Autonomie et démocratie

Apparu dans l’antiquité grecque et, particulièrement, dans la démocratie athénienne, reformulé et enrichi, après une longue éclipse, à partir de la Renaissance et dans le mouvement des Lumières, le projet d’autonomie, affirmait Cornelius Castoriadis il y a quarante ans, est « une plante historique à la fois vivace et fragile ». Au vu des risques contemporains qui planent sur le projet d’autonomie, il importe plus que jamais de prêter attention aux processus qui conduisent les sociétés à se dessaisir de leur capacité à se donner leurs propres lois.

il est urgent de se souvenir que « ce sont les hommes qui font leur propre histoire », que l’état du monde résulte de leur action et non pas de forces économiques ou naturelles sur lesquelles ils n’auraient aucune prise, et que seule leur action, encore et toujours, peut changer la situation dans un sens désirable.

Rappelons l’étymologie – non contestée – du mot autonomie ; il provient de deux mots grecs : auto, « soi-même », et nomos, « loi » ou « règle ».

L’autonomie, exprimant la capacité des êtres humains à raisonner en conscience, à faire preuve de réflexivité et à s’autodéterminer, peut constituer la base d’une nouvelle étape démocratique. Tel est l’avis de David Held, qui consacre l’avant-dernier chapitre de son ouvrage Models of Democracy à l’autonomie démocratique, et définit ainsi le principe d’autonomie  qui devrait, selon lui, être considéré comme le fondement de la démocratie . Cornelius Castoriadis va beaucoup plus loin et fait de l’autonomie le cœur d’un projet révolutionnaire qui remet totalement en cause le pouvoir et vise à « l’auto-institution explicite de la société par l’activité collective, lucide et démocratique » . Le projet d’autonomie tel qu’il le conçoit implique de façon circulaire les individus, la société et la culture ; c’est un processus de construction culturel fondé sur la paideia, c’est-à-dire sur l’éducation et la socialisation . Il en pose les conditions dans le texte ci-dessous :

« Un véritable devenir de la sphère publique , une réappropriation du pouvoir par la collectivité, l’abolition de la division du travail politique, la circulation sans entraves de l’information politiquement pertinente, l’abolition de la bureaucratie, la décentralisation la plus extrême des décisions, le principe : pas d’exécution des décisions sans participation à la prise des décisions, la souveraineté des consommateurs, l’autogouvernement des producteurs – accompagnés d’une participation universelle aux décisions engageant la collectivité, et d’une autolimitation. » 

L ’autonomie, exprimant la capacité des êtres humains à raisonner en conscience, à faire preuve de réflexivité et à s’autodéterminer, peut constituer la base d’une nouvelle étape démocratique.

Une première interrogation surgit pour réaliser ce projet. Quelle est la nature de la soumission à l autorité ?

Il n’y a pas d’autorité sans obéissance. On parle d’obéissance quand un individu adopte un comportement prescrit par un autre individu perçu comme une source d’autorité. L’individu dominé renonce à sa liberté et donne son consentement à la volonté d’un autre qu’il considère comme supérieur.

 C’est Etienne de La Boétie qui au XVI siècle s’est particulièrement intéressé à ce phénomène qu’il a comparé à un processus de  » servitude volontaire « .

 Dans cet ouvrage, il s’interroge sur le fait que des hommes et des femmes par centaine de milliers se soumettent au pouvoir et à la tyrannie d’un seul. Par ailleurs il s’étonne que les mêmes ou certains des leurs, dans certaines circonstances puissent être prêts à mourir pour la liberté. Il en conclut que le désir de liberté existerait tout aussi bien que le désir de servitude. Alors comment expliquer que la plupart du temps, ils choisissent souvent la soumission à l’autorité.

Eugène Enriquez reprend le discours de La Boetie et pose l’hypothèse que les hommes ne veulent généralement ni la liberté, ni la soumission. Ce qu’ils veulent avant tout c’est  » simplement vivre de la manière la plus apaisante « .

