler que l’autonomie n’est pas véritablement accomplie et c’est aussi faire le constat de l’hétéronomie, c’est-à-dire faire le constat que les individus n’ont en général pas de prise sur leur vie réelle et que si la démocratie, c’est comme l’étymologie aussi l’indique le kratos du demos, c’est-à-dire le pouvoir du peuple, alors il faut reconnaître que nous ne vivons pas dans une démocratie mais dans ce que nomme aujourd’hui une oligarchie libérale. Le terme de démocratie peut être pris aujourd’hui à des sens multiples si bien que certains pensent qu’il n’a plus véritablement de sens.  Parler du projet d’autonomie c’est aussi affirmer le désir que cette situation d’hétéronomie, de non-autonomie cesse puisque ce que nous voulons, c’est réclamer l’autonomie. Donc nous reconnaissons que la liberté est quelque chose que nous voulons vivre et pas seulement écrire comme étant un droit que l’on pourrait considérer comme un droit fondamental.

Mais est ce que seule une pratique collective est en mesure de satisfaire ce désir puisque l’homme est un animal politique ou faut-il d’envisager la liberté uniquement de manière individuelle et de cultiver son jardin.  Rappeler d ‘emblée que l’homme est un animal politique, c’est signaler ou rappeler aussi qu’il est vain de penser l’homme hors de la société et qu’il est vain aussi de considérer que la société ne serait qu’une sorte d’agrégation d’éléments séparés, que la société serait comme les libéraux voudraient nous le faire croire, une sorte de production des interactions entre des individus qui existeraient indépendamment de la société. Il convient donc de s’opposer à cette doxa, cette idéologie libérale qui n’hésite pas encore une fois à affirmer que la société est la production des interactions entre individus qui existeraient indépendamment d’elle et qui auraient des caractéristiques quasiment naturelles. On voit bien que la société en général impose ses valeurs et en principe fait en sorte que ses valeurs ne soient jamais mises en question. Toute société est historique parce qu’elle évolue, de sorte que parler de société seulement fait problème, et Castoriadis parle plutôt de social-historique.

Social-historique, c’est un concept que Castoriadis a forgé pour expliquer qu’une société est toujours en évolution et qu’il n’y a d’histoire qu’à travers la société. Donc l’histoire véritable, c’est une histoire qui implique les hommes et les actions des individus. Le terme social-historique veut simplement signifier ce qu’on appelle ordinairement société mais il met en avant l’idée d’évolution toujours réelle de la société. Ce qu’il faut en effet percevoir, c’est que nous sommes en général, aliénés aux représentations que la société nous impose : les valeurs de la société sont posées comme allant de soi et ne sont pas remises en question. Mais avant d’en venir là, je voudrais insister sur l’importance de ces significations qui sont là pour masquer ce que Castoriadis appelle l’Abîme ou le Chaos.

Un moment de décisif, Kairos, est en train de se produire, une décomposition, un délabrement de nos valeurs instituées et de nos significations imaginaires.

Ce basculement s’est déjà produit dans le social-historique, la démocratie athénienne, le christianisme, les lumières .

 Plus près de nous Lorsque la révolution  française  institue un imaginaire radicalement diffèrent fondé sur des valeurs telles que la Loi, l égalité, la citoyenneté sous tendue par des pratiques culturelles et artistiques radicalement nouvelles de celles de l ancien régime.

Il en va de même avec le triomphe du libéralisme et du capitalisme qui s’appuie sur des créations de valeurs telles que l’individu, le progrès via une expansion illimitée , un règne de la techno science, une division du travail, la démocratie qui institue  un nouveau social historique.

Cela à donc déjà eut lieu, comme le déclin des civilisations, mais comme cette transformation radicale se déroule sous nos yeux et que nous y participons il nous emble qu’il ne s’agit que de déplacements ou d’évolution, le même mais diffèrent.

Dans la formule le monde d’avant et d’après il y quelque chose de juste, la possibilité d’un avant et d’un après ; mais ce qui est faux c’est que le Monde lui au mieux ne change pas sur ce qui le fondre entant qu’imaginaire institué ( le libéralisme capitaliste) au pire et ce n’est pas dit un autre monde émerge trans humaniste, institué sur les valeurs Woke et la Cancel culture, et le monde humaniste s’éteint.

Nous assistons a cela médusé car les forces idéologiques a l’œuvre sont immenses et diffuses et il nous reste la croyance que cela n’est qu’une mutation vers une société progressiste, plus verte.

Mais s’il ne s’agit pas d’un avatar mais d’une radicalité nouvelle qui s’institue il faut tenter d’y répondre

De fait il y a émergence de quelque chose qui n’est pas explicable. On peut dire par contre où ça s’est passé. Ça s’est passé peut-être de manière informelle, insidieuse et partielle dans certains endroits du monde, mais ça s’est passé de manière explicite en Grèce, 6 siècles avant Jésus- Christ où là, pour la première fois, pendant ce moment qui a commencé à la fin du VIIIe et qui s’est affirmé avec force jusqu’au Ve siècle avant Jésus-Christ, on a pu avoir une mise en cause des valeurs que la société propose et qui s’exprime, nous dit comme une sorte de rupture du sens. Ce qui allait de soi n’allait plus de soi. Cette rupture de la clôture du sens s’exprime par la création de la politique et de la philosophie. Cette vision tragique, on peut la voir s’exprimer de manière très très forte dans l’épopée homérique : quand Ulysse redescend au royaume des morts, il voit Achille qui est roi au royaume des morts mais Achille dit à Ulysse qu’il préfèrerait être esclave chez un petit fermier que roi au royaume des morts. C’est l’idée qu’au-delà de la vie, il n’y a rien à attendre.  Cette vision des choses a une traduction philosophique dans le questionnement sur l’Être et qui pose que l’Être n’est pas un ordre.

Le monde en lui-même, c’est l’hubris, c’est la démesure, c’est l’au-delà de l’ordre justement et c’est l’institution humaine, la politique donc, qui s’interroge sur quelle institution est la meilleure, en tout cas c’est l’institution humaine qui vient ordonner ce qui est en soi chaotique. Donc on a une vision ontologique d’un monde qui est profondément tragique et qui pose que les institutions humaines sont là pour donner un ordre à quelque chose qui n’en a pas en soi.

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Publié par faitetafaire1128

Qui suis -je ? Trop vaste question pour moi et pour vous. je suis un peu celui qui se refuse à s'en remettre aux autre sans comprendre par soi même . Je suis celui qui aime les personnes mais s attache peu au genre humain. Je suis un enfant des trains électriques, des petits cyclistes , qui allait voir décoller les avions au Bourget avec son père. Je suis un fils d'immigré républicain espagnol qui aime la France mais se désole du refus de mes contemporains d être ce que nous sommes, c est à dire une civilisation judéo chrétienne accueillante mais intransigeante sur l art de vivre à la française qui reste notre seul héritage. J aime la pensée, la philosophie , mais aussi la spiritualité qui forge les cultures. j espère que mes petites lucarnes , plus ou moins régulières- travail et ultra trail oblige- vous feront plaisir.

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