 Les rapports de force et de compétition qui caractérisent la horde primitive ne constituent pas un idéal de vie. Pour vivre ensemble, les hommes doivent sortir de la violence primitive ; c’est pour la contenir que selon Freud, ils édictent des lois et des règles auxquelles ils acceptent de se soumettre pour conserver la cohésion du groupe.  » Ce faisant, ils ne sont plus assujettis à un pouvoir effrayant (celui du chef de la horde des premiers temps) mais ils se sont condamnés à obéir aux lois qu’ils se sont données et qu’ils ne peuvent enfreindre sous peine d’être exclus de la tribu, c’est à dire voués à une mort certaine. Dans une société civilisée, chacun n’a qu’un but accéder au bonheur ou tout le moins éloigner le malheur et la, souffrance. (Enriquez).

La seconde interrogation concerne la nature de la liberté de l’homme ?

 Si les hommes étaient totalement libres, il serait en réalité en rivalité permanente. Chacun cherchant à contraindre l’autre à sa jouissance comme l’a montré Sade. Il faut met de l’ordre  » dans la diversité de la vie civile  » (Hegel) pour calmer les égocentrismes primitifs.

 Finalement c’est le désir d’être en paix avec les autres qui est sans doute à la source de la soumission à un ordre supérieur représenté par l’Etat qui va créer des structures réglementaires permettant une vie sociale durable et stable. Ces structures auront pour fonction de contenir les pulsions archaïques et les angoisses qui y sont associées, c’est à dire en définitive la folie.

Les Hommes estime Enriquez  » sont plus infantiles qu’ils ne le pensent « .

Mais cette soumission n’a pas interdit des retournement historiques, des changements majeurs, des révolutions.

Un moment décisif Kairos est en train de se produire, une décomposition, un délabrement de nos valeurs instituées et de nos significations imaginaires

Ce basculement s’est déjà produit dans le social-historique, la démocratie athénienne, le christianisme, les lumières .

 Plus près de nous Lorsque la révolution  française  institue un imaginaire radicalement diffèrent fondé sur des valeurs telles que la Loi, l’égalité, la citoyenneté sous tendue par des pratiques culturelles et artistiques radicalement nouvelles de celles de l ancien régime.

Il en va de même avec le triomphe du libéralisme et du capitalisme qui s’appuie sur des créations de valeurs telles que l’individu, le progrès via une expansion illimitée , un règne de la techno science, une division du travail, la démocratie qui institue  un nouveau social historique.

Cela c’est donc déjà produit, comme le déclin des civilisations, mais comme cette transformation radicale se déroule sous nos yeux et que nous y participons il nous semble qu’il ne s’agit que de déplacements ou d’évolutions, le même mais diffèrent.

Dans la formule le monde d’avant et d’après il y quelque chose de juste, la possibilité d’un avant et d’un après ; mais ce qui est faux c’est que le Monde lui au mieux ne change pas sur ce qui le fondre entant qu’imaginaire institué ( le libéralisme capitaliste) au pire et ce n’est pas dit un autre monde émerge trans humaniste, institué sur les valeurs Woke et la Cancel culture, et le monde humaniste s’éteint.

Nous assistons à cela médusé car les forces idéologiques à l’œuvre sont immenses et diffuses et il nous reste la croyance que cela n’est qu’une mutation vers une société progressiste, plus verte.

Mais s’il ne s’agit pas d’un avatar mais d’une radicalité nouvelle qui s’institue il faut tenter d’y répondre

TOUS DROITS RÉSERVÉS

Publié par faitetafaire1128

Qui suis -je ? Trop vaste question pour moi et pour vous. je suis un peu celui qui se refuse à s'en remettre aux autre sans comprendre par soi même . Je suis celui qui aime les personnes mais s attache peu au genre humain. Je suis un enfant des trains électriques, des petits cyclistes , qui allait voir décoller les avions au Bourget avec son père. Je suis un fils d'immigré républicain espagnol qui aime la France mais se désole du refus de mes contemporains d être ce que nous sommes, c est à dire une civilisation judéo chrétienne accueillante mais intransigeante sur l art de vivre à la française qui reste notre seul héritage. J aime la pensée, la philosophie , mais aussi la spiritualité qui forge les cultures. j espère que mes petites lucarnes , plus ou moins régulières- travail et ultra trail oblige- vous feront plaisir.

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